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Développement : Un nouveau modèle, un nouveau pacte

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La Commission Benmoussa a rendu sa copie avec des mesures concrètes et un calendrier

La Commission préconise notamment de renouveler l’appareil administratif dans ses compétences et ses méthodes et d’utiliser au maximum le levier du numérique au vu de son potentiel transformationnel rapide.

Très attendu, le rapport de la CSMD est arrivé. Sa Majesté le Roi Mohammed VI a, en effet, présidé, mardi 25 mai 2021 au Palais Royal de Fès, la cérémonie de présentation du rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement. Il a reçu à cette occasion en audience Chakib Benmoussa, président de cette Commission, qui a présenté au Souverain une copie du rapport. La Commission présidée par Chakib Benmoussa a donc livré sa copie dessinant au passage les contours du nouveau modèle de développement. Une présentation et déjà une première grande annonce. Il s’agit d’une proposition novatrice de la CSMD visant à traduire les éléments stratégiques du nouveau modèle dans un «Pacte national pour le développement».

• Horizon 2035

Concrètement, le modèle fixe un échéancier pour atteindre les résultats escomptés. «Il est proposé que cette ambition soit traduite en objectifs de développement ciblés, ambitieux mais tout à fait à la portée, qui propulseraient le Royaume dans beaucoup de domaines dans le tiers supérieur des différents classements mondiaux des Nations d’ici 2035, et qui lui permettraient de consacrer davantage sa vocation de modèle dans sa région et bien au-delà», explique-t-on à la CSMD. Il s’agit notamment pour cette dernière «du doublement du produit intérieur brut par habitant à l’horizon 2035, une maîtrise des apprentissages de base à la fin du cycle primaire par plus de 90% des élèves, l’augmentation du nombre de médecins par habitant pour atteindre les normes de l’OMS, la réduction à 20% de la part de l’emploi informel, l’élargissement du taux de participation des femmes à 45%, contre 22% en 2019, un taux de satisfaction des citoyens envers l’administration et les services publics de plus de 80%».

• Changement

Pour y parvenir, la CSMD propose une batterie de mesures débouchant sur le changement voulu. La Commission préconise notamment de renouveler l’appareil administratif dans ses compétences et ses méthodes et d’utiliser au maximum le levier du numérique au vu de son potentiel transformationnel rapide. Plus loin encore, la Commission recommande de distinguer le niveau stratégique des politiques publiques qui relève du champ politique, le niveau de régulation qui est du ressort de l’administration permanente et enfin le niveau opérationnel de mise en œuvre et de suivi qui relève d’acteurs publics ou privés, actifs dans les territoires. «Cela suppose une administration de compétence, responsabilisée et orientée vers la performance et les résultats; une administration transparente redevable de ses actes et de sa capacité à prendre des initiatives et à accompagner le changement. Plus particulièrement, le renouvellement régulier de la haute fonction publique nationale et territoriale et des managers des entreprises et établissements publics stratégiques est un défi auquel il convient d’accorder la plus haute importance à travers des mécanismes de renforcement de son attractivité, d’identification et de sélection d’un vivier de compétences et de valorisation de leadership».

• Financement

Bien évidemment, la mise en œuvre du nouveau modèle nécessitera un effort budgétaire. La Commission a ainsi consacré une partie de son travail à la question du financement. Elle n’y va pas par quatre chemins. «L’amorçage du NMD reste tributaire de ressources additionnelles importantes. Pour les réformes à caractère structurant, notamment celles portant sur le capital humain et le développement social, des ressources d’emprunt peuvent être mobilisées auprès des marchés des capitaux, des partenaires et des bailleurs de fonds internationaux, à la condition que le chemin du développement proposé soit crédible et que les ressources mobilisées soient destinées spécifiquement à des projets transformationnels ayant pour vocation d’impulser la croissance économique et de conforter la stabilité sociale. Aussi, la Commission exhorte également d’accélérer le chantier de la révision de la politique actionnariale de l’Etat à travers l’opérationnalisation de l’Agence des participations de l’Etat, la restructuration de certains établissements et entreprises publics marchands en les transformant en société anonymes.

• Mécanisme

Pour garantir la mise en œuvre du nouveau modèle, la Commission propose un mécanisme. Placé sous l’autorité de Sa Majesté le Roi, ce mécanisme sera dédié au suivi du NMD (Nouveau modèle de développement), à l’impulsion des chantiers stratégiques et à l’appui à la conduite du changement. Concrètement, ce mécanisme pourrait avoir plusieurs missions, notamment la promotion du nouveau modèle de développement et en assurer la diffusion la plus large. Il est également question de concevoir et mettre à la disposition des instances et des autorités concernées des instruments méthodologiques tendant à faciliter la mise en œuvre cohérente et efficace du NMD; et de veiller à la cohérence des stratégies et des réformes proposées pour la mise en œuvre du NMD avec le référentiel et le Pacte national pour le développement en amont de leur adoption par les autorités compétentes, au moyen de formulation d’avis et de recommandations. Le mécanisme devra, en outre, assurer le suivi de la mise en œuvre des chantiers stratégiques conduits par les autorités qui en ont la charge et en rendre compte à Sa Majesté le Roi.

