Société

Le masque est tombé

© D.R

Les Camps de Lahmada à Tindouf c’est l’enfer sur terre. Ici, au sud de l’Algérie, sont séquestrés depuis plus de 20 ans des centaines de Sahraouis marocains. Les conditions d’existence y sont atroces, voire inhumaines. Soumis à un régime de quadrillage dictatorial, privés du droit de s’exprimer et de circuler, ces prisonniers malgré eux, que le polisario tout à sa politique de mystification considère comme des réfugiés, n’ont d’autre choix que de se montrer dociles sous peine de subir les foudres des membres du polisario. Les tortionnaires ne sont pas loin.
Chaque semaine, une dizaine de Sahraouis arrivent à s’évader de ces camps de la mort pour rallier le Maroc. Les témoignages des rescapés montrent tous une seule chose: la cruauté qui y règne au quotidien sur fond de privations, de répression et de misère morale. Ces témoignages furent rassemblés dans un document intitulé “La vérité sur l’univers carcéral du polisario au sud de l’Algérie“. Edité par trois associations dont les membres sont des anciens des camps de Lahamda (Comité pour le regroupement des Familles Sahraouies, association des parents des Sahraouis victimes de la répression dans les camps de Tindouf (Pasverti) et association Al Massira pour la défense des droits des séquestrés et prisonniers marocains aux camps e Tindouf), ce livre dénonce les exactions perpétrées par le polisario à l’encontre des rescapés. Les récits de ces derniers se succèdent.
Chacun, à visage découvert, raconte sa mésaventure et les châtiments qu’il a subis de la part des tortionnaires de la bande à Abdelaziz. Tragique. Porte-parole de Pasverti, Ahmed Kher a passé 13 ans et 5 mois dans les geôles du polisario avant de regagner la mère patrie en 1995. Ce natif de Laâyoune en 1955 décrit les méthodes de torture utilisées par les bourreaux : “ un groupe constitué de 10 personnes voilées portant des câbles électriques emmenait chaque prisonnier et lui assenait des coups, sans épargner aucune partie de son corps. Ils ne cessaient que quand la personne s’écroulait“ (…). Ahmed Kher s’en est tiré avec beaucoup de séquelles encore visibles sur son corps. Un autre rescapé témoigne de son calvaire. Saâdi El Ouali Salek Ould M’barek, alias Mandela, trimbalé d’un lieu de détention à un autre, a enduré les pires châtiments corporels durant 14 ans et 6 mois. Une autre victime décrit ses souffrances. Né à Dakhla en 1943, El Hadi Omar Yahdih Ould Abdelhay, 8 ans d’emprisonnement et de sévices, écrit : “ la prison où l’on m’a amis était à Rabouni (QG du polisario) où j’ai subi toutes sortes de torture, puis des travaux forcés, creusement de tranchées entre autres.
Ensuite, je fus transféré à la prison Errachid, où j’ai le plus souffert de méthodes de torture. On m’introduisait dans un trou étroit et trop profond. On me battait avec des câbles électriques et on m’obligeait à m’asseoir sur des instruments et corps provoquant des souffrances“. C’est dans cette atmosphère de terreur et de répression que sont maintenus contre leur gré des centaines de Saharouis marocains qui ne demandent qu’à rentrer chez eux. Ces récits d’horreur et de malheur révèlent le vrai visage du polisario. Une organisation criminelle qui a longtemps caché son jeu et trompé la communauté internationale en se glissant dans l’habit de “peuple martyr spolié de sa terre“ pour s’attirer la sympathie de l’opinion mondiale. Voire… Le masque est tombé. Finie la mascarade. Les tortionnaires du polisario, qui doivent répondre leurs actes devant la justice internationale, sont doublés aussi de voleurs de l’aide internationale destinée initialement aux gens précarisés des camps. D’abord, le polisario a commencé par mentir sur le nombre exact des populations. Aux organisations humanitaires, il a donné le chiffre de 165.000 alors que les séquestrés, y compris les hommes enrôlés dans leur machine armée, ne dépassent guère les 50.000.
L’objectif inavoué de cette exagération est de recevoir une aide importante. Sur cette base, le polisario a bénéficié d’une assistance pendant plus de 20 ans. Si seulement, cette aide était utilisée totalement pour subvenir aux besoins des pauvres séquestrés. Non. L’excédent obtenu par le mensonge était détourné pour alimenter les comptes des pontes du Polisario et de leur chef. Ainsi, des centaines de tonnes de denrées alimentaires, de médicaments et de biens divers sont régulièrement vendus dans un marché parallèle dans le sud algérien (Tindouf, Bechar, Laabadla, Oum Laassel, Adrar) et dans le nord de la Mauritanie (Bir Morgein, Ain Bentili, Lehfira, Zouerat, Nouadhibou, Choum et Atar). Un document circonstancié publié par les trois associations précitées fait état de cette affaire et rapporte des témoignages d’organisations humanitaires qui se sont fait rouler dans la farine. L’exemple de l’association “Enfants réfugiés du monde“ illustre ces opérations de vol à grande échelle.
Mme Mireille, secrétaire générale de cette organisation a surpris elle-même le Polisario en flagrant délit de détournement d’un matériel acheté en 1992 au profit des population des camps de Tindouf. Ayant constaté elle-même la mauvaise foi du polisario, Mme Mireille a cessé dès lors de lui fournir toute assistance. Le polisario n’est en fait qu’une bande de tortionnaires et d’escrocs sans foi ni loi qui ont instrumentalisé la souffrance des populations des camps pour se remplir les poches. Sous le mirage et la mystification, la lumière de la vérité finit toujours par pointer.

• Abdellah Chankou
[email protected]
Envoyé spécial à Laâyoune

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