ALM: Quel constat faites-vous de la corruption au Maroc ?
Stuart Gilman: Il y a trois années, j’étais optimiste que le gouvernement marocain parle de la corruption. Mais maintenant qu’il n’y a plus la pression du Printemps arabe, il s’avère que le gouvernement n’a pas encore doté l’Instance centrale de prévention de la corruption avec qui j’ai travaillé pendant des années, ou encore toute instance destinée à lutter contre la corruption, de moyens à même de contrecarrer ce phénomène. De même, le Parlement marocain n’a rien fait dans ce sens.
Quelles sont les démarches à entreprendre par le Maroc pour venir à bout de ce fléau?
Le Royaume a fait un bon début quant à cette lutte, mais il a quand même du chemin à faire quant aux enquêtes et poursuites judiciaires liées aux affaires de corruption.
Et pour revenir au gouvernement, celui-ci devrait faire en sorte que les changements soient palpables sur les citoyens de manière à ce que d’aucuns ne recourent à la corruption pour échapper aux impôts ou recevoir un service dans l’administration par exemple. A son tour, le Roi du Maroc s’est déjà exprimé sur la lutte contre la corruption, chose qui s’est manifestée dans la nouvelle Constitution.
La consultation régionale est une occasion pour échanger sur les expériences. Quelle comparaison pourriez-vous établir ?
Dans le cas de la Tunisie, ce pays entreprend un pas remarquable en créant des instances tout en veillant à l’exécution des lois. En Jordanie, le changement est perceptible à travers le travail sur l’identification des secteurs où la corruption sévit. Au Liban, les institutions sont inexistantes. Or il y en a au Maroc, mais il faut les doter d’outils de travail.
Pour ma part, je suis toujours optimiste et je trouve que les citoyens désirent mener une vie normale puisque la corruption détruit tout. C’est pour cela qu’ils sont censés faire entendre clairement leur voix.