Chroniques

Du pouvoir, du savoir et de la dérision…

© D.R

Et ma réponse habituelle a été: «Il suffit que j’ouvre un journal, que j’allume la radio ou la télé, ou juste que je me mette à mon balcon, et j’ai tous les sujets que je veux». En vérité, c’est un peu plus compliqué, mais ce que je voulais dire, c’est que ce qui se passe dans notre pays – ou ce qui ne se passe pas – m’offre une mine intarissable d’idées de rire et de satire. Même si, hélas, les Guignols ne sont pas encore chez nous, ils y ont grandement leur place.

Je rêve du jour où une de nos chaînes télé osera nous gratifier d’une émission où nous pourrions rire de nous-mêmes et de nos travers somme toute très naturels. Ça pourrait aller du citoyen ou de la citoyenne Lambda qui passent leur journée à faire des bêtises qui méritent une bonne fessée et qui pataugent dans des contradictions ridicules, du genre griller un feu rouge ou ne pas s’arrêter à un stop, et critiquer quelqu’un qui jette un petit papier dans la rue, jusqu’à nos hauts responsables qui sont censés donner le bon exemple de la sagesse et de la raison et qui passent leur temps à se chamailler et se crêper le chignon comme des gamins dans une cour de récréation, en passant par les grands donneurs de leçons de tous bords, des riches ou des démunis, des urbains ou des ruraux, des instruits ou des analphabètes, des très intelligents ou des très bêtes, bref, tous ces gens qui nous pompent l’air et qui nous prennent la tête à force de vouloir absolument parler de tout et surtout vouloir avoir toujours raison. Tout ça me fait hurler de rire au point parfois d’avoir envie d’en pleurer. Tenez !

Je vais vous donner un exemple tout frais. Hier, je prenais un café avec un pote qui m’a présenté un ami à lui, cadre dans un journal jadis leader parce que virulent et contestataire, appartenant à un parti jadis suivi et soutenu parce que opposant presque chronique et progressiste presque révolutionnaire… Et de fil en aiguille, j’ai fini par le piquer en lui posant la question qui fâche : «Mais qu’est-ce qui est arrivé à votre journal pour descendre aussi bas ?».

Et là, j’avais l’impression d’avoir remis en cause la rondeur de la terre ou la clarté de la lumière. Notre ami s’est lancé alors dans un long monologue où le mot pouvoir se mélangeait avec le mot complot, stratégie avec makhzen, conjoncture avec lecture, revenu avec rentiers, gauchisme avec illettrisme, gestion avec distribution, fonds avec bas-fonds, totems avec tabous, bref, tout et n’importe quoi, et tout cela pour me prouver et me persuader que je ne comprenais absolument rien à ces journaux et à ceux qui les éditent contre toute logique éditoriale et économique, ni encore moins à la politique et à ceux qui s’y accrochent bec et ongles comme à une bonne pastilla… aux pigeons.

Pourtant, moi, je voulais juste que ce monsieur m’explique pourquoi et comment son journal – que j’aimais bien et pour lequel j’ai toujours une affection nostalgique – est descendu de 100.000 exemplaires vendus par jour, il y a à peine peut-être une dizaine d’années, à moins de 4.000 aujourd’hui ? D’ailleurs, grâce à  lui, j’ai appris que la société éditrice de ce vénérable quotidien emploie encore actuellement quelques 140 employés et cadres. 140 personnes qui bossent chaque jour pour finalement ne vendre que 4.000 exemplaires, et il voulait me convaincre que tout allait bien ! Bien sûr que c’est ridicule, et c’est pourquoi j’en ris et je vous invite à en faire de même.

D’ailleurs, voyez-vous, tant qu’il y aura ce type de rigolos chez nous, je pense que je n’aurais jamais de problème d’inspiration. En fait, je crois que notre bon Dieu a inventé la dérision pour nous permettre de rire, parce que rire, c’est vivre. N’est-ce pas le grand Nietzsche qui a dit un jour : «Rire, c’est être malicieux, mais avec une bonne conscience».

Alors, vive la satire et vive tout ce qui l’alimente. Je souhaite à tous ceux et à toutes celles qui aiment rire un très bon week-end. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : maintenant que le TAS nous a remis sur le terrain du foot africain, vous croyez qu’on va commencer à gagner des matchs enfin ?

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