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Qu’est-ce qui cloche dans nos Urgences ?

© D.R

11 millions de passages ont été enregistrés entre 2015 et 2016

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Malgré les réalisations et les efforts déployés par la Direction des hôpitaux et des soins ambulatoires (DHSA) ainsi que les autres directions techniques du ministère de la santé, ce service souffre d’une forte pression.

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Les Urgences au Maroc ont mauvaise presse. Une réputation qui s’assombrit, notamment après l’affaire du décès de la petite Idya de trois ans originaire de Tinghir et qui a créé une véritable polémique au Maroc. Cette affaire n’a pas arrangé l’image détériorée des Urgences au Maroc. Qu’est-ce qui cloche alors dans nos Urgences? Malgré les réalisations et les efforts déployés par la Direction des hôpitaux et des soins ambulatoires (DHSA) ainsi que les autres directions techniques du ministère de la santé, ce service souffre d’une forte pression. Selon Ahmed Boudak, directeur de la DHSA, «11 millions de passages ont été enregistrés aux services d’accueil des Urgences au Royaume entre 2015 et 2016, soit à peu près un citoyen sur trois, avec tout ce que cela signifie en termes de charge de travail pour le personnel, de stress, de consommation de médicaments, d’utilisation des plateaux techniques hospitaliers de plus en plus performants et de plus en plus coûteux, de transport sanitaire et de transferts inter-hospitaliers par ambulance, voire par un hélicoptère sanitaire hospitalier (Héli-SMUR), d’indemnités de gardes et d’astreintes». Et de poursuivre : «Il y va de simples sutures à des actes chirurgicaux lourds, délicats et coûteux aussi bien de la chirurgie cardiaque que de la neurochirurgie, de traumatologie ou de réanimation pour ne citer que ces disciplines. Sachant que nos professionnels de santé veillent à la qualité et à la sécurité des soins que le contexte des Urgences impose». M. Boudak explique que «cette forte pression au sein des services des Urgences et la pénibilité qui s’en suit crée un certain nombre de malaises parmi les professionnels de la santé d’abord mais aussi chez les gestionnaires de ces services et chez les directeurs des hôpitaux mais également les élus et les pouvoirs publics. Ces performances ne sont pas récompensées de l’autre côté et aucune incitation ou de motivation n’est mise en place. Sachant que le rôle des hôpitaux publics est organisé conformément à leur mission qu’ils assurent leur offre de soins en rapport avec des considérations d’intérêt général dans les territoires qu’ils desservent tout en veillant à l’application d’un traitement conforme aux besoins médicaux du patient».

L’offre de soins d’urgences médicales dans le secteur public est organisée selon trois niveaux

Depuis son lancement officiel par SM Mohammed VI le 5 mars 2013, le Plan d’action des urgences médicales 2012-2016 constitue un axe d’intervention privilégié dans le Plan sectoriel santé pour la même période.

Actuellement l’offre de soins d’urgences médicales dans le secteur public est organisée selon trois niveaux, à savoir l’urgence médicale de proximité qui est une structure extra-hospitalière relevant de la première ligne, plus légère qu’un service d’urgence. Si elle ne peut pas traiter tous les cas, elle permet d’avoir un bon maillage du territoire et une réponse rapide pour les urgences les plus courantes. Ces Urgences médicales de proximité ont totalisé en 2016 un nombre total de 228.749 passages répartis sur l’ensemble des UMP (environ 74) dans l’ensemble du Royaume. Puis il y a les Urgences médico-hospitalières, cette unité d’urgence située dans un site hospitalier bénéficie des avantages d’une installation comptant des lits d’hospitalisation de courte durée où sont offerts, dans un délai approprié et par une équipe interdisciplinaire de professionnels s’appuyant sur des moyens adéquats, des services comprenant le triage, l’accueil, l’évaluation, la stabilisation, les examens et le traitement, dans le but de répondre à une condition médicale urgente et de prendre une décision éclairée quant à l’orientation du patient.


Ces unités d’urgence sont ouvertes 24h/24 et se subdivisent en deux niveaux, Urgences médico-hospitalière de base (UMHB) et Urgences médico-hospitalière complète (UMHC). La première unité prodiguée au niveau des hôpitaux locaux, hôpitaux provinciaux et préfectoraux. Ces unités d’urgence de ce niveau offrent des services médicaux continus généralement assurés par des médecins omnipraticiens. Ces installations doivent posséder une technologie diagnostique et thérapeutique ainsi que des lits d’hospitalisation. L’équipe médicale sur place assure l’accessibilité des soins 24h/24, 7j/7, de même que les services de chirurgie générale.

