Le gouvernement espagnol vient de créer un précédent en décidant de dédommager la famille d’une victime des actes de terrorisme commis par le Polisario. Récemment, le ministre de la Justice espagnol a affirmé que les ayants droit de Francisco Jimenez Santana recevront un peu plus de 96.000 euros comme dédommagement pour les graves blessures et séquelles subies par Francisco Jimenez Santana, ancien électricien espagnol qui travaillait pour le compte de la société "Phosboukraâ". Le 10 janvier 1976, le véhicule transportant ce dernier avait sauté sur une bombe posée par des membres du Polisario. Francisco Jimenez Santana s’en est sorti avec des séquelles pour la vie : il a perdu la vue, l’ouïe et il est devenu presque entièrement paralysé. Le chauffeur qui l’accompagnait, Raimundo Lopez Penalver, y a laissé la vie.
La décision de Madrid, en vertu de la loi sur la solidarité (adoptée dernièrement), signifie que les victimes du terrorisme polisarien auront le même droit que celles des actes violents de l’ETA ou encore des réseaux islamistes. De ce fait, cette décision veut clairement dire que les autorités espagnoles rangent désormais le Polisario parmi les organisations terroristes. Lucia Jimenez, la fille de Francisco Jimenez Santana, n’est autre que la présidente de l’Association canarienne des victimes du terrorisme (ACAVITE), constituée en septembre dernier et regroupant des dizaines de familles des victimes des actes terroristes commis par le Polisario à la fin des années 1970 et dans les années 1980.
Ainsi, le 20 septembre 1985, une attaque contre le "Junquito", navire de pêche canarien, s’était soldée par la mort d’un pêcheur et la capture de six autres qui seront acheminés vers Tindouf. Intervenu pour porter secours au bateau de pêche, le patrouilleur "Tagomago" a été pris pour cible, le 21 septembre. Les tirs de mitraillettes et de mortiers ont fait un mort et deux blessés parmi les Espagnols. C’est la goutte qui a fait déborder le vase. Ahmed Boukhari, représentant du Polisario en Espagne à l’époque, a été arrêté et toutes les personnes qui se revendiquaient du Polisario ont été expulsées et Madrid a ordonné la fermeture des officines des mercenaires.
Selon la législation espagnole, les crimes de sang ne sont pas prescriptibles. C’est sur cette disposition que les victimes canariennes du Polisario comptent exploiter pour d’éventuelles plaintes en justice (y compris, le cas échéant, devant des juridictions européennes) contre les responsables de la bande de Mohamed Abdelaziz.
Polisario : des crimes et des dates
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