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Gérard Détourbet : «Duster devrait représenter un tiers des ventes mondiales de Dacia»

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ALM : Quel est le rôle ou le contenu du programme Entry chez Renault ?
Gérard Détourbet : Au sein du groupe Renault, le programme «Entry» a essentiellement pour vocation d’aller à l’international avec des voitures en volume. Cela signifie que l’on démarre un marché Dacia ou Renault, avant même que le constructeur n’y arrive avec ses Renault «normales». Donc, on essaye d’ouvrir et de développer des réseaux. On peut prendre pour exemple le cas de la Russie où l’on propose des voitures sous la marque Renault, mais qui sont en fait des Dacia. Et c’est un marché où l’on a vendu en 2008 plus de 80.000 véhicules, tout en ayant construit un réseau. Donc, le principal but de ce programme, c’est de générer des volumes de vente sur plusieurs marchés mondiaux, tout en mettant en place un réseau, de façon à ce que Renault puisse en profiter pour y vendre ses véhicules normaux.
 
Qu’est-ce qui a prévalu dans le développement du Duster, le premier crossover de Dacia ?
Avec le Duster, l’idée de départ était de créer un véhicule qui permettrait à Renault et Dacia de pénétrer des marchés en expansion, comme la Russie, le Brésil et ceux d’Afrique de façon générale et ce, en étant différents des autres par le prix et par le rapport prix/prestations. Donc le point de naissance de ce produit, comme bien d’autres chez nous (NDLR, Dacia notamment), c’est de réussir à rentrer dans une frange automobile dans laquelle nos compétiteurs sont beaucoup plus chers et où malgré tout il y a de gros volumes et de très grands espoirs de vente.
 
Quel est l’ADN technique du Duster ?
Le Duster a été développé sur la même plate-forme de la Sandero et ses moteurs sont issus de la gamme actuelle de Dacia. En revanche et pour ce qui est de sa partie 4×4, on retrouve le même pont arrière que celui des Nissan Qashqai et Renault Koleos. Il est donc doté de la transmission All-Mode de Nissan. Mais, il sera aussi proposé en deux roues motrices.
 
Combien va peser le Duster sur les ventes mondiales de Dacia?
Honnêtement et à l’heure où je vous parle, je ne saurais répondre exactement à cette question. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que nous avons installé, dans les chaînes de montage de l’usine-mère de Dacia, à Pitesti (Roumanie), une capacité de 150.000 véhicules (NDLR : Duster) par an et que l’on installera 60.000 autres, au Brésil et 60.000 de plus en Russie, ce qui fera déjà 270.000 Duster en année pleine. Voilà déjà une idée assez précise de ce qui est prévu en ce qui concerne la production du Duster. Après, on verra s’il ne faut pas réinvestir et augmenter les capacités. Maintenant si l’on considère que le programme «Entry» compte actuellement à peu près 550.000 véhicules par an, la moitié sous le badge Dacia, l’autre, badgée du logo Renault… on estime alors pouvoir faire environ 280.000 Duster, ce qui représenterait un tiers des ventes totales de Dacia.
 
Est-ce que le succès du Duster ne vous encouragerait-il pas à développer une version courte ?
Il est clair qu’une version courte du Duster a du potentiel et qu’elle est à même de générer des ventes. Mais, on ne prendra la décision de la faire un jour, que lorsqu’on aura une idée des volumes que l’on fera avec. Dacia ne travaille pas dans le marginal ou dans la niche, mais uniquement dans de gros volumes. Car, pour pouvoir atteindre les prix de vente d’une Dacia, il faut inévitablement avoir des coûts de fabrication très bas. Et pour avoir de faibles coûts de production, il faut de longues séries de production. Donc, l’hypothèse d’une version raccourcie ou à trois portes du Duster dépendra surtout de son succès en carrosserie normale.
 
Comment va évoluer la gamme de Dacia dans les années à venir ?
Actuellement, la gamme de Dacia compte six modèles, dont quatre voitures particulières à savoir, Logan, Logan MCV, Sandero et Duster. Maintenant, il est clair que nous n’allons pas en rester là. Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes en construction d’une usine à Tanger et que nous avons déjà annoncé que celle-ci produira deux nouveaux modèles de la gamme Dacia. C’est tout ce que je pourrais vous dire à ce sujet.

Qu’en est-il de l’image de Dacia, restera-t-elle une marque «low-cost» ?
Je pense qu’il faudrait définitivement oublier cette étiquette «low-cost». Dacia est une marque «Entry», d’où d’ailleurs le nom du programme, c’est-à-dire un ticket  d’entrée ou un label d’accès à l’automobile. Je n’aime pas trop cette expression (NDLR: «low-cost»), parce qu’elle donne l’impression que nous avons essayé de gagner de l’argent un peu partout au détriment de la qualité.
Or, les modèles Logan et Sandero ont une très bonne réputation de fiabilité, si bien qu’ils ont permis à Dacia de se classer troisième sur l’ensemble des compétiteurs européens en termes de qualité et de durabilité. Donc, voyez-vous, l’expression «low-cost» me gêne un peu, parce que nous ne faisons pas des voitures au rabais. Je préfère plutôt parler de marque de «voitures accessibles» et qui offrent juste ce dont le client a besoin. Une marque qui ouvre à beaucoup de clients la possibilité d’acheter une voiture neuve, alors que jusqu’à présent, ils n’avaient pas réussi à le faire.

Entre l’écologie, une éventuelle baisse de la demande ou l’arrivée de la concurrence avec des produits similaires… quels seront, à votre avis les défis de Dacia à l’horizon 2015 ?
Je pense que le défi de Dacia sera de se maintenir dans un univers «Entry», notamment dans les 27 pays d’Europe où la marque est présente. L’enjeu sera donc de conserver des niveaux de prix très différents de la concurrence, tout en poursuivant la guerre du CO2. Tel sera notre véritable registre de travail.
 
Après Renault et son «Drive the change», vous ne pensez pas que Dacia devrait également changer de signature, histoire d’améliorer son image ?
Pour le moment nous sommes en train d’y réfléchir. Ceci étant, je suis plutôt partisan d’une image qui monte toute seule à condition que l’on mette suffisamment ses véhicules sur la route. Et pour cela, il faut qu’elle soit performante. Je ne suis pas très constructeur d’image par des mots, mais plutôt par des faits. Et les faits, ce sont les ventes mondiales et tout ce que l’on en tirera en termes de bénéfices d’image et de notoriété. Et justement, dès que l’on va lancer le Duster, soit durant le deuxième trimestre 2010, Dacia va monter en image de marque et en notoriété. Je n’ai aucun doute sur cela. Ce qui est assez impressionnant lorsqu’on fait des enquêtes en Europe auprès des possesseurs de Dacia, c’est que les quatre caractéristiques qui font la marque sont absolument connus des clients et immédiatement reconnus. D’abord, le prix, ce qui est évident. Ensuite, la fiabilité, puis l’espace intérieur et la modernité. Et ce sont ces arguments-là qui constituent la véritable signature de la marque Dacia. Ce n’est pas la peine d’en faire beaucoup plus.

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