ChroniquesUne

Traversée de pandémie sur le terrain

© D.R

9 mois !
9 mois que nous vivons entre parenthèses, que nous survivons plus exactement, et les effets négatifs de cette période angoissante, paralysante, commencent à se faire sentir sur chacun(e) d’entre nous.


Évidemment chacun traverse cette pandémie de façon différente mais je pense pouvoir dire que tous, nous arrivons à un stade d’épuisement moral évident.
Je voudrais vous faire part de mon expérience personnelle – non pas parce qu’elle serait exceptionnelle – mais parce que j’en retire des enseignements qui peuvent éclairer notre réflexion commune.
C’est un peu paradoxal, mais très sincèrement je n’ai pas eu le temps de me laisser saisir par l’angoisse : je me suis assuré de mettre mes proches en sécurité autant que possible -comme tout un chacun- puis je me suis lancé tête baissée dans l’action.
Déjà en temps normal je suis quelqu’un qui agit, au quotidien, j’ai besoin d’être sur le terrain, mais là cette période exceptionnelle et très dure à vivre m’a poussé à tenter de me dépasser.
Je me suis efforcé d’être présent et actif -aux côtés de tous les jeunes avec lesquels j’ai tissé des liens à travers le Royaume- là où je pensais que je pouvais être le plus utile.
Sincèrement lorsque l’on se dit engagé, militant, que l’on se veut ‘’exemplaire’’ en quelque sorte, c’est bien dans de tels moments de doute, de danger qu’il faut le prouver.
Et puis être auprès de ceux d’entre nous qui ont besoin d’aide ou de soutien est la meilleure chose que l’on puisse faire en des moments comme ceux-ci : être volontaire, se mettre à la disposition de son pays doit être un réflexe naturel, lorsqu’on le peut physiquement bien sûr.
Je pense bien connaître nos jeunes, je sais leurs capacités, leurs qualités, leur potentiel. Eh bien, même moi ils m’ont épaté.
Proactifs, concernés, présents, courageux… je les ai vus partout se mobiliser, s’activer, se mettre à la disposition des plus fragiles, des précaires.
Je n’ai pas senti de peur en eux, peut-être une attitude spécifique à leur jeunesse : 20 ans c’est l’âge de l’intrépidité.
Et puis ils ont été galvanisés en quelque sorte, dans les quartiers notamment, ils ont senti à quel point ils pouvaient être utiles, ils ont vu que notre société -qui jusqu’alors les ignorait voire bien souvent les méprisait- découvrait d’un seul coup que cette jeunesse était valeureuse, patriote, courageuse.
J’en suis le témoin, ces jeunes bénévoles militants, ces acteurs associatifs, culturels, les ‘’engagés du terrain’’ ont fait un travail exceptionnel.
Aux côtés des soignants, des représentants de l’ordre, des agents d’autorité, ils ont été en quelque sorte la 3ème force. Celle qui a géré le social, l’humanitaire, le réconfort, le maillage solidaire, ils ont rempli un rôle de proximité : à la fois efficaces, rassurants et disponibles.
C’est d’après moi l’un des grands enseignements de cette période.
Ce sont les associations de jeunes, celles qui sont sur le terrain, qui ont pris ce créneau à bras-le-corps et j’ai envie de dire tant mieux car aujourd’hui c’est par eux que passe le message, bien plus que par les adultes.
Notre population -notre jeunesse en particulier- a besoin d’images valorisantes, d’exemples, de modèles identificateurs, les acteurs associatifs peuvent remplir ce rôle.
Nous avons besoin d’inventivité, de créativité, d’esprit novateur, une certaine façon de militer est obsolète : la ‘’charité’’ est contre-productive et infantilisante -ce qui ne signifie certainement pas la fin de la solidarité, de l’entraide, mais dorénavant pensée et effectuée en termes d’échanges, de dignité, de respect.
De plus en plus l’action associative colle au terrain, aux réalités, aux besoins concrets et surtout se pratique en termes de participation, de partenariat. C’est porteur d’espoir et il faut bien se rendre compte que cet acquis n’est pas réversible…
J’ai vécu -je vis-tout cela, je l’ai touché concrètement sur le terrain, j’ai vu le mal qu’a causé cette pandémie, mais j’ai vu aussi les bouleversements, et -pourquoi ne pas le dire- les ‘’bienfaits’’ qui en ont résulté : ces changements de mentalité qui doivent être pris en compte et qui structureront notre façon de bâtir notre société de demain.
Malheur à ceux qui voudront l’ignorer.

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