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Un retour au confinement est-il envisageable ?

© D.R

Face à la recrudescence des cas de Covid, le ministère de la santé tire la sonnette d’alarme

«Avec l’arrivée de Aïd Al Adha, il faut être extrêmement prudent. Le ministre de la santé n’a pas parlé d’un retour au confinement mais à un renforcement des mesures restrictives».

Le Maroc fait face à une hausse des cas de contaminations ces derniers jours. Le 30 juin, près de 776 cas positifs ont été recensés et le 29 juin, 690 cas ont été enregistrés. Le ministre de la santé, Khalid Ait Taleb, a fait part «d’ une augmentation accélérée des cas de contamination par rapport à la tendance observée pendant les derniers mois». Le ministre appelle à la prudence et au respect strict des mesures préventives pour éviter toute rechute épidémiologique. «Le cas échéant, nous serions obligés de procéder au renforcement des restrictions, ce qui aurait un impact négatif sur plusieurs secteurs», a-t-il fait savoir. Contacté par ALM, Dr Said Afif, membre du Comité technique et scientifique sur la vaccination, signale : «Nous avons constaté un relâchement des citoyens qui ne portent plus le masque et il n’y a plus de distanciation physique, ce qui est très grave. Le cas échéant, les autorités peuvent être obligées de revenir à un confinement strict de deux semaines comme c’est le cas actuellement en Australie. C’est une mesure qui n’est pas à écarter.

Il faut que les gens prennent conscience que le virus est toujours là et qu’il continue de circuler ». Pour sa part, le Pr Jafaar Heikel, épidémiologiste, affirme qu’«avec l’arrivée de Aïd Al Adha, il faut être extrêmement prudent. Le ministre de la santé n’a pas parlé d’un retour au confinement mais à un renforcement des mesures restrictives. Un retour à un confinement est une décision qui relève du gouvernement. Il faut prendre des mesures sur des bases scientifiques et sur des bases épidémiologiques». Pr Heikel estime que le confinement, qui est une mesure extrême et provisoire, ne va pas résoudre la problématique de la propagation de la Covid-19.

« Le confinement n’a jamais été une mesure pour stopper une épidémie. L’enjeu majeur c’est la responsabilité collective. Je demande aux citoyens de participer à cet effort de lutte contre le coronavirus en étant responsables collectivement. Il faut apprendre à vivre avec le virus avec prudence et intelligence ». Selon le Dr Said Afif, « la situation reste sous contrôle mais elle est préoccupante. Nous ne voulons pas revivre la même situation que l’année dernière. C’est la responsabilité de tout un chacun de respecter les mesures barrières et de faire en sorte d’éviter les rassemblements pour éviter une reprise épidémique». Le Pr Heikel explique la hausse des cas de contamination «par l’augmentation du nombre des tests PCR réalisés avec les déplacements vers le Maroc et à l’étranger. Le pourcentage de positivité n’a pas augmenté. Il en va de même pour les décès et les cas graves. Ce n’est pas le nombre de cas qui doit nous inquiéter mais la progression du virus et la gravité». Par ailleurs, les cas de contamination des jeunes sont de plus en plus fréquents. «On observe de plus en plus de jeunes touchés par le virus pour la simple raison qu’ils n’ont pas été vaccinés», indique Pr Heikel.

Il y a aussi de plus en plus de jeunes en réanimation, selon le Dr Afif, «Il est important de signaler que les jeunes arrivent à un stade plus tardif et plus compliqué car ils pensent qu’ils ont contracté une simple grippe et refusent de consulter le médecin et d’effectuer un test PCR. En comparant le comportement d’utilisation des services de santé des personnes âgées et des jeunes nous avons pu constater que les personnes âgées consultent rapidement le médecin et ce dès les premiers symptômes. Ce qui est loin d’être le cas des jeunes qui ont un retard en général entre 8 et 12 jours par rapport aux personnes âgées. C’est ce qui explique pourquoi ils arrivent à un stade plus tardif et avec des complications».

Les deux experts insistent sur le fait que les personnes vaccinées contre la Covid-19 ont moins de risques de contracter une forme grave de la maladie. Dans une étude publiée le lundi 28 juin, l’institut Pasteur en France a révélé qu’«une personne non vaccinée a douze fois plus de risques de transmettre le SARS-CoV-2 qu’une personne vaccinée. D’où l’importance aujourd’hui d’accélérer la vaccination, notamment des jeunes, pour enrayer la propagation du virus. Nous nous trouvons actuellement dans une course effrénée entre la vaccination et les variants.

L’objectif majeur aujourd’hui étant de vacciner le plus de monde possible, afin d’atteindre l’immunité collective. Le chemin est encore long sachant qu’actuellement, 38 % de la population marocaine est vaccinée.

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Variant Delta au Maroc : La situation sous contrôle

Le variant Delta, identifié pour la première fois en octobre 2020 en Inde, continue de s’élargir à de nouveaux pays et territoires. Il a touché 11 nouveaux pays en une semaine, portant leur nombre total à 96. Selon l’Agence sanitaire mondiale de l’ONU, ce chiffre est probablement «sous-estimé car les capacités de séquençage nécessaires à l’identification des variants sont limitées ». Selon le dernier bulletin épidémiologique de l’OMS, le variant Delta est susceptible de se propager dans un plus grand nombre de pays. D’ores et déjà, certains pays attribuent la recrudescence des cas de Covid-19 et des hospitalisations à la présence du variant Delta. Au Maroc, des cas de variant indien ont été détectés. «Le variant Delta a été découvert au niveau de Casablanca et de Kénitra.
Grâce à la vigilance des autorités sanitaires, le Maroc a pu circonscrire les 3 clusters à Casablanca et un cluster à Kénitra. Cela dit, le variant est toujours présent. Nous devons faire attention», a déclaré Dr Said Afif. Ce variant est inquiétant car il présente une transmissibilité accrue. Il serait 40 à 60% plus contagieux que le variant britannique, qui est déjà lui-même beaucoup plus contagieux que la souche historique du Sar-CoV-2». Il est non seulement plus transmissible mais également plus résistant. Il aurait une meilleure capacité à se fixer aux cellules des poumons et serait plus résistant aux anticorps monoclonaux utilisés pour combattre le virus.

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