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Najib Bensbia se glisse parfaitement dans une peau féminine

© D.R

Il vient de publier «Lettre à mon homme»

Telle une longue lettre, ce récit interpelle, comme en laboratoire, le statut de la femme fragilisé le long de l’Histoire humaine, parce que «désarticulé par l’omnipotence du masculin qui, à travers les âges, s’est évertué -et continue- à dominer sans partage, du moins pas en bonne et perfectible volonté».

Dans son nouveau roman «Lettre à mon homme», l’auteur marocain, Najib Bensbia, se glisse dans la peau d’une femme qui s’adresse à «son homme» au ton personnel. Elle lui parle en tant qu’amie, amante, épouse, sœur, peut-être également sa fille. Elle trace face à son regard, atrophié par un aveuglant sexisme, ce qu’il en a fait depuis l’aube des temps, au sortir de l’Eden après avoir croqué la pomme”, précise l’auteur dont le récit est une interpellation. Ce «sortir de l’Eden» est, pour lui, une image évidemment. Mais en cela, «Lettre à mon homme» est un condensé «chirurgical» de la condition de toutes les femmes du monde, quelles que soient leurs religions, leur culture, leur «appartenance» matrimoniale… «C’est en cela que les articulations faites par la narration déambulent entre l’approche normative, sociologique, philosophique, anthropologique, sémiotique même…», enchaîne-t-il à propos de son oeuvre. Au-delà de ces approches, la femme en appelle à l’entendement libérateur au prix de la rébellion, la révolte, la mise en procès et, surtout, dans l’appel à l’acceptation de l’égalité intégrale entre ‘’elle’’ et ‘’lui’’ en tout.
Telle une longue lettre, ce récit interpelle, comme en laboratoire, le statut de la femme fragilisé le long de l’Histoire humaine, parce que «désarticulé par l’omnipotence du masculin qui, à travers les âges, s’est évertué – et continue – à dominer sans partage, du moins pas en bonne et perfectible volonté».

A travers les âges de la civilisation humaine, la femme a, en effet, été maintenue dans une servilité qui s’est peaufinée selon les sociétés, les us et coutumes ainsi que la prépondérance politique qui guident la société globale. «L’instrumentalisation n’est pas que directe, sociale, sociétale pour ainsi dire, mais également et surtout politique», avance l’auteur. Pour lui, malgré les avancées et les acquis, la femme n’est pas à l’abri d’un retour de manivelle, surtout que la tendance aujourd’hui est à la manipulation de tous les instincts primaires chez l’homme (au sens général). «Et en cela, la culture dominante et la religion (qui en est la matrice) refonde en cercle ‘’in’’vertueux la mise sous tutelle permanente, décadente, aléatoire de plus de la moitié de l’Humanité arborescente», estime-t-il.

Dans un style direct, qui crée une rupture étiologique avec la langue de bois, ou le formalisme linguistique de civilité bien entretenue, «Lettre à mon homme» peut être considéré, à la limite, comme étant un véritable réquisitoire qui passe au peigne fin ce que le masculin (le macho, le violeur, l’incestueux, le simple «asserviteur»…) a fait de sa compagne, cette création divine dotée de beauté, d’intelligence, de sens performant de la gestion et de l’administration des choses de la vie. «Or, parce que le temps humain est délabré par le regard borgne, désemparé parfois, à sens unique tout le temps, l’homme (le masculin s’entend) n’a voulu voir en la femme qu’un déversoir de tant de choses dont la sexualité est l’intime corollaire», ajoute l’auteur.

C’est en ce sens que le récit fait un parcours sinueux de ces espaces de servilité qui continuent d’hypothéquer la liberté de la femme en tant qu’être plein et entier. La narration fait un survol-diagnostic du vécu de ‘’cette dame’’ qui orne nos espaces de vie de tant de raffinement, de joie et de bonheur. “Or, au lieu qu’il s’en aperçoive pour en jouir avec partage de bonne intelligence, «il» s’ingénue à redoubler de manigances pour mieux endiguer les élans d’envol qui font désormais de la femme le lieu et le centre des décisions de bonne gouvernance», martèle l’auteur.
Comme le récit est décliné par une femme à l’endroit de «son» homme, par-delà le ton acerbe, parfois crû, qui enveloppe l’ensemble du texte, il est dans l’ordre naturel des choses que cette lettre fût écrite en veillant à la faire signer avec beauté, esthétique de bon escient et un bémol de raffinement qui a l’ambition «d’entraîner la/le lectrice/lecteur dans les labyrinthes du temps qui ne pardonne pas».
Car, cette dame, qui est notre épouse, notre sœur, notre amie, une proche en tous les cas, ne cesse de se réveiller tout le temps en sursaut : «Parfois, alors que je suis endormie, je vois comme des flashs, des faisceaux de lumière qui viennent estomper mon regard. Comme si, en plein sommeil, je rêve tout en ayant l’impression, la sensation, la certitude qu’une partie de moi reste éveillée. Je me vois en train de rêver. Et, quand je me réveille, je vois les choses autrement. Au travers de ce mi-rêve, mi-éveil, je constate que mon univers de femme, parmi les femmes, subit des électrochocs, par intermittence mais à cadence régulière, chronométrée à la millionième seconde près», lit-on dans l’oeuvre qui vient d’être publiée par Orion Editions.

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