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Amazigh Kateb : «C’est la musique gnaoua qui a ramené l’Afrique dans ma vision du Maghreb»

© D.R

ALM : Après Gnawa Diffusion, Amazigh Kateb entreprend une carrière en solo. Pourquoi ce choix ?
Amazigh Kateb : Je n’ai pas réellement entrepris une carrière solo. J’ai juste mis fin à une histoire qui a duré 15ans maintenant, et cela pour continuer à faire de la musique mais éventuellement à travers d’autres genres, d’autres instruments, sonorités et expériences. C’est en fait un besoin que je ressent de m’exprimer par de nouvelles voies. J’ai monté Gnawa Diffusion à l’âge de 20 ans. Aujourd’hui, j’en ai 36. C’est donc normal car entre-temps, ma manière de penser a changé. Et comme le langage évolue, même le moyen d’expression n’est plus le même. Je pense qu’un artiste n’a pas forcément intérêt à rester installé dans une sorte de confort. En réalité, ce sont l’instabilité et le risque qui existent dans le fait de reprendre les choses à zéro qui appellent la création et la recherche chez un artiste. Il y a des choses vécues dans mon passé que je ne renie pas. Je suis fier de Gnawa Diffusion, du chemin tracé ensemble. Je suis fier aussi de notre public, au sens figuré je vous dirais qu’il faut avoir de grandes oreilles pour écouter ce style musical.

Dans quel univers musical évoluera Amazigh Kateb pour son premier album solo ?
Je n’ai pas encore enregistré mon premier album solo. Ce que je peux dire c’est que je suis toujours dans un univers musical africain, maghrébin, etc. J’ai écrit pratiquement toutes les chansons de Gnawa Diffusion. J’ai toujours la même façon d’écrire. Je compose toujours mes chansons avec le guembri. Donc je pense que les gens qui connaissent Gnawa Diffusion reconnaîtront ma touche dans mon prochain album. C’est peut-être ce qui reste à faire et n’a pas été fait avec Gnawa. Je ne sais pas vraiment vers où cela va me mener. En tous cas, c’est une volonté de changement et de rencontres avec d’autres musique et d’autres musiciens, une volonté de revenir vers un travail personnel. Je n’ai pas envie de devenir esclave d’une histoire que j’ai aimée et qui s’appelle Gnawa diffusion. En fait, c’est une évolution qui tend vers l’ouverture.

Des termes comme liberté, esclavage ou africanité reviennent souvent dans les chansons d’Amazigh. Peut-on dire que vous êtes un artiste engagé ?
En tout cas, je ne suis pas quelqu’un qui garde son opinion pour lui. Et je ne suis pas non plus un artiste qui est là juste pour clamer ses idées. Je parle d’amour et d’autres choses. J’aborde les sujets qui m’inspirent en termes de musique et d’écriture.
Aujourd’hui, pour moi le concept d’artiste engagé ne veut rien dire. C’est quelque chose qu’on a tué dans l’oeuf. C’est un terme qui me fait peur. C’est connoter uniquement le message, alors que ma musique s’adresse aussi au corps. Le texte est important mais aussi le fait de faire bouger les gens, leur donner envie de danser, de faire un mouvement d’ensemble. Le mouvement d‘ensemble est le début d’une révolution : mouvement d’ensemble d’un peuple. Et la danse est le mouvement collectif d’un public ou d’un groupe de personnes. C’est une dynamique très importante parce qu’on est dans une époque où les différentes libertés données sont des libertés illusoires. La vraie liberté ne réside pas seulement dans la parole mais aussi dans l’action. Ainsi dans l’acte musical qui entraîne la danse, on retrouve tout une métaphore de ce que pourrait être une révolution s’il y en a une. C’est-à-dire : tout le monde danse dans le même sens et sur le même rythme. Par exemple, quand je joue devant un public qui comprend l’arabe et le français, je sens dans sa danse une énergie d’insurrection. Il y a quelque chose de révolutionnaire et de combatif. Et cela rejoint aussi le caractère combatif des danses Koyo par exemple. La danse des gnaoua, c’était en fait une danse de combats d’esclaves. Ces derniers n’avaient pas le droit d’apprendre à combattre. Ils maquillaient leurs techniques de combat par la danse.

Peut-on dire que la musique gnaoua fait partie de l’identité culturelle profonde d’Amazigh Kateb ?
C’est évident. Ma première émotion avec cette musique, c’était à l’age de 9 ans. Je l’ai abordée à travers le guembri, même si je ne joue pas du gnaoui traditionnel. Pour moi, c’est la musique gnaoua qui a ramené l’Afrique dans ma vision du Maghreb.

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