Le 25 novembre, alors que le Maroc se mobilise pour lutter contre la violence à l’égard des femmes, les chiffres de la brutalité dans les ménages sont alarmants. Faute de nouvelles statistiques sur le phénomène, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a profité de cette journée pour rappeler les résultats de son enquête nationale sur la prévalence de la violence à l’égard des femmes (ENVF).
Il en ressort que la violence conjugale constitue de loin la forme la plus répandue. Ainsi, contrairement aux idées reçues, c’est dans leur cercle familial que les femmes sont le plus en danger. Ces violences se présentent sous diverses formes : insultes, menaces, chantage, séquestration, rapports sexuels non consentis, coups et blessures, tentatives de meurtre, meurtres, spoliation économique… Selon l’étude, 55% des femmes mariées, soit 3,7 millions ont subi un acte de violence en milieu conjugal.
Le taux de prévalence des violences conjugales en milieu urbain atteint 56,1% contre 53,3% en milieu rural. Dans le cadre conjugal, la violence psychologique arrive en tête avec un taux de prévalence de 38,7%, suivie de l’atteinte aux libertés individuelles (30,3%), les insultes, la violence verbale et l’humiliation de la part du conjoint (22,4%) ou de sa famille (6,1%). On retrouve ensuite les menaces d’agression (6,6%) et les agressions physiques (5,7%).
Au niveau des spécificités démographiques et socio-économiques des victimes, le HCP relève que les victimes de violence conjugale ne dépassent pas l’âge de 40 ans (61,6%). La majorité d’entre elles vit en villes (60,3%), n’a aucun niveau scolaire (56,8%) et s’est mariée avant l’âge de 25 ans.
Dans le cadre familial, les violences faites aux femmes ont fait 1,3 million de victimes, soit un taux de prévalence de 13,5%. Les formes de violence les plus fréquentes ont trait à la tenue vestimentaire de la femme ( 14%) , le fait de l’empêcher de s’exprimer (22,7 %), intervenir dans le choix de ses amies (17,9% ), l’empêcher de sortir du domicile des parents ou la menacer de cela (15,7%). Viennent ensuite la violence verbale et les insultes (8,4%). A noter que la plupart des victimes ne dépassent pas l’âge de 30 ans (69,8%) et proviennent aussi du milieu urbain (63,1%).
Tous ces chiffres montrent que la fin de ce fléau n’est pas pour demain. Le projet de loi contre la violence faite aux femmes n’a toujours pas été adopté. En l’absence d’une loi en mesure de protéger les victimes, peu d’entre elles osent sauter le pas pour dénoncer ce qu’elles ont vécu. Les résultats de l’enquête du HCP avaient révélé que seulement 3% des femmes osent porter plainte et à peine 1% des hommes coupables de violences sont poursuivis pénalement.