Souad Saber : «Je n’aime pas travailler pendant le Ramadan»

ALM : Que représente pour vous le mois sacré de Ramadan?
Souad Saber : Comme la plupart des familles traditionnelles marocaines, les mamans partagent la majorité de leur temps, pendant ce mois sacré de Ramadan, entre les tâches quotidiennes ménagères et l’accomplissement de la prière. Je consacre mon temps aussi à servir ma famille. Quant aux visites familiales, je reçois avec grand cœur tous les membres de ma famille. Suivant ainsi les conseils de ma chère mère, qui me disait tout le temps que la femme trouve son bonheur en restant chez elle. Ma maison devient à cette période sacrée, telle une zaouia. Elle devient un point de rencontre qui renforce et consolide nos liens familiaux.
 
Comment passez-vous l’ambiance ramadanienne ?
Comme tous les musulmans, je consacre mes journées ramadaniennes à prier et à lire le Coran. Je préfère accomplir la prière du «taraouih» chez moi, pour ne pas me déconcentrer en rencontrant des gens à la rue. L’autre occupation principale reste bien sûr servir ma famille, tout en préparant les repas préférés de mes enfants. Juste après la prière du Dohr, j’entre dans la cuisine, et je ne sors que peu de temps avant de rompre le jeûne. En prenant le ftour, je préfère regarder les productions marocaines, en particulier l’émission «Ftour Al Oula» qui nous permet, à nous les artistes, de nous rencontrer et partager quelques moments de joie avec notre public par le biais du petit écran.
 
Quelles sont les productions cinématographiques qui attirent votre attention pendant le Ramadan ?
Je regarde le feuilleton «Tarrikt al battach». Souvent les réalisations cinématographiques marocaines sont mal programmées. Cette année les choses ont changé. Je ne parle pas évidemment des sitcom qui restent un autre sujet à débattre. Je crois que le genre de sitcom qui passe au ramadan peut être diffusé pendant toute l’année et non seulement pendant ce mois sacré.
 Je crois qu’il faut adapter les sujets traités dans ces productions à l’ambiance et l’atmosphère ramadaniennes. Nous avons un patrimoine riche qu’il faut exploiter. Je crois que pendant ce mois sacré, il nous faut présenter des productions religieuses. Tout cela pour respecter le goût du public qui devient encore plus exigeant.
 
Sentez-vous un changement entre le passé et le présent des festivités ramadaniennes ?
Assurément, les traditions ont beaucoup changé. Le luxe est devenu plus présent. Quand j’étais petite, nos parents préparaient de «la Harira» et du «Msmn», et c’était largement suffisant. A présent, la table du ftour est envahie par les différents plats. Auparavant, penser à «Quoi préparé aux invités» était ton dernier souci. Dans nos jours, tu te préoccupes des repas qu’il faut préparer, avant même de les recevoir. Je me souviens également qu’en passant devant les maisons, tu sentais l’odeur de «la Chebakia». Aussi, dans le passé, nous préparions «la Harira» chaque jour. Aujourd’hui, nous la préparons pour deux jours et nous la gardons dans rle éfrigérateur. Le Ramadan avait une ambiance qui a changé aux fils des années. Les gens se réveillaient et préparaient  le «Shor». Nous préparions les crêpes traditionnelles marocaines et autres délices. Mais ces traditions ont beaucoup changé.
 
Travaillez-vous pendant ce mois sacré ?
Je n’aime pas travailler pendant le Ramadan. Nous travaillons toute l’année. Il n’y a pas de mal de consacrer ne serait-ce qu’un mois de l’année à notre famille pour nous rattraper un petit peu. Dans les autres mois de l’année ce sont mes enfants qui se débrouillent pour préparer leur repas. Mais en Ramadan je préfère les servir moi-même. Les gens deviennent également plus nerveux et anxieux pendant ce mois sacré, alors je préfère ne pas travailler. Comme je l’ai dit plus haut, les productions qui vont être présentés doivent respecter la particularité de ce mois sacré. Nous avons, grâce à Dieu, des acteurs et actrices capables d’interpréter des rôles diversifiés et incarnés des personnages tirés de notre patrimoine et culture musulmane.
Il nous faut juste des textes qui soient adaptés à ce genre de sujet.
 
Dernier mot pour votre public.
Je souhaite un bon Ramadan à mon public et aux lecteurs de votre journal. Qu’il profite de ce mois pour passer plus de temps en famille et partager des moments de joie. Qu’il trouve paix et prospérité à l’occasion de ce mois sacré de Ramadan.