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Omar Skalli, le Maroc est un pays de cheval, mais il est moins un pays équestre

© D.R

ALM : Que pouvez-vous nous dire de la participation de la SOREC aux Jeux mondiaux équestres ?

Omar Skalli : Il faut d’abord savoir que nous ne sommes pas présents en tant que SOREC mais en tant que filière, avec tous ses représentants. Il y a le ministère de l’agriculture, la SOREC, la Fédération royale marocaine des sports équestres, le Salon du cheval et le Morocco Royal Tour. C’est donc toute la filière qui présente le cheval barbe, invité d’honneur de ces Mondiaux, aux côtés de trois autres chevaux mondiaux : le Cob normand, l’Akhal-Teke et le Quarter horse. C’était l’occasion de mettre en avant cette race exceptionnelle dans un environnement de connaisseurs. C’est un cheval qui n’est pas utilisé pour le saut d’obstacles, mais qui a d’autres qualités. Il pourra être utilisé pour le dressage, l’attelage ou pour l’endurance. Il intéressera les professionnels, mais notre cible première est le grand public. C’est aussi une occasion fabuleuse pour faire le lien entre le cheval barbe et le Maroc, bien que ce ne soit pas un cheval exclusivement marocain c’est une race originaire du Maghreb. Le barbe est venu d’Espagne avec les Arabes, et c’est grâce au barbe qu’on a créé, à travers les sélections et les mélanges, le cheval espagnol et un peu plus tard le quarter horse aux Etats-Unis.
Dans les Mondiaux équestres, nous avons adopté une communication sur trois axes. D’abord le cheval barbe marocain, ensuite l’idée que le Maroc est un pays de cheval et que le barbe est le porte-drapeau de cette filière, et puis mettre en avant toute la filière, qui est dynamique au Maroc.

Vous êtes à la tête de la SOREC depuis cinq ans. Quel bilan en faites-vous ?

Pour parler de bilan, il faut revenir à la stratégie de départ. En 2010, nous avons travaillé sur une stratégie pour la filière. C’est une stratégie du ministère de l’agriculture que la SOREC est chargée de mettre en place. En 2011, elle avait été présentée lors du Salon du cheval. Toutes nos activités rentrent dans le cadre de cette stratégie. Elle comprend trois grands axes: d’abord la mise en valeur du cheval barbe. Ensuite, les utilisations du cheval : dans l’histoire du cheval, il était utilisé pour le transport, la guerre et l’agriculture. Aujourd’hui, ces trois utilisations sont dépassées. Nous devons donc trouver d’autres façons d’utiliser le cheval, qu’elles soient traditionnelles comme la Tbourida ou modernes comme le saut d’obstacles ou le dressage. Et enfin la course qui est la source principale de financement. Nous avons aussi des axes transversaux qui sont la communication, la formation, l’élevage, la gouvernance et le financement. Les actions de la SOREC visent donc à promouvoir l’un des trois axes, mais aussi à médiatiser la filière de manière générale. Nos actions sont donc soit orientées vers la médiatisation pour attirer un nouveau public, ou des actions à long terme comme notre participation aux JEM.

Le Maroc a-t-il le potentiel pour devenir un grand pays équestre ?

Le Maroc est un pays de cheval, mais il est moins un pays équestre. Si on le compare à la France, au Maroc on aime plus le cheval mais on le monte moins. Pourtant, le cheval ne peut pas vivre s’il n’est pas utilisé. Il faut donc qu’on arrive à combiner, comme on le fait dans d’autres pays, l’amour du cheval avec ses utilisations à travers des techniques modernes. C’est le travail quotidien de la SOREC.

La SOREC intervient-elle dans le travail des éleveurs, surtout en ce qui concerne leur choix de race pour les courses ?  

Il faut d’abord savoir que le cheval noble ne pourra jamais être un cheval de course, parce que pour avoir des chevaux barbes rapides il faut plusieurs années et que, dans la pratique, personne ne le fait. De plus, comme dans tous les autres sports, il faut être connecté à l’international. Dans le cas du cheval barbe, il n’y a pas d’autres chevaux de ce genre qui courent, donc, concrètement, ça ne sert à rien. Par contre, la SOREC a mis en place plusieurs dispositifs pour aider les éleveurs. Nous avons des étalons pur-sang arabes et anglais qu’on met à leur disposition et nous leur offrons des primes à la naissance pour augmenter et améliorer l’élevage.

Nous savons que le Maroc a commencé à acquérir des pur-sang arabes et anglais assez récemment. Est-ce qu’il peut rattraper son retard dans les compétitions internationales ?

Dans le monde, on a commencé à utiliser le pur-sang arabe pour les courses depuis à peu près 30 ans seulement, c’est donc relativement facile pour le Maroc de rattraper son retard. C’est plus difficile avec le pur-sang anglais. Aujourd’hui nous commençons déjà à avoir des résultats. Nous avons un cheval né au Maroc qui était troisième du groupe 1 en Angleterre, qui a déjà gagné en France et qui va courir dans quelques semaines.

Que fait la SOREC pour encourager l’élevage du barbe ?

