Société

Mostafa Hamdi : «Les parents doivent expliquer à leurs enfants en quoi consiste l’école»

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ALM : Comment les enfants vivent la rentrée scolaire ?
Mostafa  Hamdi : De nombreux enfants ont déjà repris le chemin de l’école la semaine dernière, d’autres s’apprêtent à le faire bientôt. Parmi eux, il y aura certainement ceux qui auront leur tout premier contact avec cet univers inconnu qu’est l’école. Cette dernière fera partie intégrante de leur quotidien et ils y passeront beaucoup de temps. Cependant, la rentrée scolaire est toujours vécue comme un grand événement pour les écoliers. Ainsi, chaque enfant aura sa propre réaction le jour de la rentrée. Dans la majorité des cas, les enfants manifestent une angoisse. Certains pleurnicheraient alors que d’autres refuseraient tout juste d’aller à l’école.
 
Quel rôle peuvent jouer les parents dans une telle situation?
Les parents doivent expliquer à leurs enfants en quoi consiste l’école. C’est un événement qui est vécu de façon différente : anxiogène, heureux ou excitant. Il me paraît important que les parents en parlent aux enfants de façon à leur transmettre leur propre sentiment à ce propos et en leur décrivant leur propre expérience . Positiver et rassurer doivent être les mots d’ordre dans toute démarche entreprise par les parents pour faciliter le premier contact de leur enfant avec l’école. Il faut donc évoquer avec lui, bien avant le jour « J », tout sujet susceptible de lui faire aimer l’école. De même, les parents doivent lui dire qu’il aura la possibilité d’avoir plein de copains, qu’il s’y amusera bien tout en apprenant beaucoup de choses nouvelles. Néanmoins, ils doivent éviter de parler de leurs difficultés scolaires car, et c’est prouvé, il n’existe aucune hérédité en la matière ! Faire visiter à l’enfant sa future école facilitera encore davantage le premier contact le jour de la rentrée scolaire. Pour les enfants ayant déjà fréquenté la crèche, l’école s’inscrira dans le prolongement. Toutefois, le passage d’un groupe à un autre ou même d’un établissement à un autre plus grand pourrait susciter une certaine méfiance qui disparaîtra très vite.
           
Que faut-il faire avec les enfants qui détestent d’aller à l’école ?
Même s’ils ont parfois des mauvais jours, la plupart des enfants aiment aller à l’école : ils sont généralement contents de rencontrer de nouveaux amis, apprendre et se retrouver « entre jeunes » sous une supervision autre que celle de leurs parents. Toutefois, pour certains, le milieu scolaire représente un monde à part, ennuyant, voire effrayant, et nous avons l’impression de les envoyer à la torture chaque matin. Si votre enfant semble angoissé, découragé et malheureux, il devient nécessaire de s’interroger sur cette situation afin d’y remédier efficacement.
 
Quelques sont les raisons possibles ?
On peut envisager plusieurs causes pour expliquer les craintes de votre enfant face au milieu scolaire. En voici quelques-unes:
• Le jeune connaît des difficultés d’apprentissage :  les troubles d’attention et de concentration, Ces troubles amènent chez l’enfant un sentiment d’échec et une pauvre estime de soi. Il ne veut donc plus aller à l’école pour être confronté à ces émotions négatives.
• L’enfant a des problèmes psychologiques : l’anxiété, les crises de panique….
• Le maître ou la maîtresse ne lui «convient» pas,  il est impossible d’aimer tout le monde, mais le problème devient encore plus important quand on doit passer de longues heures en classe, sous l’autorité de cette personne! L’enseignant est peut-être trop sévère, crie trop fort, se moque des élèves… Attention, il s’agit ici de la perception qu’a votre enfant et pas toujours de la réalité!
• L’enfant surprotégé (ou n’ayant jamais été éloigné de ses parents) vivra souvent une angoisse de la séparation. C’est surtout le cas de très jeunes enfants qui n’ont jamais fréquenté de garderie.
• L’enfant violent, impulsif ou agressif, qui ne supporte pas l’autorité et a des problèmes de comportement peut, lui aussi, se sentir rejeté et refuser d’aller à l’école.
•  Le jeune ne parvient pas à se faire des amis : si votre enfant est très timide, il est possible qu’il s’isole, volontairement ou non, pour ne pas avoir à parler aux autres. Cette solitude peut être difficile à vivre et créer un dégoût de l’école.
 