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Chakib Alj : Le nouveau modèle place les citoyens au centre de ses priorités

Le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), Chakib Alj, a affirmé que le nouveau modèle de développement place les citoyens au centre de ses priorités, soulignant qu’il intervient à point nommé. Dans une déclaration à la presse mardi, à l’issue de la cérémonie présidée par SM le Roi Mohammed VI pour la présentation du rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), M. Alj a relevé que ce modèle tient compte des mutations sociales et économiques induites par la pandémie de Covid-19, notant que la CGEM continue sa mobilisation en faveur d’une économie forte, résiliente et inclusive.

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Les déclarations du RNI, UC, MP et USFP

Des leaders de partis politiques ont hautement salué les conclusions du rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD), dont la cérémonie de présentation a été présidée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, mardi au Palais Royal de Fès.

Ainsi, le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, a affirmé que les Marocains «s’identifieront au contenu de ce rapport, à travers les perceptions, les perspectives et les piliers qu’il recèle», car ce document «reflète la vision d’avenir des citoyens et de la manière de restaurer la confiance dans les institutions». M. Akhannouch a ajouté que son parti s’identifie également à nombre de principes contenus dans le rapport présenté devant SM le Roi.

Le secrétaire général du Mouvement populaire (MP), Mohand Laenser, a affirmé que le rapport de la CSMD ouvre des perspectives prometteuses pour le nouveau modèle de développement, en ce sens qu’il promeut un Etat puissant, des espaces territoriaux durables, la numérisation, la formation de haute qualité et l’élément humain.

Pour lui, ces piliers mobiliseront les Marocains, en particulier la jeunesse qui se trouve ainsi dotée d’une position privilégiée, outre ses retombées en termes de réduction des disparités sociales et territoriales.

A son tour, le secrétaire général du l’Union constitutionnelle (UC), Mohamed Sajid, a estimé que le nouveau modèle de développement constitue «le fruit d’un travail formidable réalisé par la CSMD avec la contribution de tous les acteurs nationaux, en tenant compte des attentes de toutes les composantes de la société marocaine, soulignant que ce modèle est aussi un plan d’action pour les années à venir afin de relever les défis de progrès» qu’affronte le Maroc.

De même, M. Sajid s’est dit convaincu que les contours de ce nouveau modèle de développement montrent que le Maroc regorge de grands potentiels de croissance, de prospérité et de progrès.

De son côté, Driss Lachgar, premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires, a expliqué que «ce rapport fera l’objet d’échanges et de discussions entre les membres du parti et les citoyens», appelant à l’ouverture d’un dialogue national sur ses conclusions.

M. Lachgar a assuré que son parti va sans aucun doute interagir positivement avec le nouveau modèle de développement, qui constitue le levier du Maroc à l’horizon 2035.

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Nouveau modèle : Benmoussa dit tout

Après l’élaboration, la promotion. C’est un grand travail de vulgarisation auprès des forces vives de la nation qui attend les membres de la CSMD. Son président, a très vite annoncé la couleur détaillant le travail effectué dès le départ et les contours du nouveau projet qui se déploie. Selon M. Benmoussa, la Commission a proposé une vision prospective qui prend appui sur l’histoire millénaire du Royaume, l’identité nationale riche de la diversité de ses affluents ainsi que sur ses valeurs religieuses basées sur les principes d’ouverture, de modération et de dialogue. Il a soutenu que le modèle de développement se base sur une ambition nationale de propulser le Royaume, sur différents domaines d’ici 2035, dans le tiers supérieur des différents classements mondiaux des Nations.

• Constantes de la Nation

Pour le président de la CSMD, les choix stratégiques du nouveau modèle portent aussi sur le renforcement du capital humain et l’activation de l’ascenseur social en agissant sur le développement des capacités grâce tout d’abord à un système de santé efficient et efficace, capable de produire les médicaments et les vaccins essentiels, en vue d’anticiper la gestion des risques induits par des crises sanitaires dont l’occurrence pourrait augmenter à l’avenir. Il a, en outre, plaidé en faveur d’un dispositif d’éducation-formation qui prépare les compétences futures dans le cadre d’une renaissance éducative marocaine où l’élève est une priorité.

• Un Pacte national et un mécanisme de suivi

Pour donner corps au nouveau modèle, M. Benmoussa a fait savoir que la Commission préconise de mobiliser deux leviers principaux, à savoir «le renouvellement de l’appareil administratif dans ses compétences et ses méthodes, parallèlement aux réformes sectorielles qui s’imposent» et «le recours massif au numérique permettant de relever la qualité des services publics, de renforcer la transparence, de lutter contre la corruption et de consolider la confiance État-citoyen».
«Le premier mécanisme est un Pacte national pour le développement, qui aurait pour objectif d’ancrer le nouveau modèle comme référentiel commun de toutes les forces vives dans leur pluralité», a fait savoir M. Benmoussa, notant que «le second est un mécanisme de suivi et d’impulsion, sous l’Autorité directe de Sa Majesté le Roi, ayant pour mission d’accompagner les chantiers stratégiques qui s’inscrivent dans le long terme et d’appuyer la conduite du changement». Il a expliqué que ce mécanisme serait ainsi opportun pour mettre en responsabilité les acteurs concernés et renforcerait l’efficience de l’action publique au profit de tous les Marocaines et Marocains. Ce mécanisme, a-t-il relevé, s’inscrit dans le cadre de l’équilibre des pouvoirs prévu par la Constitution et du rôle de l’Institution Monarchique, comme clé de voûte de l’État, porteuse de la vision de développement, des chantiers stratégiques à long terme et du suivi de leur exécution en faveur des citoyens.

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