Economie

Analyse de la cote casablancaise en 2014: L’année des paradoxes par excellence

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2014 a été une année difficile pour l’ensemble des secteurs de la cote casablancaise. Et si le premier semestre semblait prometteur, le marché financier a clôturé l’année 2014 sur une note mitigée. Ce sont donc 11 profit warnings qui se sont profilés cette année. Pour les analystes de Upline Group, c’est la contre-performance de deux secteurs (raffinage de pétrole et immobilier) qui a suffi pour occulter les réalisations de toute la cote (en l’occurrence les secteurs des banques, de l’électricité, du matériel informatique et ingénierie, etc.).

Pourtant, 48 sociétés, sur les 71 ayant publié (hors CGI en raison de son projet d’OPR, Cartier Saada qui publie à cheval et Diac Salaf), ont enregistré des revenus en hausse et 40 entreprises ont affiché un RNPG en appréciation. En ce sens, les analystes concluent que hors Samir, Addoha et Alliances, le chiffre d’affaires agrégé de la cote aurait progressé de 5,9%.

Un chiffre d’affaires consolidé très timide

Le chiffre d’affaires consolidé de l’ensemble de la cote a enregistré une croissance très limitée de 0,9%. Aussi, le revenu agrégé de l’ensemble de la cote s’est chiffré à 243,8 milliards de dirhams, plombé par deux immobilières et Samir. En ce sens, il faut noter la croissance remarquable de 50,1% du chiffre d’affaires consolidé de Taqa Morocco établi à 7,4 milliards de dirhams, en raison essentiellement de la première consolidation par intégration globale de JLEC 5&6. De même, le marché financier a connu en 2014 l’évolution de 11,6% du PNB agrégé du «Top Three» du secteur bancaire, à 45,7 milliards de dirhams, profitant à la fois de la baisse des taux obligataires et de la performance des filiales africaines, notamment pour BCP et BMCE. Cependant, le recul de 10% du chiffre d’affaires consolidé de Samir, à 44,3 milliards de dirhams, et la chute de 25,1% des revenus agrégés des deux immobilières, Addoha et Alliances, à près de 10 milliards de dirhams, ont grisé le tableau.

La masse bénéficiaire en prend un coup

En 2014 a été enregistrée une masse bénéficiaire en recul de 11,8%, grevée essentiellement par les deux secteurs en berne. Plus en détail, la masse bénéficiaire agrégée s’est dépréciée pour se chiffrer à 22,5 milliards de dirhams, plombée par trois valeurs. Il s’agit en premier de Samir, dont les résultats font état d’un déficit en consolidé de l’ordre de 2,5 milliards de dirhams.
Ensuite vient Alliances qui a réalisé un déficit de 968,7 millions de dirhams en 2014, sous le poids des difficultés du pôle construction, et enfin, on retrouve Addoha qui a affiché un RNPG en repli de 39,8%, à 1,011 milliard de dirhams.

Les banques restent en tête

Pour sa part, la répartition sectorielle des revenus a connu un renforcement du poids du secteur bancaire à 22% (contre 20% en 2013), devenant par la même occasion le premier contributeur au chiffre d’affaires consolidé. Recalé en deuxième position, le secteur du pétrole et gaz continue à contrôler 20% des revenus de la cote, suivi des télécoms (avec une contribution de 12%). Même tendance du côté opérationnel, puisque les marges d’exploitation se dégradent de 1,2 point à 21,1%, plombées essentiellement par Samir et Alliances.

A noter que hors ces deux valeurs, la marge aurait stagné aux alentours de 28%. C’est ainsi que le RNPG agrégé s’est déprécié de 11,8%, au même titre que le chiffre d’affaires. «Toutefois, il convient de relativiser cette baisse puisque la neutralisation de ces trois extrema fait basculer la croissance de la masse bénéficiaire globale en territoire positif, soit une hausse de 5,6%», relèvent les analystes de Upline Group, dans leur Snapshot 2014, titré «Année des profit warnings». Côté dividendes, la masse s’est contractée de 5,4% en 2014, à 19,8 milliards de dirhams, déterminant un taux de distribution de 84,7%. Ce dernier était de 88,6% en 2013.

En gros…

Si l’on se penche sur la rentabilité des secteurs, on peut relever une consolidation de la position des banques en tant que premier contributeur à la masse bénéficiaire avec une participation de 42%, suivies des télécoms et le BTP et matériaux de construction avec des contributions respectives de 26 et 13%. Même constat au niveau de l’analyse des contributions des secteurs à la croissance du RNPG, puisque les banques raflent la première place avec une contribution positive de 821 millions de dirhams. Dans l’autre sens, au niveau des contributeurs à la baisse, l’immobilier, le pétrole et gaz et les mines arrivent en première position.

