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La BERD, la BEI et la BAD misent sur le secteur privé au Maroc

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Prêtes à soutenir l’investissement dans le pays

Le développement du secteur privé passe par l’investissement et il est nécessaire de faciliter l’accès au financement aux petites entreprises, notamment celles qui sont portées par les femmes et par les jeunes, et les entreprises qui se trouvent dans le milieu rural afin de générer le plus d’emplois.

La balle est dans le camp du secteur privé. En effet, il devra jouer un rôle majeur dans les années à venir en raison de son potentiel grandissant. Au-delà des défis auxquels sont confrontés les opérateurs du secteur privé par ces temps de crise, des opportunités sont offertes et des pistes d’actions leur permettront de sortir de cette conjoncture difficile. Pour y voir plus clair et aider à la décision publique, la BERD, la BAD et la BEI ont élaboré le premier rapport commun qui explore les «Défis et opportunités en temps de pandémie de Covid-19» axé sur le développement du secteur privé au Maroc. Ce rapport élaboré par les experts des trois institutions a été présenté lors d’un webinaire qui s’est déroulé le 23 septembre 2021. A l’instar des pays du monde, le Maroc est impacté par les répercussions de la pandémie de Covid-19. Toutefois, les mesures rapides des autorités marocaines en 2020 ont permis de juguler les conséquences de cette crise. Plusieurs raisons permettent de rester optimiste. En effet, un retour de la croissance économique est attendu tiré par le rebond des exportations vers l’Union européenne, une bonne saison agricole, un regain partiel de la dynamique touristique, et la stabilité des envois de fonds des Marocains résidant à l’étranger. Parallèlement, le secteur privé aura une véritable carte à jouer dans la relance économique. Focus sur les principales conclusions de ce document tripartite.

Vers l’inclusion financière et sociale

Pour Anna Barone, cheffe de la représentation de la Banque européenne d’investissement au Maroc, le développement du secteur privé passe par l’investissement et il est nécessaire de faciliter l’accès au financement aux petites entreprises, notamment celles qui sont portées par les femmes et par les jeunes, et les entreprises qui se trouvent dans le milieu rural afin de générer le plus d’emplois. «Développer les petites entreprises permettra d’accélérer le processus d’inclusion qui n’est pas seulement financier mais aussi social pour toute la population du Maroc. Cela constituera un enjeu de développement structurel pour l’économie marocaine dans les années à venir. D’ailleurs, ceci va tout à fait dans le sens de la vision stratégique qui a été présentée par le nouveau modèle de développement. Celui-ci envisage un Maroc prospère mais aussi un Maroc inclusif où l’initiative privée et l’entrepreneuriat sont au cœur d’une transformation structurelle à long terme. Du côté de la BEI, je suis ravie de constater que les conclusions de notre étude confirment l’essence de l’action de notre banque en tant qu’acteur de référence pour accompagner le secteur privé au Maroc», indique Anna Barone, de la BEI, soulignant que la Banque est prête à continuer à travailler avec le pays pour renforcer l’investissement. «Le rapport conjoint rejoint pleinement les conclusions du nouveau modèle de développement : accélérer la transformation de l’économie marocaine vers un modèle durable et inclusif requiert une mobilisation accrue de l’investissement privé. La BERD avec son mandat de soutien au secteur privé souhaite pleinement y contribuer», a expliqué Antoine Salle de Chou, directeur du bureau de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement au Maroc.

Diagnostic

Le secteur privé au Maroc bénéficie d’un climat d’investissement qui est un des plus stables de la région. Selon ce rapport tripartite, l’économie marocaine est l’une des plus diversifiées. De même, la place de l’agriculture dans ce paysage est considérable. Une vue d’ensemble permet de constater que les entreprises privées marocaines sont plus actives que leurs homologues des pays voisins et que les stratégies nationales et régionales de développement sont généralement efficaces. En revanche, l’investissement et la valeur ajoutée se concentrent sur un petit nombre d’entreprises. De plus, les PME ont été touchées de manière disproportionnée par les conséquences de la crise de Covid-19, par rapport aux moyennes et aux grandes entreprises. Globalement, les politiques de développement ont principalement visé à attirer les IDE, par la mise en place d’«écosystèmes industriels» et les entreprises locales et étrangères ont bénéficié d’avantages importants.

Ce rapport explique par ailleurs que certaines problématiques restent à surmonter comme la création d’emploi, la fiscalité, les pratiques du secteur informel ou encore l’obtention de prêts. Paradoxalement, le Maroc dispose d’un des systèmes financiers les plus développés en Afrique. Les banques marocaines sont présentes dans plus de 35 pays sur le continent. A en croire les experts des trois institutions, beaucoup d’entreprises ont des difficultés d’accès au financement, pour le fonds de roulement et l’investissement. Les crédits bancaires sont ainsi souvent concentrés sur les mêmes grandes entreprises et il y a des exigences strictes en matière de garanties. En dépit des progrès rapides accomplis, l’inclusion financière demeure «modeste» surtout pour les femmes, les jeunes et les zones rurales ainsi que la présence d’une importante économie informelle et les paiements en espèce (90% au Maroc contre 40% à l’échelle mondiale, selon les données 2019 du FMI). Par ailleurs, le monde rural est moins bien loti que les zones urbaines. Il faut donc l’intégrer à la lumière du nouveau modèle de développement.

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Renforcer la résilience

Les experts des trois institutions recommandent de poursuivre l’inclusion financière, d’impulser une nouvelle dynamique de développement des zones rurales et d’approfondir l’ancrage du Maroc dans les chaînes de valeur mondiales (CVM). Ce rapport appelle à accélérer la mise en œuvre de la Stratégie nationale d’inclusion financière en renforçant en particulier le rôle clé des établissements financiers non bancaires comme les institutions de microfinance et les sociétés de crédit-bail. Il évoque la nécessité d’améliorer l’intégration économique et l’ouverture commerciale des zones rurales.

Ces efforts doivent se réaliser parallèlement au développement des chaînes de valeur locales et au soutien renouvelé dont devrait bénéficier le secteur privé en milieu rural. Plus encore, il est essentiel que l’économie marocaine diversifie ses produits pour approvisionner de nouveaux marchés à l’export. «Les entreprises contributrices aux CVM bénéficieraient ainsi de meilleurs débouchés à l’international et d’un plus large accès à de nouvelles technologies étrangères et aux meilleures pratiques de gestion», indique la même source. Aidée par la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), une intégration commerciale plus approfondie en Afrique subsaharienne devrait aussi profiter aux investissements privés au Maroc.

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