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Les prix des médicaments au Maroc: Enfin la baisse !

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Tant attendue, la liste des médicaments dont le prix a été revu à la baisse vient d’être publiée dans le dernier Bulletin officiel (BO) du 8 avril 2014. En dévoilant cette fameuse liste, le ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, a tenu ses engagements.

Rappelons que dans une note d’information en date du 21 février 2014 le ministère de tutelle avait indiqué que la liste des médicaments concernés par la baisse serait publiée avant le 19 avril (voir édition n°3114 du 24 février 2014). Mardi, le ministre de la santé a présidé une réunion de coordination avec les acteurs du secteur pharmaceutique, à savoir l’Association marocaine de l’industrie pharmaceutique (AMIP), Maroc Innovation Santé (MIS), l’Association marocaine du médicament générique (AMMG), l’Association marocaine des distributeurs pharmaceutiques (AMDP) et la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc (FNSPM).

Une réunion destinée à finaliser les derniers préparatifs techniques pour le passage du prix public Maroc (PPM) au prix public de vente (PPV). Lors de cette réunion, les professionnels du secteur ont réitéré leur engagement à mettre en application la baisse des prix des médicaments concernés dans les délais impartis, pour un accès équitable de la population aux traitements médicamenteux.

L’entrée en vigueur aura lieu en juin, soit 60 jours après la publication dans le BO. Cette liste qui concerne 800 médicaments comporte les princeps, les génériques et biosimilaires, avec le PPM et le PPV en officine et en milieu hospitalier. En d’autres termes, on y trouve les prix avant et après la révision. Ladite liste concerne les anticancéreux, antibiotiques, antidouleur, médicaments pour les pathologies cardio-vasculaires.

La baisse peut aller de 50 à 60% pour certains médicaments. Les plus fortes baisses concernent les anticancéreux tels que «Anzatax» (150 mg/25 ml solution à diluer pour perfusion Flacon de 25 ml) dont le prix est passé de 4837,50 DH (PPM) à 2476 DH ( PPV), «Campto» (100 mg/ 5ml solution pour perfusion flacon de 5 ml) dont le prix est passé de 2.840,40 à 1.313 DH. Parmi les autres baisses importantes figurent «Bonofos» (800mg, comprimé pelliculé boîte de 100) qui est un médicament pour soigner la perte osseuse. Son prix est ainsi passé de 3.848 DH (PPM) à 2.872 DH (PPV).

D’autres médicaments ont vu leurs prix légèrement baisser. On peut citer à titre d’exemple «Adalate» (10 mg, capsule molle boîte de 100) pour qui le PPV est de 103,90 DH au lieu de 117,90 DH ou encore «Azidem» (LP 120 mg , gélule boîte de 30) qui a vu son prix régresser de 128 à 113,50 DH.

D’autres ont vu leur prix inchangé en officine mais ont connu une baisse en milieu hospitalier.
En analysant les prix avant et après la révision, on constate que cette baisse n’aura pas un grand impact sur le budget des patients qui doivent débourser des sommes colossales pour leur traitement. Les pharmaciens d’officine sont à présent tenus de procéder à la liquidation de leurs stocks de médicaments étiquetés en «PPM». Ils doivent ainsi procéder à la vente des médicaments avec leur nouveau prix public de vente et ce au plus tard 60 jours après la date de publication au BO (voir encadré ).

Le Syndicat national des pharmaciens du Maroc avait rejeté le projet de décret en relevant que la règle de fixation des prix doit faire appel à des pays de benchmark économi-quement similaires au Maroc, alors que le projet utilise le benchmark avec des pays économi-quement très évolués.