C’est une équation un peu plus compliquée. Le nombre de barbes purs est très réduit. Nous devons donc d’abord créer des chevaux, une fois que le nombre aura augmenté il faudra trouver des utilisations adéquates pour que l’éleveur puisse trouver des débouchés pour ses chevaux. Grâce à nos actions, le nombre est en constante augmentation. En ce qui concerne les utilisations, nous avons lancé une école de dressage à Marrakech, d’ailleurs une partie des jeunes de l’école a participé aux JEM. Le but est de montrer que le cheval barbe peut servir pour le dressage, et puisque le dressage est la base de plusieurs disciplines, ça voudra dire qu’il a aussi beaucoup d’autres utilisations. De manière générale, l’objectif est de trouver des débouchés pour les éleveurs pour les encourager à choisir le barbe. C’est un cheval qui peut être bon, mais pas exceptionnel, dans plusieurs disciplines, ce qui est très demandé en Europe, pour apprendre aux adultes amateurs. Mais son plus grand potentiel est la randonnée, d’autant plus qu’on a un pays qui s’y prête et une volonté de développer ce type de tourisme. Il y a également une autre discipline, et non la moindre, qui est la Tbourida. Il faut savoir que c’est la discipline qui utilise le plus de chevaux au Maroc : entre 15 et 20 mille chevaux chaque année, c’est-à-dire beaucoup plus que pour les courses et le sport réunis. Nous soutenons donc cette discipline qui est à la croisée des chemins et promeut le cheval barbe, le patrimoine, le tourisme et le monde rural.
 
Concrètement, comment encouragez-vous l’utilisation du barbe pour les randonnées ?

Notre rôle est d’abord de prouver que le cheval barbe est bien adapté et qu’il possède tous les ingrédients de base pour cela. Dans d’autres pays, comme la France, c’est la fédération équestre qui s’occupe du tourisme équestre. La fédération marocaine a déjà commencé à travailler dans ce sens. Le ministère du tourisme également. Notez que le thème du Salon du cheval cette année est justement le tourisme équestre, il abritera notamment un séminaire à ce sujet. Le rôle de tous ces acteurs c’est d’être une sorte d’incubateur et de mettre en place le cadre réglementaire adéquat pour développer le secteur.

Justement par rapport au Salon du cheval, pensez-vous qu’il pourra attirer cette année un nouveau public, peut-être plus jeune et plus moderne ?

Au Salon du cheval, c’est vraiment tout le Maroc qui est représenté. Il y a absolument tous les types de public, de tranches d’âge et de catégories sociales attirés par les diverses activités que connaît le Salon. Le fait qu’il y ait des activités culturelles, des compétitions et de la Tbourida, fait que tous les types de public se sentent concernés.

La SOREC est aujourd’hui partenaire de la Fédération royale marocaine de sports équestres. Comment ce partenariat se conjugue-t-il ?

La fédération, tout comme la SOREC, a très peu de chevaux, son rôle d’abord est d’encadrer les cavaliers. La fédération est liée à la SOREC d’abord par son budget : celui-ci vient essentiellement du ministère de la jeunesse et des sports et du ministère de l’agriculture, la partie du ministère de l’agriculture transite par la SOREC à travers les jeux. D’autre part nous sponsorisons les événements de la fédération. Nous sommes sponsor du Salon du cheval, du Morocco Royal Tour et du Trophée Hassan II de Tbourida. Nous avons également fait l’expérience récente d’acquérir un étalon qui, en même temps, sert aux éleveurs et peut concourir.

La filière est aussi importante par ses métiers, et au Maroc ces métiers ne sont pas développés. Que fait la SOREC dans ce sens ?

La formation et l’élevage font partie des axes principaux de la stratégie de la SOREC. En ce qui concerne la formation, l’OFPPT a été intégré dans le processus, avec la mise en place de l’Institut national du cheval Moulay El Hassan à Dar Essalam qui forme aux métiers du cheval. Cet institut forme une centaine de jeunes chaque année, incluant des techniciens d’élevage, des selliers, des maréchaux-ferrants, des infirmiers et bien d’autres qui ont un diplôme de technicien spécialisé. Nous venons de signer un partenariat avec l’OFPPT pour y former également des Jockeys.
La SOREC est aussi active en matière de formation continue. De plus, nous avons signé une convention avec l’Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV) de Rabat pour former des vétérinaires spécialisés dans le cheval. Nous organiserons donc des séminaires de formation pour les vétérinaires lauréats de l’IAV pour en faire des vétérinaires équestres.

Est-ce que vous comptez introduire les courses de trot attelé au Maroc ?

Concernant les courses, il faut savoir que nous allons passer de 9 courses en 2014 à 23 en 2015. De plus, cette année, nous fêtons 100 ans de courses au Maroc, puisque le premier code des courses au Maroc date de 1914. En ce qui concerne les disciplines de course, il y en a quatre : le galop plat, le galop à obstacle et le trot attelé et monté. Au Maroc, c’est difficile de lancer les quatre activités. Pour éviter de nous disperser, nous nous concentrons d’abord sur le galop plat en espérant avoir bientôt la possibilité de nous ouvrir sur d’autres disciplines.

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