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Habitat et urbanisme : Il aurait été souhaitable de rester dans un seul et même ministère

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ALM : Maintenant que le cabinet Benkirane II est connu, est-ce que vous pouvez nous parler des coulisses des négociations sachant que votre parti détient pour la première fois de son histoire cinq portefeuilles ministériels?

Mohamed Nabil Benabdallah : En parlant des coulisses, cela ne présente plus beaucoup d’intérêt depuis la formation de ce gouvernement Benkirane II. Le plus important, c’est que ce gouvernement est formé et il permet surtout de sortir de la zone de turbulence d’un point de vue politique. Nous avons l’espoir aujourd’hui, indépendamment du poids que nous représentons en tant que parti dans ce gouvernement, d’aborder d’une manière ferme les grands dossiers de réformes dont le pays a besoin.

La volonté est aujourd’hui profonde d’aborder de plein fouet ces réformes, les dossiers de la retraite, l’économie nationale et la mise en œuvre de la Constitution et les lois organiques, etc. Nous souhaitons réellement, à travers une coordination entre les leaders de la majorité, nous atteler à ces questions, d’autant qu’il y a un calendrier électoral qui nous attend. Et ce calendrier électoral nous impose de réserver probablement la session du printemps à l’adoption du texte encadrant la question électorale. Ce sont des tâches extrêmement importantes et c’est ce que nous voulons aborder avec ce gouvernement Benkirane II.

Toujours concernant le cabinet Benkirane II, vous avez partagé les prérogatives de votre ministère avec Mohand Laenser. Ne voyez-vous aucun inconvénient à ce que deux SG de deux partis partagent pratiquement le même ministère ?

Je crois qu’il y a une certaine complémentarité entre les dimensions de l’habitat, de l’urbanisme et de la politique de la ville. Il aurait été souhaitable de rester dans un seul et même ministère. Maintenant, il faut travailler main dans la main, avancer et mettre tous nos moyens en commun pour travailler pour le pays. D’ailleurs nous sommes en train d’élaborer une attitude commune à l’égard d’un certain nombre de questions qui nous intéressent tous les deux. On va essayer de dépasser cette contingence politique avec une intelligence dans le travail qui nous permettra d’avancer correctement.

Certaines voix au sein du PPS, notamment au conseil de la présidence du parti, ont ouvertement critiqué le projet de loi de Finances 2014. Qu’en pensez-vous vraiment en tant que SG du parti, loin de toute solidarité gouvernementale?

Il s’agit de la position du parti lui-même qui a ouvertement critiqué le projet de loi de Finances 2014. En tant que composante de la majorité nous aurions souhaité que ce texte soit plus soutenu, notamment sous les aspects liés à la relance de l’économie nationale et nous aurions également aimé qu’il ait une dimension sociale plus approfondie, il y avait donc quelques mesures que nous estimions un peu précipitées. Heureusement un travail a été fait au niveau de la majorité gouvernementale au Parlement et cela a permis d’amender ce texte sur un nombre d’aspects. Donc, je constate qu’il y a une certaine complémentarité entre l’action de la majorité gouvernementale et celle de la majorité parlementaire.

Cela fait deux ans que vous êtes alliés au PJD. Est-ce que vous pensez à l’avenir de cette alliance ? Autrement dit, allez-vous rester alliés au-delà de 2016 ? Allez-vous affronter les élections communales ensemble comme vous l’avez fait pour les élections parlementaires partielles ?

Le système électoral est tel au Maroc qu’il ne permet pas d’alliance électorale préétablie. Donc, cette question ne se pose pas vraiment dans le cadre du système électoral actuel. Mais dans un point de vue politique, si les raisons qui ont présidé à ce que nous intégrions cette expérience gouvernementale sont encore là, pourquoi pas. Je ne suis pas aujourd’hui en mesure de vous répondre sur le sort de la majorité gouvernementale. Actuellement, je vois que le plus important pour nous, c’est le processus de la mise en œuvre de la Constitution, de la démocratisation soutenue de notre pays, le processus de réformes économiques politiques et sociales menée sous l’égide de SM le Roi Mohammed VI, au-delà des contingences gouvernementales. 
Le PPS qui a célébré ses 70 ans d’existence est un parti qui d’abord et avant tout fait prévaloir l’intérêt national.

