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Prévisions pour 2019 : Notre économie est-elle à bout de souffle ?

© D.R

L’activité agricole aurait terminé l’année 2018 avec des performances remarquables aussi bien pour la céréaliculture que pour les cultures maraîchères et l’arboriculture.

La croissance économique nationale est prévue à 2,9% en 2019 après 3% en 2018 et 4,1% en 2017. C’est ce que confirme le Haut-Commissariat au Plan (HCP) lors de la conférence de presse sur la situation économique nationale en 2018 et ses perspectives en 2019 qui s’est déroulée le 16 janvier 2019 à Casablanca. Ralentissement de la croissance, rythme modéré de croissance des activités non agricoles, légère hausse de l’inflation, baisse du taux de l’épargne nationale, aggravation du besoin de financement de l’économie, accentuation du taux d’endettement global… le HCP a mis en exergue les principaux indicateurs macroéconomiques en 2018 et 2019.

Après avoir décrit un contexte international marqué par une croissance au ralenti passant de 3,6% en 2018 à 3,5% en 2019, Ahmed Lahlimi Alami, haut-commissaire au Plan, a dévoilé qu’au niveau national, l’activité agricole aurait terminé l’année 2018 avec des performances remarquables aussi bien pour la céréaliculture que pour les cultures maraîchères et l’arboriculture. La valeur ajoutée agricole aurait augmenté de 3,9% ajoutant 0,4 point à la croissance économique et le redressement de l’emploi amorcé en 2017 se serait poursuivi avec la création de 9.000 postes, souligne M. Lahlimi. Dans cette dynamique, les échanges commerciaux de produits agricoles se seraient intensifiés enregistrant un excédent de la balance alimentaire de 6 milliards de dirhams.

Pour sa part, la campagne agricole 2018-2019 a connu à son démarrage une pluviométrie importante qui a amélioré les réserves des barrages agricoles et mené à une mobilisation des agriculteurs et une préparation technique, professionnelle et logistique précoce. Le Haut-Commissariat au Plan explique que sur les 30 dernières années, les campagnes agricoles qui avaient démarré dans des conditions identiques s’élèvent à 6 plaçant de 74% la probabilité de converger vers une saison bonne à moyenne. Dans ce sens, le cadre du budget économique prévisionnel 2019 retient l’hypothèse du retour probable d’une pluviométrie hivernale d’une saison normale. Pour les activités non agricoles, elles continueraient leur évolution modérée enregistrant 3,1% contre 2,9% en 2018. Toujours en deçà de leur performance réalisée entre 2007 et 2011, les branches tertiaires représenteraient plus de 64% de cette hausse.

La croissance des branches secondaires resterait pour sa part moins soutenue. Elles sont portées essentiellement par une légère accélération du rythme de la croissance manufacturière. Soutenue d’habitude par les industries agroalimentaires et chimiques, l’activité manufacturière poursuivrait son rééquilibrage au profit des nouveaux métiers industriels dont l’automobile. Par ailleurs, l’activité minière marque un retour vers son niveau tendanciel, après une forte augmentation en 2017.  De son côté, l’activité de la construction resterait également en deçà de sa dynamique réalisée entre 2007 et 2012. Et pour cause, elle est «plombée par le repli des investissements étrangers dans l’immobilier et la décélération du rythme de croissance du pouvoir d’achat immobilier des ménages, de +9,7% en moyenne entre 2005 et 2009 à + 2% entre 2010 et 2018», indique le HCP. 

Dans son décryptage de la situation économique du pays, le haut-commissaire au Plan prévoit une décélération de croissance de la demande intérieure en 2019. Celle-ci afficherait un taux de croissance de 3,6% en 2018 et de 3,4% en 2019 «sous l’effet d’une légère hausse de la formation brute du capital fixe de 2,9% en 2018 à 3,2% en 2019 et d’une faible croissance de la consommation finale des ménages se situant à 3,5% en 2019, au lieu de 3,4% en 2018». Tandis que la consommation publique va enregistrer une hausse de 2,9% en 2019, après un taux de croissance de 2,2% en 2018. Par ailleurs, la participation de la demande extérieure à la croissance du PIB serait négative à cause de la persistance de l’écart entre le rythme de croissance des importations et celui des exportations.

En termes de chiffres, les exportations de biens et services afficheraient une hausse de 5,9% en 2019 contre une croissance de 4,9% enregistrée en 2018, soit un ralentissement par rapport à l’année 2017 qui affichait une hausse de 10,9%. En 2019, les importations devraient progresser de 6,4% contre 6,1% en 2018. A cela s’ajoute une aggravation du besoin de financement de l’économie, qui passe de 3,7% du PIB en 2017 à 4,5% en 2018 avant de s’alléger légèrement à 4,3% en 2019. Dans le détail, l’effort d’investissement serait au ralenti. Il est passé de 32,4% du PIB en 2018 à 32% en 2019. Dans ce contexte, l’endettement public global passe de 82,2% du PIB en 2018 à 82,5% en 2019 (contre 82% en 2017). Concernant les devises, le marché monétaire prédit une amélioration des réserves passant de 230 milliards de dirhams en 2018 à 235 milliards de dirhams en 2019. 

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Comment sortir de «la trappe» ? 

Les études conduites par le HCP dévoilent que le Maroc dispose d’un grand nombre d’opportunités de diversification pour divers produits. Dans une première estimation, le HCP a recensé 3.500 nouveaux produits. Il s’agit d’un champ ouvert pour les petites entreprises qui pourraient contribuer à améliorer la croissance de l’économie marocaine et réduir par là le niveau des inégalités socio-économiques actuelles. Lors de cette conférence de presse, Ahmed Lahlimi Alami a souligné qu’en 2012, les signes d’essoufflement du modèle national de développement ont déjà été pressentis.

«Nous avions lié à chaque fois l’origine structurelle non pas à ce rôle moteur de la demande intérieure dans la croissance économique mais à l’insoutenabilité de son financement». Pour la haut-commissaire au Plan, trouver une solution à cette question devrait être actuellement au cœur des objectifs des politiques publiques dans notre pays. A cet égard, le HCP a pris pour exemple deux périodes.

Ainsi, entre 2000-2012 et 2013-2017, la croissance en volume de la demande intérieure est passée respectivement de 5 à 3,1%, les dépenses de consommation finale seraient passées de 4,3 à 2,9% et la formation brute du capital fixe de 6 à 1,2%. En parallèle, la valeur ajoutée générée par notre économie reculait de 4,6 à 2,6% et le PIB de 4,6 à 3,4%. Ce qui explique le besoin croissant de financement de l’économie nationale. Celui-ci est passé de -1,2% du PIB à -4,8% entre les deux intervalles de temps.

«La baisse du rythme de croissance ne devrait être que l’expression d’une politique contrainte. Elle aurait vocation à compromettre la croissance potentielle future du pays. Elle serait d’autant plus injustifiable que l’intensité capitalistique qui mesure le stock de capital par actif occupé reste encore inférieure à celle des pays émergents et en développement», explique M. Lahlimi ajoutant que ce serait une regrettable rupture avec le volontarisme adopté depuis les années 2000 par le Maroc dans ce domaine où le taux d’investissement (entre 30 et 33%) était le plus élevé parmi ces pays en dehors de la Chine.

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