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Casablanca et Rabat, deux villes surendettées

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Elles génèrent 400 milliards de dépôts et consomment 600 milliards de crédits

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La métropole absorbe le plus grand encours. Elle ressort ainsi endettée à hauteur de 548,02 milliards de dirhams.

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Casablanca continue de vivre à crédit. C’est du moins ce que l’on peut constater des données arrêtées par la direction de la supervision bancaire relevant de Bank Al-Maghrib. Certes, aucun changement notable n’est à relever quant à la prépondérance financière de la métropole mais ce qui est à souligner est que le déséquilibre persiste toujours entre les dépôts collectés et les crédits distribués au niveau de cette localité. Un écart mesuré à environ 234,11 milliards de dirhams à fin décembre 2018. Les chiffres relevés à fin décembre 2018 à partir des déclarations de l’ensemble des guichets couvrant le territoire national font ressortir des dépôts d’un total de 929,34 milliards de dirhams contre un financement dépassant les 894 milliards de dirhams au Maroc.

Casablanca, de par sa taille, la capillarité de son réseau bancaire et son emplacement géographique se taille la part du lion. La métropole capte, à fin 2018, 33,7 % des dépôts collectés et 62 % des crédits distribués sur toute la période. En effet, Casablanca avec ses 1.375 guichets a réussi durant l’année 2018 à collecter des dépôts de 313,90 milliards de dirhams. Pour ce qui est des crédits, la métropole absorbe le plus grand encours.

Elle ressort ainsi endettée à hauteur de 548,02 milliards de dirhams. La capitale administrative suit pour sa part la même tendance. Bien qu’elle ne capte que 13,6 % des financements alloués à l’échelle nationale, Rabat est sans conteste la deuxième ville la plus endettée du Royaume. L’écart entre les dépôts et crédits de la capitale administrative est estimé à fin décembre 2018 à 19,73 milliards de dirhams, soit 101,77 milliards de dirhams de collectes contre un financement de 121,50 milliards de dirhams.

La balance dépôt-financement déséquilibrée dans trois petites localités du centre

Il est évident que le rythme de crédits soit plus accéléré dans les grandes agglomérations mais des exceptions est à relever au niveau d’autres localités de taille moindre. Ce constat est fait dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. Deux petites villes de ce territoire géographique recourent davantage aux crédits. Prenons le cas de Rommani où l’encours distribué constitue le double des dépôts collectés. Les crédits en cette localité contenant 6 guichets s’élèvent à 689,54 millions de dirhams à fin décembre 2018. Les dépôts collectés avoisinent, quant à eux, les 339 millions de dirhams.

A Tamesna, 121,330 millions de crédits ont été distribués à fin 2018 contre des dépôts de l’ordre de 110,935 millions de dirhams. La même cadence est observée dans la zone de Ouled Saleh où un encours de 125,49 millions de dirhams a été alloué tandis que les dépôts se situent autour d’une collecte de 117,06 millions de dirhams à fin décembre 2018. A l’exception de Rommani, Tamesna et Ouled Saleh, l’activité bancaire dans les petites et moyennes villes tend plus vers les dépôts. En effet, la moyenne des dépôts dans les petites zones demeure importante quant au volume des crédits.


Si l’on prend la région administrative de Tanger-Tétouan-Al Hoceima, il ressort qu’à Beni Bouayach, localité située dans la province d’Al Hoceima, les dépôts dépassent les 1,27 milliard de dirhams contre des crédits de 77,62 millions de dirhams. La tendance est la même à Asilah. La collecte en 2018 porte dans cette cité sur un total de 1,23 milliard de dirhams au moment où le financement est estimé sur la même période à 184,52 millions de dirhams.

L’Oriental moins endetté

Pour ce qui est des villes les moins endettées, elles se situent en grande partie dans la région de l’Oriental. Il s’agit de localités de 3 à 4 guichets bancaires. Le plus faible encours a été distribué à Talsint. Ce village relevant de la commune rurale de la province de Figuig a vu ses crédits atteindre les 2,51 millions de dirhams à fin décembre au moment où les dépôts collectés frôlent le seuil de 93 millions de dirhams. Toujours dans l’Oriental, précisément à Debdou, une des localités des provinces de Taourirt, l’encours des crédits distribués sur ladite période s’est élevé à 3,55 millions de dirhams. La collecte se chiffre, quant à elle, à 32,03 millions de dirhams.

Au niveau de la province de Guercif, la direction de la supervision bancaire relève un encours de 4,29 millions de dirhams à Saka, une localité où la collecte a atteint fin 2018 les 126,83 millions de dirhams. Taferist, commune rurale de la province de Driouch, ne sort pas du lot. Les dépôts collectés dans cette zone se chiffrent à 317,38 millions de dirhams contre des crédits de 5,46 millions de dirhams. Dans le Rif, Tamsamane, une localité située entre Nador et Al Hoceima, a vu ses crédits atteindre à fin 2018 un encours de 7,64 millions de dirhams. Les dépôts collectés ont atteint pour leur part les 788,93 millions de dirhams. Du côté de la région Marrakech-Safi, Sid L’Mokhtar ressort à fin décembre 2018 avec une collecte de 62,72 de dirhams au moment où les financements distribués avoisinent les 7 millions de dirhams. Le même volume de financement a été observé à Jorf, soit un encours de 7,02 millions de dirhams contre des dépôts de 106,66 millions de dirhams.

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Endettement des villes : Ce que pensent les experts…

En commentant les tendances relevées par la direction de la supervision bancaire à fin décembre 2018, Mehdi Fakir, économiste, explique le contraste observé dans la localité par deux facteurs, à savoir les aspects culturels et les tendances de consommation par région. Pour ce qui est de l’endettement à Casablanca et Rabat, M. Fakir lie le recours accru au financement à la dynamique économique que connaissent les deux villes. «Plus on est en activité dans une zone à forte valeur ajoutée plus on est endetté. L’activité crédit prospère dans ces pôles du fait qu’il y a une dynamique de crédit qui pousse à l’endettement».

Même constat pour Tamesna, Rommani et Ouled Saleh. Bien que ces localités soient de petite taille, elles restent mitoyennes aux grandes agglomérations. De même, la nature de l’activité exercée en leur sein principalement l’industrie justifie l’appétit de ces petites localités pour le crédit. Par contre la situation est inversée dès que l’on s’éloigne du centre économique. Le recours au crédit se fait de moins en moins dans les petites villes du territoire national. Mehdi Fakir explique : «Au fait, l’endettement de ces cas-là n’est pas un endettement financier mais plutôt commercial». Se référant à l’économiste, l’activité économique dans les petites villes est minime. Ainsi les business models sont primitifs. Par ailleurs, l’aspect culturel est à prendre en considération dans ces zones géographiques. «L’opérateur économique dans ces localités est, si l’on se permet de dire, «phobique» de l’endettement. Il y a une certaine orthodoxie qui oblige d’avoir toujours des fonds propres plutôt que de recourir aux crédits», conclut Mehdi Fakir.

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