Chroniques

Point de vue: Et pour toi le Maroc ?

© D.R

C’est lors d’une conversation avec de jeunes Beurs de France en séjour à Essaouira que m’a été posée cette question : «Et pour toi Ahmed le Maroc, ça représente quoi ?»
J’ai donc cherché à expliquer à ces jeunes ce qu’était effectivement le Maroc pour moi…Exercice très instructif.

Le Maroc, pour moi qui n’y suis pas né, c’est avant tout le pays des ancêtres – là où depuis tout jeune, chaque fois que je venais pour les vacances estivales – j’avais la certitude de renouer avec ceux qui m’avaient précédé dans la lignée familiale, sentiment indéfinissable et réconfortant. Le Maroc c’est aussi la terre, cette terre dont j’ai coutume de dire que chaque immigré, chaque enfant d’immigré, la transporte toujours à la semelle de ses souliers…

Et cherchant à exprimer le mieux possible ce que je ressentais, j’utilisais une métaphore : le Maroc coule dans mes veines comme un fleuve qui irrigue une contrée, prenant naissance à la source puis qui coule en s’enrichissant de différents affluents, d’alluvions, d’apports multiples dont il nous abreuve, pour finir par se jeter dans la mer, plus dense, plus grand, plus fort…
Cette richesse et cette diversité sont une force et c’est ainsi que j’ai toujours ressenti mon identité : plurielle, multiculturelle, ouverte, grâce à cette marocanité transmise avec amour et sur laquelle j’ai pu construire ma personnalité.

Ce que j’ai cherché à faire saisir à ces jeunes c’est qu’en fait la marocanité permet toutes les additions, toutes les multiplications, mais ne saurait être synonyme de division, de soustraction… leur mentent ceux qui leur enseignent le repli identitaire, le refus de l’Autre, tout au contraire le Marocain est le fruit du brassage, non pas celui  qui dilue mais celui qui enrichit, qui fait que l’Autre cherche à nous connaître et non pas à se détourner de nous.
Tous ceux qui se disent acteurs de la vie sociale, culturelle ou politique de notre pays devraient d’ailleurs  se préparer à répondre au questionnement des jeunes générations «Qu’as-tu fait pour ce Maroc que tu dis aimer ? »

A titre personnel voici ce que je dirais : J’aime mon pays le Maroc, j’aime son peuple dont je suis issu, j’aime sa jeunesse qui mérite tous les engagements, j’aime mon Roi, je m’efforce au mieux de mon expérience, de mon savoir-faire, de les servir sans autre contrepartie que la satisfaction de contribuer à un projet de société pour plus de progrès, plus de justice sociale et de perspectives d’avenir pour nos jeunes. Tel est le seul «titre de gloire» que je revendique ! Je dirais que j’ai consacré mes années de militantisme – depuis mon adolescence – au service de notre communauté marocaine en France, au service de notre pays et de ses relations avec la France et aujourd’hui au service de notre jeunesse.

Je crois en la diversité, l’ouverture, le «vivre-ensemble», je suis né en France, j’y ai grandi…j’aime ce pays et je m’efforce de mettre en pratique ce double héritage, ce double apprentissage, cette culture plurielle pour œuvrer positivement sans agressivité, sans haine, sans paranoïa… pour tenter de donner à notre jeunesse les outils nécessaires pour aller de l’avant ! Par amour du Maroc !

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