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Naima Korchi : Les violations dans les camps de Tindouf dénoncées à Bruxelles

© D.R

Le 8 mars a été fêté aux quatre coins du monde en l’honneur de la femme. Naima Korchi, ancienne membre du HCR (Haut-Commissariat aux réfugiés) et militante depuis toujours, a choisi cette date pour dénoncer les conditions des femmes des provinces du Sud qui ont vécu dans les camps de Tindouf. L’événement a eu lieu à Bruxelles et la salle a reçu des témoignages poignants. Selon la militante, « les émotions dans la salle étaient grandes». La directrice de l’Institut pour la sécurité et le développement a su mettre sur le tapis une problématique sensible à un moment crucial. Le lobbying politique devant renforcer la diplomatie marocaine et la communication du Maroc au sens le plus large au-devant des institutions européennes. Les enjeux sont clairs.

ALM : Naima Korchi, vous êtes juriste mais vous avez plusieurs casquettes. Pouvez-vous nous les livrer ?
Naima Korchi : Je suis juriste, spécialisée en droit international. J’ai travaillé plusieurs années aux Nations Unies, ensuite dans le privé. Je suis présidente d’un Institut international pour la sécurité et le développement et j’ai un cabinet de conseil à Paris.

Depuis combien de temps œuvrez-vous pour défendre les droits humains ?
J’ai l’impression d’avoir toujours fait ça, j’étais déjà militante au cours de mes études.

Quelles sont les raisons qui vous ont motivée à embrasser cette voie ?
Je pense que les vocations naissent dans l’esprit de chacun très tôt. Moi, j’ai toujours été révoltée par l’injustice et surtout de ceux qui n’ont pas la possibilité de se défendre. L’injustice pas seulement judiciaire mais aussi socio-économique.

Quelles sont les principales causes que vous défendez et à travers quel organisme ?
La question du Sahara, notamment le volet humanitaire, repose sur la violation des droits de l’Homme des populations séquestrées à Tindouf. Cette vocation occupe la majorité de mon temps d’action. Je le fais au sein de mon ONG ou comme invitée par d’autres organismes. J’interviens notamment auprès des organisations internationales des droits de l’Homme, des Parlements (récemment ceux de l’Afrique du Sud, des pays scandinaves, du Parlement européen). Mais je suis militante sur les questions des femmes et d’aides humanitaires.

J’ai lu à travers la presse que vous avez été agressée verbalement lors d’une conférence de presse par des membres du Polisario car vous défendez les droits humains et vous dénonciez les conditions de vie des femmes séquestrées dans les camps de Tindouf. Pouvez-vous revenir brièvement sur cet incident ?
Oui c’est vrai, je suis souvent la cible des agressions du Polisario ou de son lobby. En plus de ma formation juridique j’ai travaillé plusieurs années au Haut-Commissariat aux réfugiés. Je connais donc très bien la réalité des camps de Tindouf et c’est pour m’empêcher de la divulguer que je subis des pressions et violences ainsi que les membres qui travaillent avec moi.

D’une manière générale, à quel type de contraintes êtes-vous exposée à travers vos responsabilités ?
D’abord sécuritaire. Ensuite mes activités m’obligent à voyager très souvent donc il faut que je sois bien organisée pour pouvoir tout gérer et me déplacer dans des délais parfois très courts.

Un parcours  qui en dit long…

• Titulaire d’un DESS en  Administration internationale, Université  Paris II Assas. France.
• Titulaire d’un DEA  Etudes politiques et juridiques des Etats Africains, Université Panthéon Sorbonne
• Certificat d’Etudes juridiques internationales,  Institut des hautes études internationales de Paris
• Maîtrise de droit privé et Maîtrise de droit privé option carrières judiciaires, Université  Paris II Assas  
Naima Korchi a travaillé pendant 8 ans aux Nations Unies dont 6 ans au HCR en charge du Bureau de Laayoune. Elle a ensuite été consultante internationale durant 3 ans avant de créer son propre cabinet de conseil.

Quelles sont vos recommandations pour que la stratégie des ONG au Maroc soit plus efficiente ?
Il faut saluer le travail des ONG car c’est avant tout du volontariat. Certaines font un travail remarquable avec des moyens limités. La recommandation que je peux donner s’adresse à toutes les ONG, toutes nationalités confondues, c’est de considérer qu’une ONG demande le même sérieux qu’une entreprise et surtout demande beaucoup de disponibilité. Il faut donc d’abord avant de s’engager voir si on a la disponibilité pour du volontariat en plus des autres obligations professionnelles et familiales. Car il y a des personnes qui comptent sur vous…

Quels sont les types de modèles que vous préconisez pour que le processus associatif devienne un véritable vecteur de prises de décision pour l’amélioration des conditions de vie en général d’une société donnée ?
Je suis ravie de voir que les associations sont déjà présentes dans beaucoup de secteurs. Il faudrait qu’elles amplifient leur présence et qu’elles puissent agir avec les dispositifs légaux pour avoir un réel impact. Mais là, je ne sais pas si au Maroc les ONG ont le droit d’ester en justice.
Etudes stratégiques, sécurité et engagement de la société civile : quels sont les ponts entre ces trois paramètres ?
Les trois paramètres en effet se recoupent.
La connaissance des questions géostratégiques me permet de mieux comprendre la complexité des questions sur lesquelles je travaille. Et quant à la société civile, il ne faut pas croire que seuls les gouvernements et donc la diplomatie officielle sont les seuls capables d’agir. Bien au contraire, l’action des ONG est indispensable et elle est complémentaire aux autres actions plus officielles.

Vous avez à travers votre riche parcours un large éventail de femmes défendant les nobles causes à caractère humain. Quelles sont celles qui vous ont marquée dans votre parcours? Pourquoi ?
Je suis de nature un peu rebelle donc je suis toujours admirative des femmes qui se battent pour leurs droits ou pour une cause. Certaines sont célèbres, d’autres et ce sont les plus nombreuses, sont de mon entourage ou que j’ai rencontrées lors de mes voyages.

Un dernier mot peut-être…
Toutes mes actions m’ont enrichie de par les rencontres humaines et l’apport des débats mais deux ont été particulièrement émouvantes. Ce vendredi 8 mars, j’ai organisé une conférence au Parlement européen, et pour la première fois des compatriotes des provinces du Sud qui ont vécu dans les camps de Tindouf et subi de graves violations de la part du Polisario ont pu témoigner devant des parlementaires européens. Leurs témoignages étaient si forts que toute la salle a été saisie d’une émotion intense.
L’année dernière, en mars, j’ai été associée à une conférence en hommage au Roi Mohammed V, à Paris ou j’ai été invitée à parler du rôle de la monarchie dans l’unification du Maroc. J’ai une grande admiration pour notre défunt Roi, père du Maroc moderne.
Un an après je suis encore très marquée par ce que j’ai appris. Un Grand Roi, exemple intemporel d’intelligence et de sagesse.

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