Quelles sont les solutions?
Tout d’abord, sachez que chaque situation est unique et qu’il n’y a pas de solution miracle. Pour aider votre enfant à aimer l’école, vous devez avant toute chose parvenir à cerner exactement son problème. Il faut d’apprendre à communiquer. On ne le répétera jamais assez, il faut absolument prendre le temps de parler à votre enfant, de lui poser des questions, de chercher à savoir ce qui le dérange. Il n’est pas toujours évident de faire parler un gamin, mais beaucoup de patience, d’amour et d’encouragements devraient vous permettre de recueillir des informations sur ses sentiments et ses craintes. Il faut réconfortez votre enfant : soyez compréhensif et ouvert au dialogue, rappelez-lui toutes les bonnes choses de l’école (l’étude, les amis, les sorties, etc.). Il faut, en plus, l’amener à comprendre qu’il n’a pas vraiment le choix : l’école est obligatoire et tous sont tenus d’y aller. Si vous proposez à votre enfant de le changer d’établissement scolaire et qu’il semble enthousiaste à cette idée, il est fort possible que ses craintes soient créées par une situation (ou une personne) précise.Il est important de contactez son enseignant : après vous, c’est sûrement la personne la plus apte à comprendre le problème de votre enfant. Ayant une grande expérience du milieu éducatif, il ou elle sera en mesure de vous conseiller et vous orienter vers d’autres spécialistes si cela lui semble nécessaire.
 
Qu’en est-il de la phobie scolaire?
Bien que certains enfants «simulent» des symptômes pour éviter d’aller à l’école, d’autres expérimentent régulièrement de réels troubles physiques : crises de larmes, maux de ventre, vomissements, panique : cela est bien sûr anormal. Il peut s’agir d’une maladie réelle, la phobie scolaire. Les enfants qui en souffrent connaissent une peur panique de l’école, au même titre que d’autres phobies plus connues (araignées, agoraphobie, etc.). Il convient de prendre ces troubles très au sérieux et de consulter des professionnels afin d’aider votre enfant à surmonter sa peur. Souvent, et heureusement, le refus d’aller à l’école n’est que passager. Il peut apparaître ou disparaître d’une année à l’autre, voire d’une semaine à l’autre. Il n’est donc pas nécessaire de s’inquiéter outre mesure et de dramatiser une situation qui ne serait que provisoire. Tâchez simplement de rester à l’écoute de votre jeune et prenez au sérieux ses réactions et ses plaintes. Si le problème semble vraiment important, nul doute que vous vous en rendrez compte au moment opportun!

Quel est le rôle du pédagogue dans ce sens ?
Lorsqu’on constate un défaut chez un enfant, il faut s’arrêter un instant et méditer sur la nature et la cause de ce défaut. Quel en est le motif? A quoi est-il dû ? Quels sont les facteurs qui ont pu détourner les enfants de l’activité utile pour les inciter à de tels agissements. Saisissant ces facteurs, nous nous efforcerons de les écarter. Pour que cette tâche soit réalisable, il nous faut nous placer dans un bon rapport affectif avec l’enfant, gagner sa confiance, afin qu’il se confie à nous, qu’il nous ouvre son âme et que nous puissions le comprendre dans sa structure intime. Dans ces conditions seulement, notre rôle  se montrera efficace. Je considère comme absolument impossible que quelqu’un arrive à pareil résultat s’il engage une lutte avec l’enfant. Dans une situation difficile, l’enfant présentera toujours des défauts. Il faut renoncer à tout système punitif et abandonner la conception exigeant une punition immédiate de l’enfant. Les parents d’enfants difficiles disent souvent : nous avons essayé la bonté, c’était sans succès. Nous avons essayé la sévérité, c’était également inutile. Que devons-nous faire ? Il ne faut pas s’imaginer que je considère la bonté comme un moyen thérapeutique passe-partout ; mais elle est nécessaire pour gagner l’enfant à notre action éducative visant une transformation totale de sa personnalité. Car les défauts infantiles qui nous frappent et constituent le point de départ de notre intervention ne représentent que la surface du problème.

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