Les bons élèves de la cote

Banques

En 2014, les banques sont parvenues à tirer leur épingle du jeu dans un contexte de montée du risque sur le marché. Le secteur a su capitaliser sur la performance exceptionnelle des activités de marché et sur la bonne tenue des activités à l’international. C’est ainsi que le PNB consolidé sectoriel s’est bonifié de 10,2%, à 52,8 milliards de dirhams, tiré principalement par l’évolution favorable des trois plus grands groupes bancaires marocains, à savoir BMCE Bank avec une hausse de 3,4 points, BCP avec 3,3 points et ATW avec 3,3 points. Notons que ces derniers ont profité de la hausse de la contribution de leur activité bancaire à l’international, notamment en Afrique, et des réalisations exceptionnelles des activités de marché suite à la baisse des taux obligataires en 2014. Dans le même sillage, le résultat brut d’exploitation du secteur affiche une progression de 13,7%, à 27,2 milliards de dirhams, porté également par la croissance des contributions de la BCP avec un apport de 5 points, BMCE Bank avec 4,5 points et ATW avec 4,2 points. Par ailleurs et compte tenu d’une montée de la contentialité à la fois au Maroc et dans quelques marchés africains, le coût du risque s’est alourdi de 50%, à 9,4 milliards de dirhams. De ce fait, à l’instar de l’exercice 2013, toutes les banques cotées ont enregistré une aggravation de leur charge du risque à l’exception du CIH qui enregistre un recul de 51,6 millions de dirhams, qui continue à puiser dans les reprises de provisions émanant de dossiers historiques.
 

Assurances

Belles performances pour les compagnies d’assurance cotées en 2014. Capitalisant sur l’allégement des tensions sur les liquidités et sur la reprise du marché action, elles ont clôturé l’exercice 2014 en beauté. Ainsi, les primes acquises nettes du secteur enregistrent une progression de 18,8%, à 11,522 milliards de dirhams, portées par les bonnes réalisations des trois contributeurs. Il est à noter que Wafa Assurance a profité de la reprise de son activité Vie qui a enregistré une croissance de son chiffre d’affaires de 7,1%. Côté rentabilité, le résultat technique a affiché une croissance de 5,7%, à 1,739 milliard de dirhams, tiré principalement par le financier en hausse de 20,3%, à 2,160 milliards de dirhams. Toutefois, cette évolution ressort moins importante que celle des primes en raison de la baisse du résultat des placements de Wafa Assurance sur le segment Vie. En effet, cette dernière a fait le choix de préserver son matelas de plus values latentes. Enfin, le RNPG du secteur ressort en amélioration de 14%, à 1,334 milliard de dirhams, porté principalement par Atlanta avec une hausse de 5,4 points et Wafa Assurance avec un bond de 5,1 points. Notons que ces deux dernières ont affiché des croissances plus importantes profitant, entre autres, de la hausse de 45% de la quote-part des sociétés mises en équivalence pour Atlanta et d’un effet d’impôt favorable pour Wafa Assurance avec un impôt théorique de 19% en 2014 contre 28% en 2013.
 

Distribution
 

Le secteur de la distribution s’en sort très bien étant donné la conjoncture qui a caractérisé l’année 2014. Il faut dire que le secteur a été contraint de faire face à une conjoncture économique caractérisée par un ralentissement de la consommation des ménages, la concurrence acharnée sur la grande distribution, le retard dans le lancement de plusieurs chantiers et une très timide progression des ventes de voitures neuves de 1%, à 122.081 unités, en dépit de la tenue du Salon auto en mai dernier. En dépit de cela, le secteur de la distribution est parvenu à afficher des agrégats financiers en amélioration. Ainsi, le chiffre d’affaires sectoriel s’est affermi de 1,7%, à 13,723 milliards de dirhams. Cette évolution est à mettre principalement à l’actif des performances commerciales réalisées par Label’Vie qui ont bondi de 9,3%, à 6,324 milliards de dirhams, soit 46,1% du total des revenus, en raison de la maturité des anciennes ouvertures et de la contribution de nouveaux magasins. De même, la progression est imputable à l’augmentation du volume d’affaires d’Auto Nejma en hausse de 9,6%, à 1,191 milliard de dirhams, sous l’effet de la hausse des ventes de ses marques (Mercedes et SsangYong). Les deux sociétés ont contribué à hauteur de 4,8 points à la croissance du revenu sectoriel. En ce sens, capitalisant sur une rationalisation des charges de fonctionnement et une évolution du volume d’affaires, le résultat d’exploitation sectoriel a progressé de 3,1% à 749,5 millions de dirhams, déterminant une marge opérationnelle sectorielle de 5,5%, contre 5,4% une année auparavant.

