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Les recommandations de la DEPF : Comment adapter l’hydro-agricole aux changements climatiques

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«L’approche macroéconomique vise à comprendre les mécanismes de transmissions des chocs de stress hydrique sur l’agriculture vers l’économie marocaine».

Les politiques d’adaptation climatique engagées par le Maroc devraient être davantage orientées vers la sécurité hydrique du pays. Cette recommandation faite par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) dans son dernier «policy brief» s’inscrit dans le sillage du programme prioritaire national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027. En effet, la DEPF a rendu publique une analyse approfondie sur la situation, les impacts et les politiques de réponse dans les secteurs de l’eau et de l’agriculture au Maroc.

Un travail mené en collaboration entre l’AFD, la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), la Direction générale de la météorologie (DGM), la Direction de la recherche et de la planification de l’eau (DRPE) et l’Institut méditerranéen de biodiversité et d’écologie marine et continentale (IMBE). L’idée étant d’apporter un éclairage sur la situation du changement climatique au Maroc, ses projections futures et ses impacts. Cette analyse a également pour objectif de mettre en relief l’engagement volontariste du Royaume face à cette donne et les réponses stratégiques entreprises dans ces deux secteurs. Un projet de modélisation est ainsi décrit couplant à la fois une approche hydro-agricole et une approche macroéconomique. «L’objectif, en effet, de l’approche hydro-agricole est de comparer les besoins en eau pour l’agriculture marocaine (bour et irriguée) aux ressources qui seront effectivement disponibles, à horizon 2050, dans un contexte d’aridification croissante», relève-t-on de la DEPF.

Et de préciser que «l’approche macroéconomique vise à comprendre les mécanismes de transmissions des chocs de stress hydrique sur l’agriculture vers l’économie marocaine». Face à la recrudescence du phénomène du changement climatique, qui accentuera davantage le déficit hydrique du pays à l’horizon 2050, la DEPF a émis un bon nombre de recommandations. Outre le renforcement des politiques mises en œuvre, la DEPF préconise la réalisation des études approfondies dans le domaine en vue de mieux appréhender les incidences à moyen et long termes du changement climatique sur l’économie nationale. Ces travaux analytiques et de modélisation permettront, en effet, d’éclairer sur les interactions intersectorielles et interrégionales des secteurs qui dépendent de la ressource hydrique. «A ce titre, il est primordial de mener des travaux portant sur la cohérence des stratégies sectorielles avec l’évolution future des ressources hydriques, ce qui permettrait de mieux s’outiller pour concevoir des politiques proactives de nature à atténuer les déficits hydriques futurs dont la résorption serait onéreuse pour la collectivité», précise la DEPF. Celle-ci estime par ailleurs que les actions d’envergure à mettre en œuvre pour faire face au changement climatique engendreraient des investissements conséquents qui gagneraient à être évalués pour mesurer leur impact sur les finances publiques.

L’analyse de la DEPF a mis en exergue des scénarios envisageables pour aboutir à des politiques soutenables. Les pistes proposées allient en effet la mobilisation des ressources en eau non conventionnelles et les énergies renouvelables. Rappelons que les stratégies d’adaptation au changement climatique engagées par le Maroc dans le secteur de l’agriculture portent sur des actions visant à accroître la résilience du secteur à la variabilité climatique dont l’optimisation de la gestion de l’eau à usage agricole, l’intégration de l’adaptation au changement climatique dans les projets de développement agricole, la reconversion des superficies céréalières vers des plantations fruitières à plus grande valeur ajoutée et mieux résilientes au changement climatique ainsi que la reconfiguration de la structure de valeur ajoutée agricole. S’agissant du secteur de l’eau, les politiques mises en œuvre dans ce sens visent l’atténuation de la variabilité inter-annuelle des précipitations par la réalisation des grands ouvrages hydrauliques, la planification anticipative à long terme tenant compte du changement climatique, la réduction de la vulnérabilité aux phénomènes extrêmes, la diversification des sources d’approvisionnement en eau.

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Les différents engagements du Maroc en matière de lutte contre le changement climatique

Le Maroc a fait preuve d’un engagement volontariste en matière de lutte contre le changement climatique. Le Royaume a en effet été le premier pays africain et arabe à avoir abrité la conférence des parties en accueillant en 2001 la septième conférence des parties (COP7) avant d’organiser en 2016 la COP22 qui a érigé en priorité la question des changements climatiques en Afrique, avec une attention particulière au volet de l’adaptation au niveau de plusieurs secteurs vulnérables, notamment l’agriculture et l’eau. Le Maroc a lancé dans ce sens l’initiative Triple A pour l’adaptation de l’agriculture africaine au changement climatique.

«Sur le volet de l’adaptation, le Royaume a estimé à 35 milliards de dollars (2020-2030) le coût de mise en œuvre des programmes d’adaptation dans les secteurs les plus vulnérables au changement climatique, en l’occurrence l’eau, la forêt et l’agriculture», fait savoir la DEPF dans son analyse. Le Maroc a également lancé dans le cadre de l’accord de Paris le processus d’élaboration de son Plan national d’adaptation au changement climatique à l’horizon 2030 ciblant dans ce sens des secteurs stratégiques dont l’eau, l’agriculture, la pêche maritime, les forêts, le tourisme, les infrastructures routières, l’habitat et la santé.

Le Maroc a par ailleurs mis en œuvre un ensemble de stratégies et de politiques inscrites dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. Citons à cet effet la Stratégie nationale de développement durable, l’élaboration de la loi-cadre n°99-12 portant Charte nationale de l’environnement et du développement durable, l’élaboration du Plan climat national à l’horizon 2030 et le déploiement des stratégies sectorielles favorisant la transition vers une économie à bas carbone et le renforcement de l’adaptation du pays aux effets irréversibles du changement climatique.

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