Ne trouvez-vous pas que vous vous éloignez un peu trop de la famille de gauche qui, elle, a choisi de rester de l’autre côté, c’est-à-dire dans l’opposition ?

Nous avons eu l’occasion récemment encore de réaffirmer notre attachement aux valeurs de la gauche. Nous demeurons le même parti qui a fait son chemin depuis 70 ans. C’est un parti qui s’adapterait aux réalités nouvelles avec une approche de fidélité à ses origines et à ses principes. Nous ne coupons pas les ponts (nous n’insultons pas l’avenir). Nous sommes un parti de gauche et nous le restons. Et nous n’avons besoin du certificat d’authenticité de personne pour attester de notre positionnement dans la gauche. Je crois qu’il faut avoir suffisamment d’intelligence de la part des différents acteurs concernés dans ce champ-là pour comprendre que nous restons pour notre part attachés à un grand projet de gauche pour notre pays. Je vous accorde qu’on est en train de réunir tous les moyens possibles pour réussir ce grand projet.

Deux chantiers sont devenus ces derniers mois la priorité des priorités : l’enseignement et Casablanca. Comment votre parti voit-il le débat autour de ces chantiers ?

En ce qui concerne l’enseignement, je pourrais vous dire que nous venons d’adresser notre contribution au Conseil supérieur de l’enseignement. Nous considérons qu’il y a un encadrement global de la réforme contenue dans la charte de l’enseignement. C’est le temps d’accompagner cette charte de mesures concrètes et effectives. Nous avons proposé tout cela. L’occasion m’est donnée de faire savoir que la simplification facile considérant que la réforme de l’enseignement est une question de darija et de langue classique ne fait pas partie des approches du PPS. Le problème est plus important, profond et plus compliqué que cela. C’est une question de moyens, de ressources humaines, de schéma de tout un système défaillant et d’ajustements profonds à opérer.

Certes, nous espérons contribuer autant que faire se peut à ce qu’il y ait une reprise en main de notre système éducatif qui concerne les premiers niveaux, et l’enseignement supérieur, mais également la recherche scientifique. Pour ce qui est de Casablanca, nous estimons que cette ville est la locomotive de notre pays en termes économiques, elle est également la vitrine du Maroc. Nous sommes donc heureux que sous l’égide de SM le Roi un électrochoc ait été déclenché pour que cette ville puisse constituer l’un des grands lieux de développement et de grands chantiers du présent et de l’avenir. Avec le SM le Roi Mohammed VI, de grands chantiers de développement ont touché les infrastructures. Nous avons pu atteindre en termes d’autoroutes, d’aéroports, de ports un niveau satisfaisant.

Nous devons désormais faire de nos villes les grands lieux d’aménagement urbain qui permettent de créer de l’emploi, des richesses et enfin de relever le niveau de vie d’une population entière qui est souvent marginalisée dans le processus de développement. Bientôt un grand projet urbain développé va être initié sous l’égide de SM le Roi pour la ville de Marrakech et nous espérons arriver à la même chose à Casablanca. Nous souhaitons que d’autres villes moyennes et petites pourront aller dans le même sens dans le cadre de la politique de la ville. Mais cela nécessite la mise en convergence des différentes politiques publiques afin que nous puissions dans le même espace et en même temps conjuguer les moyens des différents intervenants publics, ministères et autres. Cela va permettre de mieux développer nos villes et de les mettre sur le devant de la scène et partant de régler certains problèmes sociaux.

Comment jugez-vous la situation économique et les perspectives 2014?

Pour l’instant, la situation économique du pays présente un certain nombre d’aspects inquiétants touchant notamment les équilibres macroéconomiques. Nous estimons qu’un simple processus de rigueur ne suffit pas. Dans aucun pays au monde on a pu s’en sortir grâce seulement à des mesures d’austérité. Il y a lieu d’aller en avance bien sûr selon les moyens dont on dispose. Nous souhaitons qu’en 2014 certains chantiers de réformes soient abordés d’une manière courageuse et audacieuse comme la retraite, le système fiscal, la Caisse de compensation. Nous souhaitons qu’il y ait la suite de la mise en œuvre de la Constitution à travers l’adoption de certaines lois organiques sur des thématiques importantes à l’instar de la régionalisation, l’amazighité, l’Institut des langues et bien d’autres questions qui n’ont jamais été touchées. Cette année 2014 sera aussi dédiée à l’adoption des textes électoraux.

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