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Violences sexuelles faites aux femmes : Une ONG internationale pointe les lois marocaines

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Non criminalisation du viol conjugal, procédures peu claires et compliquées, manque de confiance dans le système…

L’ONG internationale MRA Mobilising for Rights Associates en collaboration avec des associations de défense des droits des femmes a réalisé un rapport sur les violences sexuelles faites aux femmes au Maroc. Ce rapport de recherche comprend des entretiens, des discussions de groupe, un sondage en ligne et des examens de dossiers, auprès de 1.021 femmes et des acteurs publics des forces de l’ordre, de la justice et des services de santé, provenant de 41 sites à travers le pays. Il ressort de ce rapport que la grande majorité des agresseurs sont des hommes de l’entourage personnel intime de la femme, à savoir maris, fiancés et petits amis actuels ou anciens. La violence sexuelle commise par un auteur inconnu est plutôt exceptionnelle. Les violences sexuelles ont lieu le plus souvent dans des maisons privées. Cela dit, plusieurs victimes ont signalé des actes de violence dans des lieux publics, notamment les lieux de travail, les écoles, les rues ainsi que les champs agricoles.

Des actes sexuels fréquents et répétés sur une longue durée

Dans son rapport, l’ONG MRA Mobilising for Rights Associates signale que les agresseurs ont recours à un large éventail de comportements et de circonstances coercitives. Outre l’utilisation ou les menaces de contrainte ou de violence physique, les plus courants sont la pression verbale ou la coercition, la manipulation, la fraude, les fausses promesses, la tromperie et l’abus de confiance. Dans d’autres cas, les femmes ne sont pas capables d’exprimer leur consentement en raison de leur jeune âge ou de leur handicap. Cela indique la préméditation, la planification et la sélection stratégique des victimes de la part de l’agresseur. Il est important de relever que les violences sexuelles se caractérisent par un comportement violent continu de la part de l’agresseur. D’ailleurs, la majorité des victimes ont signalé des actes de violence sexuelle fréquents et répétés sur une longue durée. Les incidents uniques de violence sexuelle sont l’exception.

Les motifs de l’agresseur comprenaient le chantage pour forcer la femme à s’engager dans des relations sexuelles continues ou l’épouser, ou à demander le divorce, pour se venger ou à lui extorquer de l’argent. Ces violences impactent négativement la vie des femmes. Elles subissent une multitude de préjudices psychologiques, économiques, physiques, familiaux, sociaux, sexuels et professionnels/ éducatifs en raison de ce type de violence . Les autres conséquences comprennent les grossesses non désirées, les tentatives de suicide et les poursuites. Il faut aussi mentionner l’emprisonnement de la victime pour relations sexuelles hors mariage. Par ailleurs, il a été constaté qu’en raison d’un traumatisme, bon nombre des victimes ne réagissent ou n’agissent que des jours ou des semaines plus tard. Il y a souvent un décalage important entre le moment où la violence se produit et le moment où les femmes sollicitent l’aide des autorités publiques.

La peur de dénoncer l’agresseur

Plus de 80% des femmes interrogées avaient contacté et demandé de l’aide à une personne de leur entourage, le plus souvent un membre de leur famille de confiance. Les réactions des familles ont été mitigées. Les réponses de soutien comprenaient le recours aux services publics, la protection contre l’agresseur, l’aide à mettre fin à la violence, une aide financière, un abri et un soutien moral. En revanche, pour certaines familles, il était question d’expulser la victime du domicile familial, la blâmer, la menacer de violence physique et la marier de force avec l’agresseur. Par ailleurs, le rapport mentionne que 58% des répondants en ligne et 74% des femmes interrogées ont signalé la violence sexuelle à au moins un acteur public. Les services de santé publique sont à la fois le secteur vers lequel les femmes se tournent le plus.

Les raisons pour lesquelles les femmes ne signalent pas les violences sexuelles aux autorités publiques, ou retirent leur plainte à un moment donné du processus, incluent les menaces d’être blâmées, ou même poursuivies elles-mêmes pour des relations sexuelles en dehors du mariage. A ceci s’ajoute la non criminalisation du viol conjugal, des procédures peu claires et compliquées, un manque de confiance dans le système, des menaces de la part de l’agresseur, de mauvais traitements par des acteurs publics, ainsi que des difficultés financières et l’incapacité à faire face aux coûts connexes. L’ONG fait remarquer dans son rapport que la réponse des acteurs publiques aux affaires de violence sexuelle tend à se limiter à déterminer s’il existait ou non une relation préexistante entre l’auteur et la victime plutôt qu’à enquêter sur les circonstances coercitives de l’acte de violence.

Recommandations

L’ONG internationale MRA Mobilising for Rights Associate recommande de remédier aux lacunes des lois actuelles sur la violence sexuelle y compris le manque d’une définition exhaustive du consentement qui inclut une grande variété de circonstances coercitives. Par ailleurs, elle estime qu’il faut se concentrer sur l’agresseur et son comportement, au lieu de sa relation avec la victime. Les femmes victimes de ces violences doivent recevoir une protection adéquate contre les violences sexuelles. Il est aussi question de comprendre comment la réponse actuelle de l’Etat punit les victimes et perpétue l’impunité des agresseurs. L’ONG estime également qu’il faut tenir les acteurs publics de l’Etat, et non les victimes, responsables de la recherche de solutions aux violences sexuelles. Enfin, il est vivement recommandé de développer des stratégies holistiques qui répondent à tous les obstacles auxquels les femmes sont confrontées pour signaler ces violences, et les obstacles juridiques liés à des lois inadéquates.

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