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Alia Amimi : «En 2020, le nombre de nouvelles infections VIH a diminué au Maroc»

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Entretien avec Alia Amimi, coordinatrice du programme de partenariat du Fonds mondial

ALM : La plateforme régionale IPTC Mena s’est jointe dernièrement à la torche caravane, organisée à Dakhla, pour commémorer le travail accompli par le Fonds mondial au Maroc et dans d’autres régions. Que signifie pour vous cette initiative ?

Alia Amimi : Cette initiative nous a permis de rendre hommage avant tout au travail effectué tout au long des 20 dernières années par la société civile pour la lutte contre le VIH. En effet, le Fonds mondial est une des plus importantes instances de financement de la riposte contre le VIH, mais il repose essentiellement sur un partenariat innovant et unique en son genre entre le ministère de la santé, les organisations de la société civile et les communautaires.
Grâce à cette synergie entre ces différents acteurs, le Royaume du Maroc est devenu aujourd’hui un modèle dans la région MENA dans la riposte contre le VIH que ce soit en termes de dépistage, prévention ou accès au traitement. Nous devons donc aujourd’hui célébrer toutes ces personnes œuvrant pour la survie des PVVIH (personnes vivant avec le VIH) tout en gardant à l’esprit les nombreux défis qu’ils ont toujours à surmonter pour atteindre les objectifs de l’Onusida d’ici à 2030.

La lutte contre l’infection VIH , tuberculose et le paludisme constitue l’une des priorités du programme du Fonds mondial. Quels sont, selon vous, les gains réalisés dans ce cadre notamment au Maroc ?

Aujourd’hui, le Maroc a réalisé de nombreux progrès dans la lutte contre le VIH puisqu’il est utile de rappeler que le Royaume a été le premier pays de la région MENA et le 7ème au monde à recevoir une subvention du Fonds mondial en 2003.
Ce partenariat a permis d’injecter plus de 120 millions US$ pour la lutte contre le VIH et la tuberculose et de contribuer à la réduction de plus de 35% des infections par le VIH. Selon les statistiques du ministère de la santé, 27.000 vies ont été sauvées grâce aux antirétroviraux et évitant plus de 50.000 nouvelles infections par le VIH.
Ce partenariat a également permis au Royaume du Maroc d’atteindre le deuxième et troisième objectif 90-90-90 (liés à la couverture par les antirétroviraux et la négation de la charge virale) depuis 2019.
Pouvez-vous nous dresser l’état des lieux de l’épidémie du VIH au Maroc ?

En 2020, le nombre de nouvelles infections VIH a diminué. Il y a une faible prévalence à l’échelle nationale avec 22.000 PVVIH (personnes vivant avec le VIH), représentant 0,008% de la population générale. Aussi, concernant les décès, le Maroc enregistre en 2020 à peu près 400 décès dus au sida, soit 33 personnes par mois et enfin 17.938 est le nombre de cumuls des cas notifiés à fin décembre 2020.

Quel rôle joue l’engagement des communautaires dans le plaidoyer ?

Les communautés jouent un rôle central dans le renforcement des ripostes au VIH, à la tuberculose et au paludisme. Ils peuvent recenser les besoins et les préoccupations des individus et y répondre rapidement, atteindre les personnes et les mobiliser, y compris les plus vulnérables et les personnes touchées par le VIH, la tuberculose et le paludisme. Ils peuvent également gérer, fournir de manière efficace des services de traitement, de prise en charge et de soutien.
Aussi, les communautés jouent un rôle important dans le plaidoyer, une fonction souvent mal comprise par les gouvernements et les décideurs comme étant conflictuelle. Ils peuvent donc plaider en faveur d’un environnement et d’une programmation propices à une levée des obstacles à l’accès aux services qui soient liés aux droits humains et aux questions de genre.

Quel sont les mécanismes pour l’inclusion des communautés dans les programmes et comment le Fonds mondial s’assure que ces communautés sont bien impliquées ?

L’un des mécanismes pour l’inclusion des communautés dans les programmes et procédures de financement du Fonds mondial est la création de l’initiative CRG (Initiative Stratégique Communautés, Droits et Genre) qui est un département du Fonds mondial. Elle se réfère aux interventions visant à s’assurer que les réponses et les programmes nationaux sur le VIH, la tuberculose et le paludisme sont axés sur les communautés, les droits de la personne et le genre.
La promotion de la CRG est basée sur des preuves selon lesquelles, pour que les interventions contre le VIH, la tuberculose ou le paludisme soient efficaces, les communautés, les droits humains et le genre doivent être au cœur de la réponse à ces maladies. Dans le cadre du CRG, six plateformes régionales de communications et de coordination sont mises en place afin d’accompagner les communautaires pour mieux comprendre les procédures du Fonds mondial et être impliqués à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des programmes du Fonds mondial à l’échelle nationale et régionale

Quels sont les objectifs et les missions de la plate-forme ITPC Mena ?

La plateforme régionale MENA est une des 6 plateformes régionales de communication et de coordination dirigées par la société civile. Elle est hébergée par ITPC MENA depuis 2015 et appuyée par le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. La plateforme MENA relative au Fonds mondial, étant un espace de dialogue et de concertation collective pour les communautés sur les droits humains et le genre, favorise la participation effective de la société civile et des communautés à l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des programmes du Fonds mondial à l’échelle nationale et régionale. Ce dispositif informe sur l’offre en matière d’assistance technique et échange avec les fournisseurs d’assistance technique afin de coordonner et d’harmoniser les appuis.
La plateforme vise à améliorer les connaissances et la participation des acteurs de la société civile et des groupes communautaires aux processus de subvention du Fonds mondial. Elle a pour but d’améliorer l’impact du Fonds mondial et les réponses aux trois pandémies grâce à un engagement renforcé de la société civile et des communautés touchées par le VIH/sida, la tuberculose et le paludisme. De plus, elle vise à élargir l’accès à l’assistance technique pour la société civile et les groupes communautaires grâce à une meilleure coordination entre l’ITPC-MENA, l’initiative stratégique communauté, droits et genre (CRG) et d’autres partenaires d’assistance technique aux niveaux national, régional et mondial.

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