Culture

La «jellaba», reine de toutes les circonstances

© D.R

Si vous demandez à ce qu’on vous la décrive, on vous répondra qu’elle est symbole de finesse et de magnificence. Ses plis, ses fronces et ses coutures cachent en eux l’un des plus ensorcelant mystère. Le froissement de cette étoffe chuchote discrètement l’histoire d’un patrimoine riche par sa diversité et ses tendances. En une seule phrase, il s’agit de la «jellaba»: emblème de notre marocanité. En interviewant les Marocains sur la place que revêt cet habit, ils confirmeront unanimement que la «jellaba» est devenue un élément indispensable de notre quotidien. Pour les cérémonies familiales comme pour les festivités religieuses, la «jellaba» est la reine de toutes les circonstances. Tenue traditionnelle par excellence, cette robe marocaine a réussi à se creuser une place inébranlable dans le domaine de la mode à l’échelle nationale et internationnale. Elle a su facilement se convertir d’un simple habit, considéré autrefois comme cache-misère, à une coutume mettant en valeur notre identité marocaine. À l’approche des célébrations religieuses, la «jellaba» s’affiche en force sur la scène vestimentaire. «Jilbab», «jellaba» ou «jellabia», ces mots sont sur toutes les lèvres, notamment durant le mois de Ramadan. Pour prospecter l’ambiance, un petit tour de magasins est indispensable. Dès que ce mois sacré lance ses lueurs, le commerce de Hassan se bonde de clientèle. Ces personnes viennent solliciter le talent de ce tailleur «Jebli» pour leur confectionner soigneusement une «jellaba». «Nous connaissons une forte influence à l’approche des occasions religieuses», souligne Hassan. En effet, elles sont nombreuses à venir dénicher les dernières tendances du marché. Jeunes ou âgées, ces femmes rêvent de jouir de la somptuosité de ce vêtement le plus vite possible. «Comme toutes les mamans , je suis impatiente de voir mon unique fille porter ce merveilleux habit le 26ème jour du Ramadan», nous confie Wafaa, rencontrée dans cette boutique dédiée à l’habit traditionnel marocain. Et de poursuivre «La mienne sera prête pour le jour de l’Aid». Si cette dame est pressée de porter ses tenues, d’autres ne se sont pas privés de toucher à la finesse de la «jellaba» tout le long du mois sacré. C’est le cas de Ihssane qui est à sa 4ème tenue. Son engouement pour cet habit est bien justifié. «Durant ce mois, je préfère baigner dans un univers d’authenticité, de tradition et de pudeur. En cette occasion, j’adopte un mode de vie «tempéré»», déclare Ihssane, casablancaise. Qui dit mode de vie, dit aspect vestimentaire. Cette demoiselle opte pour une tenue alliant confort, tradition et modernité. Pour ce qui est des «jellabas», Ihssane en a de toutes les coupes et de toutes les couleurs. «J’adore personnaliser mon style. Avec l’aide de mon couturier, nous développons des jellabas très à la mode», ajoute cette cliente. Le résultat ne peut être que satisfaisant : Des « jellabas» plus «in» plus «Fashion». Le choix de Ihssane pour cet atelier n’est pas fortuit. Pour elle comme pour l’ensemble de la clientèle, Hassan est un tailleur très ouvert et flexible. Chose qui fait de lui l’un des modélistes les plus prisés de son quartier qui englobe environ dix commerces d’habits traditionnels. «Comme on dit : le client est roi. Je tends toujours à satisfaire ma clientèle en lui offrant une bonne écoute et un bon conseil», affirme le couturier. Certes, écoute, conseil et surtout ponctualité représentent pour cet artisan des outils indispensables.
En outre de ces deux éléments, sa dextérité est sans faille. Pas besoin de croquis, seuls les ciseaux sculptent une œuvre d’art distinguée.
La méthode est simple : il s’agit d’une séance de prise de mesure, suivie quelques jours plus tard d’un essayage . Ainsi votre «jellaba» est prête à être porté une semaine après la demande. Cette rapidité de livraison est tributaire de l’achèvement de l’«âmara» (garniture) à temps. Pour cela toute une ruche de travail répartie entre Casablanca et Sefrou est mise en service. Par ailleurs, la «jellaba» a évolué remarquablement dans le temps. Elle a su se décharger de sa structure figée, pour se livrer à des modèles plus joviaux. «Les tissus ne sont plus fades comme auparavant. De nouvelles textures imprimées ont envahi le marché», déclare Hassan. En ce qui concerne les coupes, les «jellabas» ont troqué leur longueur et largeur contre des motifs plus concis et plus cintrés. La capuche quant à elle n’est plus nécessaire.
«La tendance, cette saison, est aux «jellabas», mi-longues en satin avec des manches courtes», précise le tailleur. Ainsi, ce vêtement peut se porter à la fois sous forme de robe mi-longues, ou sous forme de haut avec des pantalons classiques ou jeans.
Si la « jellaba» a abandonné ses caractéristiques primaires, elle reste, toutefois, fidèle à la main d’œuvre artisanale.
«Trassen», «Sfifa», «Dfira», «Dars» et «Qitane», des techniques de couture traditionnelle qui ne cessent d’enjoliver ce fastueux habit.

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