EconomieUne

Crise Covid, guerre russo-ukrainienne… Le Comité F15 à la quête de solutions financières pour le continent

© D.R

«Les contraintes de financement qui pèsent aujourd’hui sur le budget de l’Union devraient nous inciter non seulement à rechercher des sources de financement additionnelles, mais surtout à optimiser l’utilisation des ressources disponibles».

La retraite du Comité F15 (quinze ministres des finances de l’Union africaine), qui se tient pour la première fois au Maroc, arrive, tel que le précise, lundi à Rabat, la ministre de l’économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, «à point nommé». Cette rencontre, qui se poursuit, jusqu’à mardi, se tient, tel qu’elle l’avance, «dans un contexte particulièrement difficile pour notre continent, et à l’heure où le monde entier subit de plein fouet les conséquences d’une crise sanitaire sans précédent, doublée d’une crise géopolitique de grande ampleur».

Une première récession en Afrique

Dans cette rencontre, organisée sous le thème «Au-delà de la pandémie de Covid-19 et du conflit ukrainien : Renforcer la résilience des économies africaines et la viabilité financière de l’Union africaine», Mme Alaoui, qui met en avant le fort engagement royal en faveur du continent, ne manque pas de remonter le temps. «En effet, depuis 2020 et l’éclatement de la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19 qui a plongé notre continent dans une récession pour la première fois depuis des décennies, les économies africaines font face à une crise quasi existentielle, qui remet en question la soutenabilité de nos modèles de croissance, la viabilité de nos finances publiques et l’efficacité de nos systèmes de protection sociale», estime-t-elle. Pire encore, la crise ukrainienne est, tel qu’elle le martèle, «venue exacerber ces défis, en aggravant les risques sur la sécurité alimentaire et énergétique du continent, réduisant davantage les marges de manœuvre budgétaires et extérieures de nos pays». «En raison de cette conjonction de circonstances aggravantes, l’économie mondiale, et les économies africaines en particulier, se trouvent, aujourd’hui, face à une spirale inflationniste dont l’issue est difficilement perceptible à court terme», enchaîne-t-elle en lançant un appel.

Pour éviter un recul

Dans ce sens, elle invite à l’action. «Pour notre continent, le coût de cette situation pourrait, si nous n’agissons pas rapidement et collectivement, provoquer un recul considérable des progrès accomplis à l’échelle continentale en matière de réduction de la pauvreté et des inégalités et rendre nos économies encore plus vulnérables aux chocs extérieurs dans un environnement mondial instable», s’exprime-t-elle. Pour la ministre, la crise actuelle, de par son ampleur inégalée et sa durée imprévisible, pourrait, au-delà de son impact direct sur les économies africaines, «remettre en cause la viabilité financière de notre grande famille institutionnelle qu’est l’Union africaine, soit en incitant les partenaires internationaux à réduire les financements accordés à l’Union, soit en réduisant les capacités contributives des Etats membres, confrontés à une pression accrue sur les finances publiques». «Dans ce contexte, repenser le modèle de financement de notre Union s’impose avec acuité si nous voulons garder le cap de l’objectif que nous nous sommes fixé depuis 2015 à Johannesburg, pour un financement durable, prévisible, équitable et responsable de l’Union africaine», ajoute-t-elle. A son sens, le Comité F15 est l’organe le mieux placé pour mener cette réflexion stratégique.

«Au cœur de cette vision, la performance budgétaire de l’Union africaine devrait être érigée comme une priorité de premier ordre, en vue d’opérer cette transition, tant espérée, d’une logique des moyens vers une logique des résultats. En effet, les contraintes de financement qui pèsent aujourd’hui sur le budget de l’Union devraient nous inciter non seulement à rechercher des sources de financement additionnelles, mais surtout à optimiser l’utilisation des ressources disponibles. A cet égard, je souhaiterais saisir cette occasion pour vous soumettre, Honorables membres du Comité F15 et Hauts dirigeants de la Commission de l’Union africaine, l’idée de la mise en place d’un groupe de travail rattaché à ce Comité, qui servirait de plateforme de réflexion et de proposition sur les moyens de renforcer la performance du budget de l’Union africaine et d’améliorer l’efficacité de ses dépenses.

Je suis intimement convaincue qu’un tel mécanisme de concertation, qui pourrait prendre la forme d’un sous-comité restreint, permettra, grâce à son agilité fonctionnelle et son mandat focalisé sur la performance budgétaire, de faire émerger des recommandations concrètes pour accompagner la Commission de l’Union africaine dans la mise en place d’une véritable démarche de performance», clarifie-t-elle. Le tout en adressant une invitation aux ministres et participants pour prendre part à la réunion des ministres des finances du Caucus africain, prévue à Marrakech du 4 au 6 juillet 2022, et qui mettra l’accent sur les défis majeurs auxquels sont confrontés les pays africains, notamment le surendettement, l’insécurité alimentaire, les fragilités et l’adaptation aux changements climatiques.

Le credo de l’Union africaine

De son côté, la vice-présidente de la Commission de l’Union africaine, Monique Nsanzabaganwa, indique : «C’est la retraite annuelle du comité des ministres des finances de l’Union africaine. Nous sommes là pour parler de questions de financement de l’agenda de l’Union, notamment l’intégration, le développement, la durabilité et comment les accomplir face aux challenges de Covid-19 et la guerre russo-ukrainienne. Nous cherchons à partager plus à la fin de cet événement demain». L’objectif ultime étant, pour le le ministre kenyan des finances, Uhur Yatani, de «devenir autonomes».

Articles similaires

CultureMusiqueUne

Festival des musiques sacrées du monde de Fès: Le virtuose Sami Yusuf promet une performance musicale unique

La 27ème édition du Festival des musiques sacrées du monde de Fès...

EconomieUne

Une nouvelle autoroute de contournement pour la capitale

Reliant la future continentale Rabat-Casa et les axes Rabat-Fès et Kenitra-Tanger