Chroniques

Du concret… pour revivre !

© D.R

Ce que l’OMS appelle fatigue pandémique nous atteint de plein fouet : dépression, anxiété, troubles du sommeil sont parmi les dégâts que la crise sanitaire entraîne chez beaucoup d’entre nous. Les plus touchés sont les jeunes et les anciens.


Interdictions, confinement, couvre-feu, peur de la contagion, crainte pour l’avenir… nous emmènent vers un cycle dépressif sans fin. Nous tentons de résister bien sûr, mais avouons que tous nous sommes «au bout du rouleau», ce dont nous avons besoin -plus que jamais- c’est d’espoir, de perspectives, d’un horizon à atteindre… de concret. En fait cette pandémie, pour nous permettre de survivre, nous empêche de vivre ! Comment ne pas comprendre que les jeunes -qui n’ont encore rien vécu – aient ce sentiment qu’on leur vole leur vie ?
D’après l’OMS, les 18-24 ans, les étudiants, les inactifs, les personnes en situation financière difficile sont les plus impactés par ce syndrome. Au Maroc il existe des filets «naturels» de protection: la famille, la solidarité, la «résistance» de la population mais il n’empêche que plus l’épidémie se prolonge et plus nous sentons que nous lâchons prise, ainsi nous voyons bien que nous respectons de moins en moins les consignes de sécurité : les masques sont devenus rares, la distanciation n’existe plus, le lavage des mains ne s’effectue plus, l’acceptabilité des mesures contraignantes est en forte baisse -et cela est vrai dans le monde entier- autrement dit «nous n’en pouvons plus !».

D’où le terme choisi en titre de ma chronique «Du concret»: très sincèrement c’est ce dont nous avons besoin : des mesures à impact immédiat, des signes forts applicables dès maintenant -accompagnant des perspectives à court et moyen termes. Or c’est ce qui nous manque le plus: le gouvernement ne nous parle pas, ne nous explique rien, les élus sont aux abonnés absents… le terrain est déserté…Dieu merci, des professeurs, des médecins, des militants associatifs et culturels s’efforcent de combler le vide par leurs prises de parole, leurs actions, leur proximité.
Comme toujours c’est SM le Roi qui a su faire LE geste, prendre LA décision attendus au bon moment : le vaccin et sa gratuité !!!
C’est l’action concrète par excellence qui est venue nous redonner un espoir, qui est venue nous laisser entrevoir la sortie du tunnel et surtout qui a un impact direct, concret, palpable sur toute la population.
Il est nécessaire de faire vivre cette espérance sur le terrain, outre le vaccin -décision royale s’il en est- c’est à nous tous, qui le pouvons, de nous retrousser les manches et d’accompagner par des mesures et des actions simples mais efficaces le retour à la vie.
Comme toujours -puisque c’est mon cheval de bataille de toujours- je voudrais me pencher sur le sort de notre jeunesse, puisqu’elle est ce que nous possédons de plus cher : depuis plusieurs semaines j’ai remarqué que nos jeunes sont en grande souffrance, j’ai plusieurs fois alerté sur ce problème. Aujourd’hui les propos de l’association «Sourire de Reda» qui agit pour prévenir le suicide chez les jeunes, tire aussi la sonnette d’alarme, elle a révélé que 14% des adolescents ayant visité sa plateforme en 2020 ont déclaré avoir eu des intentions suicidaires. De manière globale, l’association a reçu 92% de plus de demandes d’aides entre mars et juin 2020 par rapport à la même période de 2019. La pandémie et le confinement ont induit des perturbations psychiques en particulier chez les adolescents.

Pour en discuter au quotidien avec eux je sens comme un immense sentiment d’injustice en eux : ils ont 16, 20, 22 ans et passent à côté de leur jeunesse, la pandémie, le confinement, le couvre-feu les privent de tout ce qui fait le sel de la vie.
Eux aussi -eux surtout- ont besoin de gestes concrets, d’actes qui leur redonnent de la visibilité, qui les relient entre eux, qui fonctionnent comme une bouée -en attendant le sauvetage : le retour à la vie réelle.
Cette chronique ne suffirait pas pour me permettre d’écrire toutes les idées, toutes les propositions, toutes les attentes de notre jeunesse que j’ai recensées et pour lesquelles les idées existent, je voudrais donc me concentrer sur l’une d’entre elles, qui est en fait un appel.
Un appel au civisme, à la solidarité, à l’intérêt national, que je lance à nos opérateurs télécoms : jamais autant qu’aujourd’hui il n’a été aussi urgent de venir en aide à nos jeunes – or les générations actuelles sont les générations du Web, comme les précédentes ont été celles de la télévision ou de la radio – coupées de la vie réelle en cette période, il faut leur permettre de rester connectées au monde, au lien social, aux contacts… et cela passe inévitablement par l’accès au Net. Une majorité de nos jeunes n’y a pas accès, alors faites ce geste qui leur permettra de surmonter cette terrible épreuve qui est celle de l’isolement : installez des bornes wi-fi dans les quartiers !!!
Ne les mettez en fonction qu’aux heures creuses si vous le voulez, mais faites que ces jeunes puissent se connecter à la vie !
Puisse cet appel vous atteindre.

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