Chroniques

Mieux vaut en rire : Les voyous et les voyeurs, voyez-vous…

© D.R

Je suis sûr que vous avez remarqué comme moi que ces derniers temps, on parle un peu beaucoup trop de ce phénomène qu’on a appelé pour je ne sais quelle raison, «tcharmil». On le trouve à toutes les sauces. Tous les médias en parlent tous les jours, et souvent photos à l’appui. J’ai l’impression qu’on a trouvé une nouvelle recette pour faire peur les petites gens, tout en les faisant saliver sur de bien hypothétiques biens pas forcément beaux et pas forcément vrais.

Au début, pour ma part, j’avais cru comprendre qu’il s’agissait d’une simple expression ludique à caractère communautaire chez des jeunes pauvres et paumés en mal d’appartenance et de repères. Je pensais également avoir pigé que certains de ces jeunes avaient poussé ce jeu un peu au-delà de ses limites en allant jusqu’à jouer aux méchants.

Pour faire court, il n’y avait pas de quoi fouetter un chat, fut-il  échaudé. Or, comme j’ai écrit plus haut, on met de plus en plus ces «mcharmline» dans toutes les marmites. Il y en a de toutes les espèces : du simple grilleur de stop ou de feu rouge – ce qui n’est pas, soit dit en passant, un délit mineur – au grand braqueur de banque ou de fourgon de transport de fonds,  en passant par le gros vendeur de shit ou le vilain arracheur de sacs ou de portables.

Il y a même quelques rigolos – dont un que vous connaissez bien, suivez mon regard – qui ont mis dans cette longue liste certains gros tapeurs-frimeurs-flambeurs et néanmoins bien-nés.  Bref, un «mcharmel», c’est un peu tout le monde et n’importe qui. Du coup, on ne sait plus qui est quoi et de qui on devrait vraiment avoir la trouille. Vous avez certainement envie de me demander qui crée cette confusion et dans quel intérêt ? Et bien, je vais vous donner une réponse de normand : je croyais que je savais, mais en fait je ne sais plus.

Écoutez, je vais vous raconter, et à vous d’en déduire ce qui vous arrange. Commençons d’abord par les principaux concernés, c’est-à-dire les premiers dont on nous a parlé. Il s’agissait de ces petits groupes de jeunes ados souvent sans le sou qui avaient envie de bien se saper, et dont certains sont devenus voyous pour être bien vus et surtout reconnus. Pour ce faire, ils mettaient leurs fringues d’imitations et leurs bijoux clinquants, se prenaient en photos et les postaient sur Facebook, histoire de se faire voir. 

Après, on nous a montré d’autres qui seraient beaucoup plus méchants et qui, eux, avaient en plus de grands coutelas bien aiguisés. Aussitôt après, on nous a appris qu’ils étaient juste déguisés, que ce ne sont pas des vrais, enfin, pas tout à fait, que les photos avaient été maquillés, bref, en gros, que tout ça, c’est un peu du cinéma. Et puis quelques jours plus tard, on a commencé à nous annoncer partout, et à corps et à cris, des arrestations par paquets de voyous et de délinquants de tout type et de tout genre, mais tous labellisés « mcharmline ».  Or, la plupart de ceux qu’on nous a montrés, notamment à la télé, et du moins ce que j’ai vu personnellement, il n’y en avait pas un qui ressemblait au portrait du «mcharmel» type tel qu’on nous l’avait décrit la première fois.

C’est comme si vous commandez dans un restaurant un tajine de poulet aux olives et au citron confis tel qu’il figure sur la photo dans la carte, et qu’on vous sert un vague ragout aux patates, en vous arguant, le sourire en coin, que «c’est la même sauce». Oui, je sais que ce n’est pas très fort comme métaphore, mais si vous étiez à ma place, je suis sûr que vous ne feriez pas mieux. En tout cas, jusqu’à aujourd’hui, on continue de nous abreuver d’histoires plus ou moins folkloriques, auxquelles nous avons presque envie d’y croire ne serait-ce que parce qu’elles nous paraissent presque incroyables.

En attendant, je souhaite un très bon weekend à toutes et à tous les incrédules. Quant aux autres…
Un  dernier mot pour rigoler un peu : moins on compense, et plus on augmente le prix de l’essence. ça coule sous le sens…

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