Société

Égalité du genre : Le Maroc à la traîne

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Décidément, le Maroc n’arrive toujours pas à rattraper le retard en termes d’égalité du genre. Les classements mondiaux et régionaux démontrent clairement la contre-performance du Royaume en la matière. Le dernier en date , l’indice de l’égalité du genre en Afrique, élaboré pour la première fois par la Banque africaine de développement (BAD).

Les résultats dévoilés, à l’occasion du  50ème anniversaire de la BAD, mettent le Maroc loin des dix meilleures performances aussi bien en termes d’opportunités économiques, de développement humain ou des lois et institutions.

C’est sur la base de ces trois indicateurs que la BAD mesure les inégalités et identifie, par ailleurs, les domaines dans lesquels des changements pourraient apporter une vraie différence pour la femme africaine. Pour un score global de 52,9 points, le Maroc se situe en 26ème position. Il est largement devancé par la Tunisie et l’Algérie qui sur une échelle de 52 pays figurent en 17ème et 21ème rang, soit des indices globaux respectifs de 60,4 et 57,6 points. L’Égypte, pour sa part, atterrit en 35ème place totalisant un indice global d’égalité du genre de l’ordre de 49,3 points.

La tête du classement est partagée par l’Afrique du Sud, le Rwanda et la Namibie. En commentant ce Top 3, la BAD révèle que l’Afrique du Sud «détient l’un des meilleurs taux d’égalité du genre en Afrique pour l’emploi salarié, hors agriculture». Le Rwanda est, pour sa part, qualifié de «premier, voire l’unique pays au monde dans lequel plus de la moitié des parlementaires sont des femmes». Quant à la Namibie, le pays dispose d’une des rares Constitutions à utiliser un langage neutre. Elle garantit, dans ce sens, l’égalité devant la loi et le droit à la non-discrimination sur la base du genre.

En termes d’opportunités économiques, la BAD cherche à travers cet indicateur à identifier l’écart existant entre les hommes et les femmes dans la participation à la force du travail, les salaires et revenus, la propriété des entreprises et l’accès aux services financiers. Sur cette base, les hommes et femmes jouissent d’opportunités économiques égales au Malawi (1er rang) qui, pour augmenter la productivité des femmes rurales, a amélioré leur accès à la formation, à l’information, aux intrants et aux services agricoles. La Tanzanie détient l’un des meilleurs taux de participation du travail féminin en Afrique. Le bilan est fade pour le Maroc. L’indice de la BAD classe le Royaume parmi les pays où les disparités économiques sévissent entre genre. Le classement relatif à cet indicateur place le Maroc en 48ème position au moment où la Tunisie et l’Algérie occupent respectivement la 34ème et la 46ème place.

En se basant sur les taux d’alphabétisation, de scolarisation ainsi que les éléments de santé reproductive, l’Algérie et l’Égypte figurent parmi les dix meilleures performances africaines en développement humain. C’est loin d’être le cas pour le Maroc qui malgré une forte égalité du genre sur ce volet, il campe à la 13ème position sur le plan africain totalisant un indice de 79 points. L’Ile Maurice arrive en tête du classement, suivie de la Tunisie et de l’Afrique du Sud.
En évaluant l’égalité des hommes et des femmes au regard des lois et des institutions, le Maroc décroche la 26ème place.

La Tunisie et l’Égypte ont atteint la 33ème et la 45ème place. Sur cet indicateur, l’Ile Maurice s’est bien illustrée (1ère place). Le pays a récemment voté une loi sur l’égalité des chances qui interdit la discrimination directe ou indirecte dans l’emploi, le recrutement, les services publics et l’éducation. Le Rwanda, 2ème performance en termes de loi et institutions, a garanti les droits fonciers égaux entre les époux, au moment où l’Angola dispose de très peu de barrières légales à l’entrepreneuriat féminin.

Pour une autonomisation de la femme africaine

Autonomiser la femme africaine, tel est l’objectif de la Banque africaine de développement. Le but étant d’instaurer la parité des genres en Afrique, garantissant ainsi une croissance inclusive et résiliente. Une nouvelle stratégie du genre se révèle, au niveau de l’institution financière, en vue d’amener les femmes et les hommes à contribuer conjointement au développement social et économique et surtout à en bénéficier.

«Notre vision est de susciter un dialogue et un débat franc sur l’égalité des genres aux niveaux national et régional. Nous espérons également que l’indice permettra d’enrichir et d’informer les débats au niveau mondial chaque fois que le développement de l’Afrique est à l’ordre du jour», souligne dans le rapport Geraldine J. Fraser-Moleketi, envoyée spéciale sur le genre à la Banque africaine de développement.

Le plan d’action de la BAD en faveur de la femme africaine vient donc apporter des réponses concrètes aux décideurs politiques et économistes de la région pour lever les barrières qui empêchent les femmes de contribuer pleinement au développement du continent. Les résultats de l’indice sur l’égalité du genre en Afrique permettront, en revanche, à la BAD d’améliorer sa prise de décisions d’investissement afin que les programmes engagés aient un impact optimal sur la vie et le bien-être de la population africaine.

Huit domaines primordiaux identifiés
 

De principaux obstacles ont été identifiés par la BAD. Des contraintes liées à la réalisation du plein potentiel des femmes, non seulement en tant que productrice mais également en tant que citoyenne et dirigeante. Citons dans ce sens : l’accès à la propriété foncière au crédit, à la connexion aux infrastructures, à l’acquisition des compétences, à la santé et fertilité, à la sécurité personnelle, à l’égalité devant la loi, au vote et à la représentation.

Il s’agit des huit domaines dans lesquels des mesures nationales doivent être prises en vue de jouer un rôle décisif dans le développement de l’Afrique.

Toutefois ces obstacles varient d’un pays à l’autre. Il en est de même pour les domaines d’intervention. Ainsi, les programmes d’actions doivent être développés selon les spécificités de chaque pays. La BAD s’engage dans le cadre de son soutien financier à aider les pays africains à définir les opportunités d’actions décisives dans les domaines primordiaux.

 

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