Automobile

Reportage, pièces de rechange de voitures : Quand MRE et ferrailleurs font bon ménage…

© D.R

Quoi de mieux que la ferraille de Sbata (Salmia) à Casablanca pour se procurer des pièces de rechange utilisées mais bon marché ? De la plus petite vis à l’organe mécanique le plus complexe, des marques les plus anciennes aux derniers cris haut de gamme, on y retrouve un peu de tout. Nous y avons passé une journée, et le moins que l’on puisse dire c’est que l’endroit connaît une frénésie bien particulière en cette période estivale. Pourquoi ? Parce qu’il regorge de Marocains résidant à l’étranger venus écouler leurs voitures à la ferraille de Casablanca. «Je cherche un ferrailleur pour racheter ma voiture. Cela me permettra d’un côté d’amortir une partie des frais de mon séjour au Maroc, mais aussi de me débarrasser de mon véhicule qui me coûtera beaucoup trop cher à remettre en l’état pour le faire passer le contrôle technique en France», explique ce MRE natif de Derb Sultan.  

Rien ne se perd, tout se transforme !

Avant de poursuivre, plantons un peu le décor. Les rues de la ferraille sont boueuses et maculées d’huile de moteur. C’est une véritable caverne d’Ali Baba qui s’offre à notre vue, avec des parties de carrosserie de différents types de véhicules ainsi que de nombreuses pièces d’un volume imposant entassées ça et là dans le désordre le plus complet. Jantes, pneus, pièces de carrosseries, salons de voitures… tout semble à portée de main à première vue. Pourtant rien n’échappe à l’œil vigilant des ferrailleurs qui, installés sur de vieux coussins de voitures, scrutent nos moindres mouvements et gestes depuis leurs échoppes. Quand on y pense, la ferraille c’est aussi un excellent moyen pour recycler les pièces usagées. C’est un secteur qui fait vivre pas moins de 9.000 personnes selon les ferrailleurs de Sbata. Idéale pour les collectionneurs de voitures, c’est la meilleure solution pour se procurer des organes mécaniques qui ne sont plus fabriqués. Autre avantage, une casse a aussi une utilité écologique, puisque toutes les parties d’un véhicule sont récupérables. Même un moteur en panne contient des parties encore fonctionnelles et tout ce qui ne peut être recyclé sera revendu au «kilo» par la suite. Durant notre petit périple, nous avons eu droit aux bruits métalliques de marteaux et de meuleuses travaillant les épaves de voitures, mais aussi aux nombreux cris des intermédiaires postés devant l’entrée de la ferraille à côté de nombreux MRE. Si ces derniers ont stationné en masse leurs véhicules au soleil, c’est pour négocier leur prix de vente auprès des ferrailleurs.


 

Découragés par le durcissement des conditions de dédouanement ? Que nenni !

Depuis 2012, les conditions de dédouanement de véhicules étrangers, déjà draconiennes, ont été davantage durcies. Malgré tout, cela n’a guère découragé les ferrailleurs à continuer de se procurer davantage de voitures auprès des MRE. «Plusieurs moyens permettent de s’adapter aux lois en vigueur», nous explique Toufik, un ferrailleur. Et d’ajouter que «si l’actuelle loi prévoit que le véhicule soit âgé de moins de 5 ans, alors nous nous procurons auprès des MRE des véhicules qui se situent dans cette limite d’âge. Nous les dédouanons avant de les désosser et de les vendre ensuite en pièces détachées». Il faut dire que malgré les prix de dédouanement stratosphériques, les ferrailleurs arrivent quand même à se faire une marge suffisante en se payant sur la «masse» des pièces vendues. «Une voiture contient en moyenne plus d’une centaine de pièces revendables, en plus du moteur. Quand toutes les pièces vendables sont écoulées, on procède au découpage du châssis de la voiture qui, lui même, est revendu au kilo pour être fondu», poursuit Toufik. Certains MRE peuvent même proposer, moyennant une contrepartie financière, de prélever sur leurs véhicules certaines pièces mécaniques qui seront remplacées par d’autres plus anciennes ou plus usées, mais qui permettront encore au véhicule de rouler jusqu’aux conclaves de Sebta ou de Mellilia, avant d’être abandonné sur un parking après être sorti du Maroc.

Partager une épave ? Oui c’est possible !

En se promenant dans les dédales de la ferraille de Sbata, il n’est pas rare de se retrouver face à des «moitiés» de voitures ou à des véhicules «découpés» symétriquement en deux parties ! Interloqués, nous posons la question à notre ferrailleur qui nous répond qu’il s’agit là d’une technique utilisée pour venir à bout des prix élevés de dédouanement. Cette astuce consiste à ce que deux ferrailleurs s’associent financièrement pour acheter un véhicule auprès d’un MRE et en supporter les frais de dédouanement. Le véhicule est ensuite découpé en deux morceaux partagés entre les deux ferrailleurs. «Cela revient à moins cher et convient à tout le monde !», explique-t-on à la ferraille de Sbata. Il faut dire que malgré la rude concurrence qui sévit entre les ferrailleurs, ces derniers travaillent souvent entre eux en bonne intelligence. Un autre moyen de venir à bout des prix exorbitants de dédouanement est aussi de se procurer des véhicules appartenant à des MRE mais accidentés au Maroc et qui ne sont donc plus roulants. Les ferrailleurs les acquièrent pour une bouchée de pain auprès de leurs propriétaires MRE, pressés de s’en débarrasser et ayant déjà été remboursés par leurs assurances. Les ferrailleurs les dédouanent ensuite en tant qu’épaves non roulantes à un prix beaucoup moins élevé, avant de récupérer les pièces encore valables dessus pour les proposer à la vente.

MRE, des «mules» pour les pièces mécaniques ?

La technique la plus commune utilisée par les ferrailleurs pour ravitailler leurs stocks de pièces détachées est encore d’entrer en contact avec un ferrailleur basé à l’étranger. Moyennant une somme convenue, celui-ci leur envoie un chargement de pièces détachées usagées dans un conteneur qui est ensuite ouvert au Maroc, avant d’être trié et vendu au détail. Mais au-delà de cette technique très usitée, certains MRE peuvent ramener directement des pièces détachées de l’étranger dans leurs fourgons lorsqu’ils rentrent au pays, pour les revendre aux ferrailleurs.

Ces dernières années, l’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) s’attaque avec plus d’energie au transport de marchandises en provenance de l’étranger qui souvent constitue un trafic lucratif pour les Résidents marocains à l’étranger qui rentrent au pays avec des camionnettes suchargées d’organes mécaniques de tous genres. Selon l’Administration douanière, «ces pièces de rechange sont un manque à gagner pour l’Etat, puisqu’il s’agit d’une concurrence indirecte aux vendeurs patentés au Maroc. De plus, elles sont souvent de mauvaise qualité car déjà utilisées. Les plaquettes de freins ou les pneus passés en contrebande par exemple constituent un véritable danger».

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