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Santé mentale du personnel médical : Une cellule psychologique mise en place pour les équipes soignantes

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La discussion de vive voix entre les collègues est aussi une ferme recommandation de l’OMS. Les responsables des équipes devront aussi y veiller et ne pas se contenter d’écrits.

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Face à l’évolution rapide de l’épidémie, une cellule de crise psychologique pour le corps médical a été constituée. La trentaine de psychologues et psychiatres est, désormais, disponible à travers les canaux WhatsApp, Skype et téléphone, selon une procédure claire pour éviter les goulots d’étranglement. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé a transmis ses recommandations. Les détails.

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Le 12 mars dernier, alors que l’épidémie du Covid-19 à travers le monde se transformait en pandémie, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) diffusait les recommandations sur la santé mentale et les considérations psychosociales.
Particulièrement, en direction du personnel médical, la prise en charge du mental s’impose après que le nombre de cas a grimpé et que la saturation des hôpitaux commençait à se faire sentir.
Au Maroc, avec l’accélération de l’épidémie, le stress et la fatigue chez le corps médical sont réels. Les médecins qui sont au front depuis le départ le vivent, chacun à sa manière.
De l’avis du Pr Marhoum El Filali Kamal, chef de service des maladies infectieuses au sein du CHU (Centre Hospitalier Universitaire) Ibn Rochd Casablanca, «c’est justement l’une des choses les plus difficiles. Le personnel soignant doit s’occuper de patients malades. La crainte est là mais c’est leur rôle car il représente le maillon nécessaire contre la propagation de cette maladie. Il faut qu’il tienne. Et là il y a différents moyens. Déjà au sein des équipes, les personnes essaient de se donner du courage les uns les autres.

Il existe une cellule de soutien psychologique qui a proposé son service pour celles d’entre elles qui sont à bout et qui ont du mal à faire face à la situation. A mon avis, tout un chacun dispose de moyens pour tenir. Bien sûr, les réunions, les staffs que nous effectuons sont organisés aussi pour essayer de partager les expériences, de partager les phobies également et d’essayer de se soutenir. Il faut passer par là. Et il faut que les personnes continuent à travailler malgré toutes les difficultés qui font aujourd’hui le quotidien du soignant».
La cellule de crise psychologique destinée au corps médical est constituée d’une trentaine de praticiens résidant dans les principales villes du Royaume. Les consultations s’effectuant soit par Skype, soit par WhatsApp ou téléphone ; le choix du psychologue ou psychiatre ne dépendant pas de la ville. La procédure a été mise en place. Une personne du corps médical souhaitant un soutien moral devra simplement envoyer un message avec le nom complet, la définition de son poste au sein de l’équipe soignante.

Le psychologue définira alors le canal de communication. La procédure a ainsi été mise en place pour ne pas saturer les lignes téléphoniques.
A l’échelon mondial, l’OMS, à travers ses recommandations, précisera bien que le stress dans une telle situation est normal et ne représente aucune faiblesse des uns et des autres faisant partie des équipes soignantes. «Essayez de prendre soin de vous particulièrement en ce moment. Voici par exemple quelques actions visant à vous ménager : essayer d’avoir au moins du répit, sinon quelques vraies pauses de travail ; manger équilibré et en quantité suffisante; maintenir une activité physique pour réduire le stress, garder contact avec votre famille et vos amis. (…) N’hésitez pas à utiliser des techniques de gestion du stress qui marchent sur vous. Cette situation est sans précédent pour la plupart des professionnels : ce n’est pas un sprint, c’est un marathon», lit-on sur la traduction libre.
L’OMS recommande au personnel médical qui a un entourage qui stigmatise la situation ; rendant sa vie difficile à vivre, de limiter les contacts avec les proches dans ce cas et de les restreindre aux réseaux sociaux et au téléphone. En parler avec des collègues qui vivent la même chose est aussi préconisé par l’instance.
La discussion de vive voix entre les collègues est aussi une ferme recommandation de l’OMS. Les responsables des équipes devront aussi y veiller et ne pas se contenter d’écrits. Il s’agira, en effet, d’humaniser le travail au maximum pour se soutenir mutuellement.

Pour l’heure, les prochains jours seront décisifs quant à l’évolution de l’épidémie sur le territoire national. De plus en plus de personnes évoluant dans le corps médical seront de plus en plus contraintes de vivre seules dans un hôtel, principalement pour éviter les allers et venues… A l’instar de ce qui se passe à l’étranger, des chambres d’hôtels ont été mises à leur disposition dans 11 villes du Royaume. De son côté, le Pr Marhoum Filali affirme que «dans le cas du service qu’il gère, ce n’est pas encore d’actualité parce qu’il n’y a pas encore beaucoup de cas hospitalisés. Le risque est relativement faible. Il faut prendre tout de même les précautions d’usage et bien sûr à chaque fois que l’on a travaillé sur un patient d’utiliser toutes les barrières de protection. Si les choses s’aggravent, il se pourrait que l’on soit obligé de rester sur place pour faire face. Cela permettra de réduire les risques dus aux va-et-vient des personnes potentiellement porteuses du virus. C’est une étape à laquelle personne n’a envie d’arriver parce qu’être loin de la maison et de sa famille a aussi des répercussions sur le plan psychologique et on sait déjà que c’est difficile de travailler sur de telles pathologies. Si en plus on est loin de sa famille, cela risque d’être intolérable. Nous l’éviterons autant que faire se peut mais si on doit être séparé, eh bien on sera séparé le temps qu’il faudra».
Là aussi, le Maroc entend suivre les recommandations de l’OMS. Il est clair que les conditions de travail, les effectifs, le nombre de cas influenceront le mental dans un sens ou un autre.

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