Une nouvelle marge pour les pharmaciens

Dès l’annonce par le ministère de la santé de la seconde baisse des prix des médicaments, les pharmaciens d’officine ont revendiqué des mesures d’accompagnement. Ces derniers estiment que cette baisse ne peut qu’avoir un impact colossal sur la rentabilité des officines qui traversent une période difficile.
Après des mois et des mois de négociations, le ministre de la santé a répondu favorablement aux doléances des pharmaciens. L’une des mesures de taille a été la décision du ministre de réévaluer la marge brute sur les médicaments. Le prix public de vente (PPV) prévoit une nouvelle marge de 34% au lieu de 30% au profit des pharmaciens d’officine.

Précisions sur le nouvel étiquetage

L’étiquetage des médicaments devra répondre à certaines règles. Une circulaire du ministère de la santé «N°40 DMP 00 » portant modification de la circulaire N°48 du 10 décembre 1998 apporte des précisions sur l’étiquetage.

Ainsi, les informations qui figurent dans la notice et l’étiquetage doivent être rédigées en arabe et en français et apparaître de manière très lisible. Le prix public de vente devra être affiché «sur le conditionnement secondaire sous forme d’un «losange vert» de dimensions de 2,5 cm de largeur et de 1 cm de hauteur avec un contour de 1 à 2 mm. A l’intérieur sera indiquée la mention «PPV» en noir et le prix au format DH de manière visible et lisible utilisant une encre indélébile et de façon à ne couvrir aucune mention légale», note la circulaire.

Imbroglio autour du décret

Le décret avait été fortement contesté par les acteurs du secteur. Les industriels avaient dénoncé le manque de transparence de la part du ministère de la santé dans l’élaboration du projet de décret. En outre, ils avaient contesté son approche non consensuelle et partielle, qui risque d’engendrer des impacts catastrophiques sur l’industrie pharmaceutique. Il en va de même pour les pharmaciens.

Le Syndicat national des pharmaciens du Maroc avait rejeté le projet de décret en relevant que la règle de fixation des prix doit faire appel à des pays de benchmark économiquement similaires au Maroc, alors que le projet utilise le benchmark avec des pays économiquement très évolués. En optant pour le prix minimum des pays de benchmark, le syndicat avait estimé que le nouveau système de fixation des prix des médicaments profite aux importations au détriment de la production locale.

Ce qui n’est pas sans conséquence sur le secteur : aggravation du déficit de la balance commerciale extérieure, disparition des médicaments à petits prix au profit des plus chers qui sont pour la plupart importés, ralentissement des investissements.

Les directives de Louardi

L’industrie pharmaceutique est amenée à changer les étiquettes de 60 millions de produits, ce qui constitue un véritable travail de titan.

Avant la mise en œuvre du décret relatif aux conditions et aux modalités de fixation du prix public de vente des médicaments fabriqués localement ou importés, le ministre de la santé avait adressé une circulaire aux professionnels du secteur.

La circulaire N°39 DMP 00 du 24 mars 2014 vient accompagner la phase transitoire accompagnant la révision globale des prix des spécialités pharmaceutiques tout en ayant comme cible la disponibilité des médicaments de qualité en quantité suffisante au juste prix. La circulaire rappelle que les industriels doivent procéder à l’étiquetage des médicaments issus de toute nouvelle production en «PPV» au plus tard à partir de la date de publication des «PPV» au Bulletin officiel (BO) et entamer la procédure de réétiquetage de leurs stocks existants.

Pour leur part, les grossistes répartiteurs seront amenés «à constituer leurs stocks de médicaments étiquetés en «PPV» durant le mois qui suit la date de publication des «PPV» au BO et ce par le ré-étiquetage des médicaments du stock existant sous la responsabilité des établissements pharmaceutiques détenteurs de l’autorisation de mise sur le marché (AMM) et l’achat des médicaments étiquetés en PPV», indique la circulaire.

Quant aux pharmaciens d’officine, ceux-ci sont tenus de procéder à la liquidation de leurs stocks de médicaments étiquetés en «PPM» au fur et à mesure. Ils procéderont à la vente des médicaments avec leur nouveau prix public de vente et ce au plus tard 60 jours après la date de publication au BO.

 

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