Economie

Lahcen Haddad: Nous avons un bon produit, un peuple accueillant et une culture hospitalière

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ALM : Après Madrid, vous avez fait Milan, Paris et prochainement Berlin. Qu’est-ce qui explique ce regain d’activité du ministre à l’international ?

Lahcen Haddad : Mon action se justifie tout naturellement à l’international car les prescripteurs et les touristes se trouvent en grande partie à l’international. Sans compter que l’actualité de ces derniers mois ne laisse pas place à l’improvisation. Nous avons un important travail de prospection à faire pour rassurer l’opinion internationale sur le Maroc, sur ses bases politiques, sur la sécurité du pays… Ceux qui connaissent le Maroc savent que nous n’avons rien à voir avec ce qui se passe dans d’autres pays. Il est bon de le rappeler. Et les prescripteurs et journalistes étrangers sont très sensibles à cette approche. Ils nous ont d’ailleurs tous témoigné leur soutien. Madrid, Milan, Paris ont ainsi été des voyages très productifs non seulement pour notre tourisme mais également pour l’image du pays.

Que représentent l’Espagne et l’Italie pour la destination Maroc ?

L’Espagne est le deuxième marché pour nous. C’est un marché de près de 2 millions de touristes. À Moyen terme, nous espérons atteindre 2,5 millions d’arrivées et 3 millions à long terme. Nous sommes présents sur trois bassins importants en Espagne: à Madrid, Barcelone et l’Andalousie. Nous voulons maintenant être présents sur d’autres bassins de croissance comme le Pays Basque, la Galicie et Asturias. Au niveau de l’aérien, les connexions s’améliorent surtout vers Marrakech, Fès et Casablanca. Mais nous devons faire encore mieux surtout vers Ouarzazate, le Sud marocain, Tanger et Rabat.  Il y a aussi la proximité géographique, donc les routes et les voies maritimes sont également des moyens d’attirer les Espagnols surtout du sud de l’Espagne. Pour ce qui est de l’Italie, nous progressons sur ce marché. Nous sommes à plus de 400.000 arrivées. Les dessertes aériennes entre le Maroc et l’Italie sont bonnes mais il faut qu’on fasse mieux à partir du centre et du sud de l’Italie comme Naples, Bari et Palerme. Nous devons également travailler sur le produit méditerranéen et intéresser les tour-opérateurs à ce produit particulièrement Saïdia, Al Hoceïma et Tamuda Bay, en plus, bien sûr, de Marrakech et Agadir. Notre objectif est d’arriver à 600.000 italiens dans un avenir proche et peut-être 800.000 dans un avenir proche.

L’Allemagne est le premier marché de l’Europe. Est ce que le Maroc est bien présent sur ce marché ?

Nous sommes très présents en Allemagne mais nous pouvons toujours mieux faire. Nous devons arriver rapidement à 1 million d’arrivées allemandes. Il faut pour cela nous concentrer sur les plus importants bassins émetteurs en Allemagne à travers des plans de communication, le développement de l’aérien et un travail avec les tour-opérateurs dans les régions. Nous espérons également avoir des T.O marocains installés en Allemagne pour booster l’activité. Nous avons cette année enregistré plusieurs ouvertures de lignes à partir de l’Allemagne sur Marrakech. Il y a un intérêt grandissant des Allemands pour Marrakech. Nous devons consolider cet engouement, tout en repositionnant Agadir qui doit redevenir la destination privilégiée des Allemands.

Comment se comporte le marché français au vu des récentes baisses de flux de touristes vers le Maroc ?

Il y a une baisse certes, mais la situation est loin d’être alarmante. Nous sommes pour le mois de janvier à peu près à -14% des arrivées du marché français par rapport à l’année dernière. Mais en même temps, nous enregistrons une forte augmentation des marchés britannique et allemand, soit +11 et +16%. Donc tout est relatif. Il y a eu forcément des reports ou des annulations après les attentats de Paris mais maintenant la situation est en train de se rétablir progressivement et nous sommes en train de mener toutes les actions qui s’imposent en matière de communication et de promotion pour récupérer les parts de marchés perdues.

Qu’avez-vous dit aux médias européens ? Quels messages vous véhiculez en ces moments ?
Les messages sont clairs. Le Maroc est un pays de tolérance et de cohabitation entre religions, cultures et traditions. Un pays multiculturel et multilingue qui s’est doté, à la faveur de son évolution démographique, d’une Constitution d’avant-garde garantissant la bonne gestion de la diversité et l’ouverture aux autres cultures. C’est important de le dire et le répéter en ces temps de crise et d’insécurité.

Quel est votre message aux Marocains, professionnels et grand public ?

Aux Marocains, je dirais soyez fiers de votre pays, soyez fiers de votre patrie, aidez votre pays à se hisser vers l’excellence. Nous avons l’habitude de nous autoflageller comme si nous n’étions pas à la hauteur, alors que les indicateurs et les taux de satisfaction et de retour prouvent que nous avons un bon produit, un peuple accueillant et une culture hospitalière. Aux professionnels du tourisme, je dirais que nous sommes là pour les accompagner dans leurs démarches et pour leur faciliter leurs actions. Mais il faut qu’ils se mobilisent pour aller investir les marchés où il y a un fort potentiel de croissance. C’est à eux de mener l’action. Quant à nous, nous sommes là pour les accompagner et les appuyer.

Où en est-on par rapport à la stratégie 2020 ?

Contrairement à ce que pensent certains, la Vision 2020 avance bien. Je suis confiant. Nous avons créé 30 mille lits depuis mon arrivée en 2012 et 50.000 emplois.  Les marques territoires comme Cap Nord ou Maroc Centre sont en train d’émerger… Les contrats programmes régionaux enregistrent un bon taux de réalisation. La Haute autorité du tourisme va voir le jour très prochainement, le mois prochain vraisemblablement.

En matière d’aérien, nous progressons à +10% chaque année pour ce qui est du nombre de rotations. Au niveau du Plan Azur, les choses commencent à bouger. A Taghazout le golf et un hôtel sont terminés. Les autres hôtels sont en construction.  A Saidia, deux autres hôtels sont en construction. Donc les choses avancent. Toutes ces avancées sont des signaux forts pour le secteur.
 

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