Chose promise chose due. Le projet tant défendu par les industriels en énergie solaire voit finalement le jour. L’Agence marocaine de l’énergie solaire (MASEN) a lancé, lundi à Casablanca, le premier Cluster solaire conformément aux dispositions de la stratégie énergétique du Royaume. La célébration fut en grande pompe et ce en présence de grandes personnalités représentant à la fois le secteur énergétique et industriel.
Le nouveau-né vient donc renforcer les actions menées dans le cadre du Plan solaire Noor. «Grâce aux partenariats de qualité, le projet Noor évolue très favorablement. Nous disposons aujourd’hui d’une carte d’exécution assez claire et précise comme nous agençons tous les ingrédients pour améliorer la visibilité des entreprises partenaires, notamment les entités marocaines», souligne dans ce sens Mustapha Bakkoury, président du directoire de MASEN.
Le Cluster solaire est avant tout le fruit de partenariat entre les fédérations professionnelles et les établissements académiques d’enseignement et de recherche. La finalité étant de fédérer toutes les volontés et forces exécutives en vue d’approfondir les synergies entre les acteurs du secteur et par conséquent de favoriser l’émergence d’une filière industrielle solaire compétitive au Maroc.
S’exprimant à cet égard, M. Bakkoury indique que «le Cluster se veut un cadre flexible où tout acteur apportera sa contribution.
Nous sommes actuellement en train de structurer les canaux de travail de manière intelligente reposant sur un esprit compétitif à long terme». Organisé sous forme d’association à but non lucratif, le Cluster solaire aura pour mission de définir une vision et un plan d’action collaboratifs permettant le renforcement des capacités et des compétences industrielles, et ce dans l’ambition de développer des applications valorisant l’énergie solaire. Ce regroupement constitue, en effet, un mode efficace de stimulation de projets à fort contenu innovant.
Ceci se concrétise via l’implication des différents acteurs au développement de projets à grande portée en recherche et développement. Ainsi, entreprises, centres de formation et unités de recherche œuvreront de concert à innover dans des niches thématiques identifiées et créer un environnement technologique à la pointe du développement énergétique mondial. Compte tenu de cet enjeu, le Cluster solaire jouera un grand rôle dans l’émergence d’expertises et compétences marocaines orientant ainsi la chaîne de valeur autour de la valorisation des ressources solaires.
A cet égard, M. Bakkoury assure avoir identifié plusieurs profils au Maroc comme à l’étranger ayant pour intérêt les problématiques concrètes liées au stockage, à l’intégration aux réseaux et aux matériels utilisés. «L’étude de ces volets contribuera à la maîtrise des coûts d’investissement et à l’amélioration de la compétitivité du secteur de l’énergie solaire», précise M. Bakkoury.
De par son aspect technologique, le Cluster solaire répond également aux axes majeurs de la stratégie «Maroc Innovation» prônant l’éclosion d’écosystèmes industriels basés sur la composante innovation.
Ils ont dit…
Une cadence accélérée pour le solaire et l’éolien
Pour Ali Fassi Fihri, président du conseil de surveillance de Masen, «le lancement de ce Cluster est une étape importante dans le développement énergétique du Maroc». Ce développement prend un rythme accéléré depuis son lancement. A cet égard, Ali Fassi Fihri confie que les plans solaire et éolien devront porter leurs fruits avant la fin de la décennie. Le Cluster mis en relief vient donc confirmer cette dynamique.
Ainsi, un nouveau modèle marocain en matière énergétique voit le jour reposant sur des piliers innovants, ambitieux et tournés vers l’avenir. «Cette dynamisation du tissu industriel ne peut être que le fruit d’une collaboration étroite entre les différentes parties prenantes, notamment les partenaires internationaux qui nous font bénéficier de leurs expériences et savoir-faire», explique dans ce sens le directeur général de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), tout en saluant l’Allemagne, l’un des pays pionniers dans ce domaine et qui, selon M. Fassi Fihri, n’a ménagé aucun effort pour accompagner le Maroc dans son aventure énergétique.
Vers des entreprises industrielles compétitives
«La mise en place de ce Cluster traduit la dynamique enclenchée autour du secteur énergétique au Maroc et l’esprit fort de partenariat public-privé qui y préside». C’est en ces termes que Miriem Bensalah-Chaqroun, présidente de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a commenté le lancement du Cluster solaire. Dans son intervention, Mme Bensalah a indiqué que «ce nouveau projet représente une plate-forme pour opérationnaliser les plans d’actions et les mesures prises en place pour renforcer la compétitivité des entreprises nationales quelle que soit leur forme ou leur taille».
Le patronat est un partenaire incontournable dans la mise en œuvre du Cluster. Ledit projet prévoit un soutien aux entreprises y compris les PME pour une coopération transversale axée sur l’innovation dans le domaine des technologies solaires avec d’autres institutions. Masen a procédé au préalable à l’identification d’une cartographie des entreprises nationales ayant un potentiel dans les technologies solaires. Un annuaire sera constitué dans ce sens identifier les entités marocaines pouvant pour délivrer des produits ou services dans l’industrie solaire.
Le Maroc corrige sa vulnérabilité en matière d’énergie
Grand absent de l’événement, Abdelkader Aâmara, ministre de l’énergie, a souligné dans une allocution lue en son nom, que «la réalisation des Clusters dans le domaine des énergies renouvelables, notamment solaires et éoliennes, devra permettre au Royaume de développer des filières locales compétitives et de se positionner parmi les leaders dans ce domaine au niveau régional, plus particulièrement en Afrique». Et de préciser qu’ «à travers ses programmes solaire, éolien et hydraulique, le Maroc vise à corriger sa vulnérabilité, mais également assurer une intégration industrielle progressive». Le ministre a, par ailleurs, mis l’accent sur le volet recherche et développement. Ce volet gagne, selon M. Aâmara, progressivement en maturité au niveau des universités et les instituts de recherche, en vue de donner une forte impulsion à l’innovation technologique. Ces structures de recherches nationales devraient œuvrer ensemble pour la mise en réseau de leurs capacités de R&D sur des thèmes ciblés, notamment liés à l’industrialisation de solutions et de filières technologiques innovantes, pour l’accompagnement des projets intégrés solaire et éolien dans ces domaines.
De nouveaux challenges à relever pour l’industrie nationale Premier défendeur des écosystèmes performants, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’industrie, s’est félicité pour sa part du lancement du Cluster solaire. Le ministre a affirmé dans ce sens que «les énergies renouvelables présentent plusieurs avantages pour le Maroc aussi bien en termes de sécurité énergétique, de réduction des émissions de gaz à effet de serre qu’en termes de retombées économiques et de création d’emplois, un des éléments moteurs des stratégies nationales de développement sectorielles». Moulay Hafid Elalamy a fait savoir qu’une nouvelle industrie va émerger donnant naissance à des métiers d’avenir pour le Royaume. «Les opportunités d’affaires dans ce secteur sont multiples et les synergies avec d’autres secteurs sont tout aussi importantes», explique-t-il. Précisant que «le challenge actuel à relever réside dans la construction d’un secteur national des énergies renouvelables couvrant toutes ses facettes y compris une composante industrielle compétitive». Notons que la construction des centres solaires et parcs éoliens nationaux représentera, dès 2016, un marché annuel additionnel pour la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME) de l’ordre de 2,4 milliards de dirhams. |
