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Conférence de Montréal du Forum économique des Amériques : Les universités confrontées aux incertitudes de la mondialisation

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Dans un environnement mondial qui évolue à toute vitesse, difficile pour ces établissements encore largement traditionnels dans leur mode d’enseignement, d’anticiper sur le long terme, surtout que beaucoup d’observateurs montrent du doigt l’absence de véritables structures de recherche.

Retour du protectionnisme, remise en cause d’accords de libre échange… l’économie mondiale fait face à une période de grandes incertitudes. A ce contexte mondial perturbé, les établissements d’enseignement supérieur n’échappent pas. Ils sont même doublement confrontés aux incertitudes de la mondialisation, diront les participants à un panel organisé par l’Agence universitaire de la francophonie (AUF). C’était tout dernièrement, lors  de la conférence de Montréal de l’édition 2018 du Forum économique des Amériques.

Les universités sont, de fait, véritablement touchées à plusieurs niveaux par les incertitudes de la mondialisation. D’une part, à travers la transformation de leur écosystème, d’autre part, par la perte partielle du monopole de transmission du savoir sous l’effet de la digitalisation et le développement d’activités de production du savoir.

En effet, l’enseignement supérieur et la recherche sont fortement bousculés depuis des années par plusieurs phénomènes. La demande croissante pour l’enseignement supérieur, particulièrement explosive dans les pays du Sud, ainsi que la nécessité de faire évoluer le niveau de qualification dans les entreprises en sont quelques-uns. Il y a aussi l’émergence d’un marché international de l’enseignement et de la recherche qui n’existait pas il y a 30 ans et au sens duquel l’excellence académique ne sera plus le seul critère de classement des universités, ont souligné les intervenants à la rencontre. La qualité de la gouvernance, l’accès à l’emploi, la contribution aux grands enjeux sociétaux sont désormais autant d’éléments sur lesquels les universités sont aujourd’hui évaluées.

Dans un environnement mondial qui évolue à toute vitesse, difficile pour ces établissements encore largement traditionnels dans leur mode d’enseignement d’anticiper sur le long terme, surtout que beaucoup d’observateurs montrent du doigt l’absence de véritables structures de recherche.

Comment valoriser au mieux le potentiel scientifique des universités dans ce contexte particulier d’incertitudes mondiales et éviter son effritement ? Pas aisé d’assumer pleinement ces nouveaux défis que sont la qualité de l’enseignement, l’employabilité et le rôle sociétal. Monica Jiman, dirigeante de Pentalog Software Factory, entreprise implantée en Europe de l’Est, met en exergue la nécessité du renforcement de l’enseignement des nouvelles technologies. «Plus de 50% des emplois aujourd’hui nécessitent des compétences technologiques. L’utilisation de la technologie accélère la croissance et l’innovation entraîne des avantages durables», soutient-elle. L’intervenante souligne aussi que l’enseignement est désormais un processus continu car dans les dix prochaines années 60 à 70% des métiers actuels pourraient disparaître.

D’où l’intérêt d’adopter les méthodologies d’enseignement et les programmes aux nouvelles exigences du marché du travail. Un marché dans lequel les employeurs n’arrivent pas à trouver les compétences nécessaires au développement de leur entreprise, alors qu’à travers le monde plus de 71 millions de jeunes sont au chômage. D’où l’importance de multiplier de nouveaux programmes et des formations plus courtes et modulaires. A cet effet, «il est indispensable de renforcer la collaboration entre universités et entreprises pour un meilleur produit employable», indique Pierre-Marie Boisson, PDG de Solidarité (Sogesol) à Haïti.

De son côté, Anne Gaboury, PDG de développement international Desjardins, met l’accent sur la qualité d’agilité dont  doivent désormais disposer les universités. Si le sentiment d’urgence est variable d’un pays à un autre, il est indispensable que les diplômés, quel que soit leur lieu, jouissent de compétences transversales dont visiblement la liste ne cesse de s’allonger. D’où la nécessité pour les établissements d’innover pour mieux équiper leurs étudiants.

Même si l’environnement universitaire se mondialise, il semble également nécessaire de penser local.

Les établissements universitaires sont aussi le reflet de la société dans laquelle ils sont implantés respectivement et doivent donc répondre à des besoins locaux du marché.

Dans ce contexte on pourrait reprendre la célèbre phrase du sociologue français Jacques Ellul, «Penser globalement mais agir localement». En matière de formation, il apparaît aussi indispensable de penser global mais de rester connecté avec l’environnement de proximité pour contribuer aux enjeux des sociétés dans lesquelles les universités évoluent.

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