Société

Le cavalier de la Chaouia

Né en 1935, dans la région de Ben Ahmed, Mohamed Noubir Amaoui, de son vrai nom, Mohamed Lachheb, a vu le jour dans un petit patelin de la Chaouia. Son douar d’origine, qui se situe à dix kilomètres de « Tlet Louled », s’appelle Melgou; probablement une déviation de « mille goûts » ; un qualificatif que les colons français ont collé à cette région connue pour ses puits aux eaux pures.
Dans sa jeunesse, Mohamed Lachheb pratiquait la chasse et nourrissait un goût prononcé pour la musique raffinée. Comme beaucoup d’autres, il aimait Oum Keltoum. Dans les années soixante et soixante-dix, il exerçait le métier d’enseignant, puis d’inspecteur de l’enseignement primaire, à Khou-ribga et à Rabat. Et c’est dans ces villes qu’il a intégré l’action syndicale et politique.
« Je garde des liens profonds avec la campagne puisque c’est là que j’ai vu le jour ; mais la ville constitue pour moi l’espace où j’ai appris la lutte », aime-t-il dire.
« A la campagne, dit-il, j’échappe à mes attaches et angoisses quotidiennes, je me consacre à la réflexion et passe en revue l’histoire de mon peuple. Mais la ville c’est la modernité et l’aspiration à l’avenir ».
Ses rapports avec les prisons datent des années 60, mais ses arrestations les plus marquantes sont celles de 72, 81 et 92.
A lui seul, il constitue une entité complexe. Père de cinq enfants, un de ses fils s’appelle Mohamed, un autre Guevara.
Lors du décès du leader argentin, Ernesto Che Guevara, en Bolivie, il a ressenti, affirme-t-il, une grande tristesse et pleuré quand il a lu la lettre d’adieu que le Che avait adressée à sa fille après sa démission de ses fonctions en tant que directeur de la Banque centrale et ministre de l’Industrie à Cuba. Depuis la création de la CDT, en novembre 1978, il a fait de l’action syndicale un fer de lance tranchant lui permettant d’imposer ses vues. Ses adversaires le soupçonnent d’entêtement. A maintes reprises, il a fait montre de populisme et d’excès d’autoritarisme et il ne le cache pas.
« Je suis têtu avec celui qui est plus têtu que moi, confirme-t-il. Car, seul le fer peut contrecarrer le fer», aime-t-il à préciser.
A ceux qui critiquent son penchant extrémiste, il réplique que tout le peuple marocain est extrémiste. Interrogé, à son sujet, par la télévision française, TF1, feu Hassan II a déclaré: « C’est le premier détenu malade que je vois préférer rester en prison ».
A l’époque, Noubir Amaoui purgeait une peine de deux années de prison ferme pour propos diffamatoires à l’encontre du gouvernement. Quelques jours après le décès de feu Hassan II, il s’adressa à Mohamed Hafid, secrétaire général de la jeunesse de l’USFP, qui boycottait l’institution parlementaire, en lui disant : « Si tu étais dans un autre pays arabe, on t’aurait pendu par les lèvres et cloué au pilori ». A présent, il hiberne dans sa campagne natale. Seuls ceux qui lui sont restés fidèles font le pèlerinage jusqu’à chez lui. Dans la région de Ben Ahmed.

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