Culture

Production pour la télé : La procédure ne fait pas l’unanimité

© D.R

En cette rentrée, la majorité des réalisateurs TV se penchent sur la conception de scénarios consacrés aux œuvres télévisées. Et pour cause, certains postuleront à l’appel d’offres prévu, selon leurs dires, bientôt pour sélectionner lesdits scénarios.

«Nous nous préparons pour les appels d’offres afin d’envoyer les dossiers avant le 20 septembre courant. C’est une période assez importante de l’année outre celle du Ramadan», précise le réalisateur  Driss Roukhe. Cependant, cette procédure, prévue par les cahiers des charges fixant les conditions et les formes de conclusion des contrats  de production externe ou de coproduction de programmes audiovisuels, fait plus de mécontents que d’heureux bien que les premiers soient professionnels. Alors pourquoi cela fait grincer des dents autant de réalisateurs ?

Les cahiers des charges, une bête noire ?

«Je n’ai pas la même chance qu’auparavant. Je postule en fonction des critères prévus par les cahiers des charges qui m’ont, en fait, bloqué. J’ai beau changer de concepts à chaque fois que je participe aux appels d’offres, mes scénarios ne sont pas admis !», confie un réalisateur et producteur ayant requis l’anonymat en rappelant que plusieurs producteurs ont fermé leur société à cause de ce blocage. «La situation est grave !», enchaîne l’interlocuteur dont le point de vue est partagé par d’autres réalisateurs qui relayent les mêmes propos. «Les appels d’offres sont handicapants pour la télévision. C’est une démarche qui prend beaucoup de temps», estime Lhoucine Faouzi, directeur de la société de production Faouzi Vision, qui prépare une nouvelle saison de la série documentaire, très réussie, il faut le dire, «Amouddou». Et ce n’est pas tout ! Les cahiers des charges en question prévoient des conditions qui ne correspondent pas aux capacités économiques de l’ensemble des sociétés de production. «Le seul inconvénient réside dans la garantie financière qu’il faut bloquer dans la banque. Hélas, les petits producteurs ont du mal à disposer d’une telle garantie», indique le réalisateur et producteur Abdeslam Kelai, qui est en plein tournage de la série télévisée «Ain Al Haq».

Des détours par les commissions ?

Si certains réalisateurs se plaignent des cahiers des charges, d’autres pointent du doigt les appels d’offres. «La méthode des appels d’offres telle que pratiquée actuellement est à revoir parce que tous les membres de la commission sont désignés par la même personne. Ce qui ramène la commission à une seule voix», estime le réalisateur et producteur, Latif Lahlou, qui est en pleine écriture d’un projet personnel et en développement du projet d’un collègue qu’il compte produire l’année prochaine. «Par ailleurs, des bruits courent pour dire que souvent on commence les préparations des tournages de quelques feuilletons ou séries avant les délibérations de la commission», révèle M. Lahlou en proposant des solutions. «Pour faire taire toutes ces mauvaises langues, il y a lieu de définir la ligne éditoriale de chaque chaîne et préciser les objectifs de chaque programme, de former des commissions paritaires et de publier les avis de chaque membre des commissions et les motivations des choix opérés», ajoute-t-il. Cependant, ces commissions veillent, à leur tour, à respecter les dispositions des cahiers des charges. 

Les motifs des commissions de sélection

Selon une source proche du dossier au sein d’une chaîne marocaine, «le choix des scénarios est fait à l’unanimité». Quant au président de la commission, il est, selon la même source, «désigné lors de l’ouverture des dossiers ayant soumis à l’appel d’offres». Ceci étant, la commission est composée de 4 membres de la chaîne et 4 membres externes. Dans l’ensemble, la commission est nommée par le conseil d’administration de la chaîne. «Après quoi, la commission, ayant reçu les scénarios, vérifie le dossier administratif de la société de production avant d’aborder le volet artistique», détaille la même source en précisant que tous les membres de la commission lisent les scénarios après sélection unanime. «Une fois le choix est fait, c’est une autre commission, soit celle financière, qui intervient», enchaîne ladite source qui explique que cette commission financière étudie les devis relatifs aux scénarios sélectionnés pour délibérer à son tour dans ce sens. «Cette commission adresse par la suite un rapport à la première commission pour valider le choix. Puis, le résultat définitif est soumis au conseil d’administration de la chaîne pour approbation. In fine, les résultats sont publiés et les contrats sont conclus avec les réalisateurs», poursuit la même source qui estime que «c’est normal» que les appels d’offres fassent des mécontents. Ceux-ci n’étant lancés que deux fois par an alors que les boîtes de production se chiffrent à plus d’une centaine à peu près. «D’autant plus que les producteurs postulant aux appels d’offres ne dépassent pas une dizaine», ajoute la source qui estime que «c’est aux producteurs d’adapter leur concept au budget alloué par la chaîne à l’appel d’offres».

Le satisfecit des chanceux

Pour les réalisateurs et producteurs ayant déjà remporté ces appels d’offres, ceux-ci instaurent, comme l’indique Abdeslam Kelai, «l’égalité des chances» puisque tout le monde peut y postuler. «Les appels d’offres permettent plus de transparence contrairement à une période antérieure marquée par les affinités. Les boîtes de production  font des efforts pour remporter ces appels d’offres qui incitent également les scénaristes à plus d’engagement», estime le réalisateur Mohamed Ali El Mejboud. «Plus encore, les appels d’offres offrent la possibilité de déposer des projets selon chaque spécialité et genre télévisé. Comme ils permettent de préparer son texte, casting et repérage au préalable», avance, pour sa part Driss Roukhe qui prépare un thriller psychologique intitulé «Jrada Malha».

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