Les mauvais élèves de la cote

Immobilier

2014 n’a pas été l’année de l’immobilier. Dans une conjoncture sectorielle morose marquée par une baisse de 5% des mises en chantier à 297.724 unités, dont 180.082 logements économiques et sociaux, en retrait de 7% par rapport à 2013 et un recul de 5,6% des crédits immobiliers accordés aux promoteurs immobiliers à 68,6 milliards de dirhams, le secteur immobilier coté fait grise mine au titre de l’exercice 2014. Dans ce contexte, le chiffre d’affaires consolidé sectoriel s’est effiloché de 18,3%, à 11,780 milliards de dirhams. Cette contraction est attribuable, en premier lieu, à un retrait de 31,3% des revenus consolidés d’Alliances à 2,932 milliards de dirhams, liés d’une part, à la méforme de l’activité du pôle et d’autre part, à la régression du chiffre d’affaires du pôle Résidentiel et Golfique. Et, en second lieu, à un repli de plus de 2 milliards de dirhams du volume d’affaires d’Addoha, sous l’effet de la baisse du nombre des unités livrées, passant de 24.591 unités en 2013 à 17.641 logements en 2014, ce qui a engendré une régression de 5 points de la contribution du segment social dans les revenus consolidés de la société à 61%. Ainsi, sous le poids de ces contributions négatives, le résultat d’exploitation sectoriel s’est dégradé de 65,5%, à 1,325 milliard de dirhams. Aussi, la marge opérationnelle sectorielle perd 15,3 points pour s’établir à 11,3%. En conséquence, la capacité bénéficiaire sectorielle s’est dépréciée de 82,5%, à 449,4 millions de dirhams, dégageant une marge nette sectorielle de 3,8%, contre 17,8% une année auparavant.

Pétrole et gaz

Si Afriquia a eu de bons résultats cette année, l’exercice 2014 s’est avéré difficile pour le secteur, suite aux déboires de la raffinerie nationale. Après un premier semestre somme toute positif, la chute accélérée du baril a fortement sanctionné les réalisations de Samir, dégradant ainsi les agrégats du secteur et de la cote. En effet, le chiffre d’affaires agrégé affiche une baisse de 9,3%, à 47,898 milliards de dirhams, pénalisé essentiellement par Samir. Pour cette dernière, le retournement de tendance au 2ème semestre est attribuable à la forte chute du cours de pétrole, passant de 110 USD/Bbl en début juillet 2014 à 55 USD/Bbl à fin 2014. Cette situation délicate a engendré un effet variation de stock négatif de près de 3 milliards de dirhams. La société ayant subi la contrainte réglementaire de détenir un stock de sécurité (4 millions de barils, en plus d’un stock outil représentant 15 jours de ventes).  Pour sa part, le revenu consolidé d’Afriquia Gaz se maintient à 3,6 milliards de dirhams, grâce à un effet volume qui compense la baisse des prix. Dans ce contexte, le résultat d’exploitation affiche un déficit de 2,580 milliards de dirhams, contre 427,2 millions de dirhams. Outre la dépréciation des stocks, le résultat opérationnel pâtit de la dégradation de la marge de raffinage en 2014. Dans le même sillage, le résultat net agrégé se contracte à 2,118 milliards de dirhams, contre une baisse de seulement 2,8 millions de dirhams en 2013.

Mines

Grise mine pour le secteur des mines! Sur fond de baisse générale des cours des métaux, les compagnies minières accusent le coup de la conjoncture en dépit de la hausse des volumes et de l’appréciation de la parité USD/MAD. Dans ce contexte, les minières ont clôturé 2014 sur une dépréciation de leur chiffre d’affaires agrégé de 3,5%. Soulignons que la baisse du chiffre d’affaires a été atténuée par la performance de la holding Managem qui a profité d’un effet volume favorable, suite à l’entrée en service d’une nouvelle mine de cuivre. En matière de rentabilité, la marge opérationnelle du secteur atteint 17%, contre 27,6% en 2013, suite à une baisse du résultat d’exploitation de 40,6%, à 891,2 millions de dirhams. Outre la dépréciation du chiffre, cette compression du résultat d’exploitation intègre à la fois une aggravation du cash-cost de la mine d’Imiter et l’alourdissement des amortissements suite à l’entrée en service de deux unités au niveau du Groupe Managem. Dans ces conditions, la masse bénéficiaire agrégée s’est contractée de 53,1%, à 597,5 millions de dirhams. Outre l’effet de la dégradation des réalisations opérationnelles, le résultat net agrégé a été sanctionné par la non récurrence du résultat financier exceptionnel de CMT en 2013. Cependant, en dépit d’une chute de 35,7% du résultat net social agrégé à 654,4 millions de dirhams, la masse des dividendes ne s’est contractée que de 7,1%, à 779,4 millions de dirhams. Il en découle un taux de distribution en appréciation à 119,1% contre seulement 81,2% en 2013.

 

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