Culture

«Quelle distance entre le soleil et la terre ?» : Un spectacle exclusivement dédié au Palais El Glaoui à Fès

© D.R

A l’arrivée, vendredi dernier à 18h55 au Palais El Glaoui au fin fond de la médina de Fès, une metteuse en scène expliquait, dans un accent allemand, le déroulement du spectacle «Quelle distance entre le soleil et la terre ?».

Un vieil homme en tenue traditionnelle accueillait, à 19h tapante, le public. Dès l’accès au palais, de jeunes comédiens immobilisés dans les recoins de l’entrée se déplaçaient parmi les spectateurs. Histoire de familiarisation.

Des enfants associés à la partie

Quelques instants après, un grillage s’ouvre sur un jardin où des enfants, fermant les yeux et dont la tête était garnie de couronnes en laine, attendaient. Quand le public, majoritairement étranger, se répartit sur un passage, il se met à chanter des chansons en arabe classique dont «Lamma bada yatatanna». Entre-temps, la metteuse en scène, Christina Friedrich, veille strictement à l’interdiction de prise de photos. Après quoi, les spectateurs sont conduits vers un grand patio pour qu’une comédienne commence sa performance.

Un show théâtral

La jeune artiste tapote sur des portes avant qu’une ne s’ouvre sur un grand salon marocain où des places assises sont à même le sol. Le public y assiste à un show théâtral, en arabe classique, parlant d’apocalypse et de sujets divers dans un langage philosophique et spirituel à la fois. «Nous travaillons sur les questions de rêve, d’âme, d’amour, de mort, d’univers, de nature et de cosmos. Nous créons, ensemble, un univers entre rêve et réalité», précise Mme Friedrich en compagnie d’autres artistes.  A propos du choix de la langue, elle indique : «Nous utilisons notre langue comme instrument. Chaque homme peut sentir les langues avec son cœur. C’est une musique sans instrument». Quand ce spectacle prend fin, les spectateurs reviennent vers le patio où une autre jeune comédienne interprète le rôle d’une désespérée en quête de soi et… d’eau.

Virée dans d’autres pièces du palais

La jeune artiste finit par s’emparer d’une jarre placée sur une fontaine dans un état de saleté assez remarquable. Un récipient qu’elle prend avec elle jusqu’à la cuisine du palais où les spectateurs sont acheminés. Pour installer les visiteurs, la metteuse en scène œuvre selon le principe des «femmes d’abord».

Ils y assistent à un nouveau personnage, celui d’une bonne manipulant la farine dont elle met un bout sur le visage. Une manière de se plaindre de sa situation sociale, de sa condition de travail marquée par un vide dans un tel endroit. Par la suite, les spectateurs sont amenés vers un autre grand patio pour voir une partie différente du spectacle.

Un clap de fin en musique

Dans cette pièce, le public a eu droit à une nouvelle partie de chant interprétée cette fois-ci par des jeunes avant de céder la place à une musique contemporaine qu’ils accompagnent d’une chorégraphie exprimant la rébellion. Une manière de se révolter contre leur vécu et s’exprimer sur leur besoin d’être écoutés. Un spectacle également apprécié par les Marocains présents sur place. Une dame s’est d’ailleurs lancée en youyous à la fin.

De son côté, Michel Zinzius, membre d’une association de musique au sud de la France, rencontré sur place, indique : «Le spectacle est très intéressant. Cela demande peut-être une clé d’écoute auparavant. Hélas, on n’avait pas le texte et le fil de la pièce au préalable».

Deux autres étrangères rencontrées sur place indiquent avoir été impressionnées par le lieu «somptueux». «C’est extraordinaire comme expérience d’expression. Ce show fait partie des spectacles contemporains», enchaîne l’une des spectatrices. Pour sa part, Mme Friedrich dit avoir «découvert ce palais, qui est un espace de mémoire». «J’ai trouvé que c’est un lieu chargé de musique et de langue pour l’esprit des jeunes», enchaîne-t-elle. Mieux encore, son œuvre, qui est le résultat d’une collaboration, est exclusivement dédiée à cet endroit. «C’est une œuvre faite seulement pour cet espace!», précise-t-elle. Le festival de Fès des musiques sacrées du monde semble avoir été une occasion idoine pour la jouer.

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