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Intelligence artificielle : Peut-on faire confiance aux algorithmes ?

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Les avancées en matière d’intelligence artificielle sont réelles. Et les chercheurs sont unanimes à dire que «d’ici 2030, 50% des emplois actuels disparaîtront et X% nouveaux emplois apparaîtront».

Le débat fut passionnant. Et pour cause, la thématique retient l’attention de toutes les populations du globe. «Faut-il faire confiance à l’intelligence artificielle ?», c’est en effet le thème de la conférence annuelle organisée par la Fondation Attijariwafa bank mardi dernier. La salle était comble. Les invités représentant des horizons de tout bord. Le président de la première banque privée, Mohamed El Kettani, en introduisant le sujet fera l’éloge d’un intervenant brillantissime qui pendant plus d’une heure expliquera les nuances de l’intelligence artificielle en remontant dans l’échelle du temps jusqu’à Euclide ! C’est en effet le professeur Rachid Guerraoui qui animera le débat et partagera ses connaissances confirmées dans le domaine. Né le 5 janvier 1967, cet informaticien et professeur à la Faculté informatique et communications de l’école polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) est connu pour ses contributions aux domaines de la programmation concurrente et du calcul distribué. Il est également titulaire de la chaire annuelle d’informatique et sciences numériques au Collège de France en 2018-2019 pour l’algorithmique répartie. Invité aux cycles de conférence mensuelle de la Fondation AWB, l’intervenant a apporté un éclairage sur une thématique qui soulève bien des interrogations sous l’effet de la genèse des algorithmes. «La transformation digitale est là et il s’agit de savoir comment saisir les opportunités liées à ces mutations tout en préservant cette humanité». Le président place la problématique dans le contexte réel. L’ère du numérique sera salutaire à la jeunesse africaine et devra contribuer à sa réussite professionnelle. De son côté, Maya Zeghari, responsable de l’Initiative digitalisation et process au sein de la direction de la transformation du Groupe AWB, mettra l’accent sur les bénéfices de l’intelligence artificielle, notamment dans l’amélioration de la vie des handicapés moteurs, le développement des villes intelligentes et l’optimisation des politiques publiques. L’experte rappellera les inquiétudes suscitées aussi par une telle avancée. Disparition de certains métiers, manipulation génétique, fabrication d’armes illicites et problèmes de protection des données justifient aisément un tel ressenti.

Retenant ce contexte, Pr Guerraoui préférera utiliser le terme algorithme. Et définira au passage «l’intelligence artificielle comme étant la capacité d’un algorithme à résoudre par une machine un problème que seuls les humains pensaient faire». Et pour démystifier la thématique, des exemples concrets ont permis une meilleure compréhension du sujet. Dans la reproduction des tableaux de Rembrandt, par exemple, qui a pu être réalisée en 2016 par le biais d’algorithmes, les spécialistes ont été incapables de détecter le faux de l’art ! La puissance des algorithmes reposent sur les systèmes informatiques. Le professeur citera, au passage, la puissance des sites Google, Amazon, Facebook et Microsoft qui repose sur des algorithmes.

Les avancées en matière d’intelligence artificielle sont réelles. Et les chercheurs sont unanimes à dire que «d’ici 2030, 50% des emplois actuels disparaîtront et X% nouveaux emplois apparaîtront». Si l’humanité fait confiance aux algorithmes, des véhicules autonomes pourront être envisagés. Au niveau de la santé, les algorithmes sont déterminants dans l’identification de mélanome par exemple. Les plus brillants des spécialistes pouvant passer à côté. Rachid Guerraoui usera toujours du conditionnel pour insister sur le caractère probable. Une étude a révélé, par ailleurs, qu’«un tiers des Européens se verrait bien gouverner par des algorithmes»… Mais à la question précise : «Peut-on faire confiance aux algorithmes ?» La réponse de l’expert est clairement non. Des exemples corroborent la réponse, à savoir la destruction d’Ariane 5, le Boeing Max, les millions de dollars évaporés chez les sociétés grecques en laps de quelques secondes. Si l’algorithme peut paraître juste, le désastre peut survenir à tout moment en cas de non synchronisation des machines…

Toujours est-il que quand elle est utilisée avec précaution, l’intelligence artificielle aide. C’est le cas, lors du terrible incendie qui a partiellement détruit l’Eglise Notre Dame de Paris, le premier pompier était un robot muni d’une caméra. L’informaticien multipliera les exemples et fera des retours vers l’histoire jusqu’à Al Khawarizmi qui a découvert l’Algèbre pour rappeler l’évolution en la matière. Dans le domaine de la finance, l’intelligence artificielle a créé en 2008 la monnaie virtuelle Nakamoto. 20 millions de dollars ont été sur les marchés internationaux. Le Bitcoin est désormais connu chez les banquiers et engendre une consommation d’énergie énorme. Au Maroc, la monnaie virtuelle est toujours interdite comme mode de paiement. Les risques sont réels. On en conviendra.

En définitive, Rachid Guerraoui conclura que «l’humanité ne peut pas faire totalement confiance aux algorithmes mais cette dernière peut être mesurée à condition de maîtriser l’information sous-jacente» Mme Zeghari rappellera que le Maroc a consenti une enveloppe budgétaire de 50 MDH le 16 mars dernier pour lancer un appel à projet qui permettrait de créer des émules dans le domaine de l’intelligence artificielle.

Sur le plan international, une charte d’éthique est en cours de préparation dans les antres des Nations Unies pour mettre les garde-fous nécessaires à une telle phosphorescence. L’expert aura répondu à la seconde partie de la question du président de la banque. La boucle est bouclée.

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