Chroniques

Mieux vaut en rire: Bilan bon an mal an

© D.R

Je vais d’abord vous faire un aveu: cynique comme je suis, le premier titre auquel j’avais pensé pour cette chronique était plutôt celui-ci : «Bilan Mi-chemin NI-figue NI raisin». 

Si j’y ai renoncé c’est pour au moins deux raisons. La première, c’est parce qu’il est à la fois très excessif et très éloigné de la vérité. En effet, je ne sais pas depuis quand nous bénéficions de cette aubaine, mais en tout cas, ces dernières années, les figues, surtout celles dites de «Barbarie», et le raisin, dans toutes ses couleurs  et dans toutes ses variétés, on en a presque à longueur d’année. C’est vrai que pour le raisin, ce n’est pas toujours aussi juteux et sucré qu’avant, mais, vous savez, il n’y a pas que ça qui n’a plus beaucoup de goût.

La 2ème raison qui m’a empêché de choisir un titre aussi nihiliste, c’est que justement, comme nous sommes à peine à la moitié du chemin – à mi-mandat disent les politiques bien payés – et donc nous avons encore le droit de nous planter, car nous avons encore le temps de retourner la terre, de rajouter des semences, de traiter, d’arroser – au sens noble du terme –sans oublier, bien entendu, de prier, d’abord parce que ça fait bien et, ensuite, on ne perd rien à le faire, on a tout à gagner au contraire. Maintenant, venons-en au fait.

Comme prévu, nous dit-on, par la Constitution, et comme annoncé à grands coups de klaxons, notre chef de gouvernement, tout auréolé et hardi, a présenté le bilan de son équipe à mi-mandat, ce qui laisse supposer qu’ils ont encore la moitié du chemin à faire et que, pour notre part, nous devons encore les supporter, bien sûr, au sens de soutenir et non de subir… D’ailleurs, et je le déclare sans peur, sans gêne et, surtout, sans hypocrisie, ce gouvernement mérite tout notre soutien et toute notre sympathie. En effet, nous ne devons pas oublier les conditions dans lesquelles ce valeureux gouvernement a entamé ses grands projets qu’il voulait révolutionnaires, lui à qui on colle l’affreuse et injuste étiquette de «conservateur». 

Il avait promis de tout changer, mais, que voulez-vous?… Il ne suffit pas de vouloir…  Comme l’a si bien souligné M. Benkirane lors de sa très longue et, ma foi, très fastidieuse intervention, «toute évaluation objective du travail du gouvernement nécessite de prendre en compte le contexte politique, économique et social dans lequel ce gouvernement est arrivé, que ce soit au niveau mondial, régional ou national». Tout est dit ! Franchement, que pouvait-il ajouter de plus après ce si brillant argument ? D’ailleurs, tout ce qu’il a dit après, je pense que personne n’a dû l’écouter. Parce qu’il nous a convaincus ?

Je ne peux pas le dire. Séduits ? Je ne peux pas le jurer. Assommés ? Ah ça, c’est vous qui le dites… En tout cas, en ce qui me concerne, du peu de ce que j’ai suivi, je crois surtout avoir entendu des mots comme «positif», «honorable», «efficacité», crédibilité», «moralisation», «réformes structurelles», «égalité  des chances»,  «renforcer la confiance», «instaurer la transparence», et bien d’autres vocables tous aussi bons à entendre et surtout à voir, mais il ne faut quand même pas tout demander.

Dans tous les cas, si malgré la grande importance de cet événement, les deux grandes Chambres réunies n’ont pas réussi à réunir grand monde, il ne faut pas blâmer le gouvernement, mais celui ou celle qui a  programmé cette séance ce jour-là et à cette heure-là. Faire ça un mardi, la nuit, et de plus, après un match Brésil-Allemagne des plus pluvieux en buts de l’histoire, comment voulez-vous, dans ces «conditions»,  qu’on puisse suivre un discours sur un bilan de gouvernement, fut-il le plus fructueux et le plus glorieux, ce qui reste encore à prouver, mais ça, on a encore toute la moitié du chemin à faire.
En attendant, je souhaite à tous et à toutes les néo-optimistes comme moi un très bon week-end et une très bonne fin de coupe du monde. Quant aux autres…

Un dernier mot sous forme de devinette pour rigoler un peu : «Pourquoi on nous annonce tout le temps beaucoup de pétrole pour bientôt, alors qu’on n’a pas encore trouvé vraiment le moindre petit vrai gisement ?»

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