Pour le directeur des hôpitaux et des soins ambulatoires, «la responsabilité de la formation incombe au ministère de l’enseignement supérieur. Quant aux ressources humaines, le responsable dépend du budget du ministère dont les postes budgétaires sont à même de combler le déficit des effectifs partis à la retraite et les besoins nécessaires pour le fonctionnement minimum suite à l’ouverture des nouvelles structures». Et de poursuivre que «le ministère de la santé a lancé, en janvier 2016, «Chikaya», un service de gestion des réclamations et des doléances de la population avec trois canaux d’accès en présentiel, par téléphone ou par Internet, et que toutes les réclamations ont une suite».

L’heure du bilan

Des réalisations importantes ont porté sur les cinq axes d’intervention de ce plan. Ainsi, en matière d’amélioration de la prise en charge des Urgences en pré-hospitalier et en hospitalier, les principales réalisations se résument en la création et la mise en place, au niveau des chefs-lieux des centres de santé (CSCA et CSUA) des zones insuffisamment couvertes par le réseau hospitalier, de 64 unités de soins d’urgences médicales de proximité «UMP» dotées de lits d’hospitalisation de courte durée, équipées en moyens et matériels d’urgence et prodiguant en permanence des soins d’urgence basiques. Sans oublier de mentionner l’aménagement et l’équipement de 23 services d’urgences hospitalières dont 16 pour les Urgences médico-hospitalières de base (UMHB) et 7 pour les Urgences médico-hospitalières complètes (UMHC). Ainsi que le renforcement et la mise à niveau du parc ambulancier par l’acquisition et la répartition aux provinces à besoin d’un total de 393 ambulances réparties en 256 ambulances de type B et 137 ambulances de type A dont 15 avec couveuses. Ainsi, l’objectif initial qui était l’acquisition de 200 ambulances a largement été dépassé.

Par ailleurs, les réalisations en matière du renforcement de la formation et de l’encadrement du personnel ont été conduites en étroite collaboration avec la direction des ressources humaines, l’Ecole nationale de santé publique et les partenaires de la coopération bilatérale et internationale. Nous résumons ces réalisations en : la création de 11 Centres d’enseignement des soins d’urgence (CESU) pour la formation initiale et continue en gestes et soins d’urgence. Cinq CESU de niveau I sont rattachés aux CHU et les 6 autres de niveau II sont rattachés aux CHR. Ces différents CESU sont opérationnels et contribuent au renforcement des compétences des professionnels des Urgences. Il est à noter que pour la première fois au Maroc, une formation destinée aux sourds-muets a été réalisée au CESU au profit de 20 participants en décembre 2015. Également, afin de contribuer à l’amélioration de la prise en charge des Urgences médicales par les professionnels exerçant dans la chaîne des urgences, des sessions de formation et de renforcement des compétences de ces professionnels ont été organisées. A titre d’exemple on peut citer la formation, avec l’aide de l’Agence française de développement, l’Agence espagnole de coopération internationale et l’OMS, de 144 professionnels exerçant au niveau des services des Urgences hospitalières et des Urgences médicales des régions de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’Oriental, Souss-Massa et de Fès-Meknès.

En matière de la réglementation du fonctionnement des différents intervenants en Urgences pré-hospitalières, le ministère a piloté des réunions pour l’élaboration de projets de loi sur le transport sanitaire et de loi sur les urgences pré-hospitalières. Les deux projets de loi ont été fusionnés en un seul projet de loi qui est en cours. Certes, l’ensemble des réalisations obtenues dans le cadre du Plan d’action des urgences médicales 2012-2016 a permis d’apporter une grande amélioration des prises en charge des Urgences hospitalières et pré-hospitalières. Toutefois, la pression croissante sur les services d’Urgences ne cesse d’augmenter, ce qui fait sortir au premier rang la nécessité de renforcer et améliorer l’accueil au niveau des différents établissements de la santé surtout ceux hospitaliers afin de diminuer le stress vécu à la fois par le personnel soignant, les malades et leurs accompagnateurs.

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