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L’huile d’argan, un produit marocain à fort potentiel sur le marché japonais

© D.R

Entretien avec Daitaro Kitajima, président de l’association japonaise de l’huile d’argan

Le «made in Morocco» poursuit sa quête à travers le monde à la recherche de nouveaux débouchés, des relais de croissance mais aussi de notoriété et de visibilité sur de nouveaux marchés même les plus lointains. Il y a quelques jours, une délégation officielle, conduite par Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, s’était rendue à Tokyo pour faire connaître la nouvelle signature «Morocco Now» et ses promesses. Au Japon, un marché lointain, le «made in Morocco» n’est pas pour autant inconnu. Depuis longtemps, le consommateur japonais connaît et même apprécie certains produits typiquement marocains. Le plus en vue n’est autre que l’huile d’argan. Preuve en est, les festivités organisées au mois de mai dernier à Tokyo à l’occasion de la journée mondiale de l’arganier. Étonnamment, cet hommage à un patrimoine marocain était l’initiative d’entreprises et d’opérateurs économiques japonais. Car au Japon, une autre singularité, il existe une association de l’huile d’argan (Japan Argan Oil Association) regroupant des importateurs, des commerçants, des restaurateurs et d’autres types d’opérateurs fortement impliqués dans la promotion de ce produit de terroir marocain auprès du consommateur japonais. Aujourd’hui Le Maroc a pu rencontrer le président de cette association, Daitaro Kitajima, qui explique quand et comment l’huile d’argan a été introduite sur le marché japonais, son positionnement et sa notoriété auprès des consommateurs ainsi que les potentiels de développement qui restent à exploiter. L’entretien.

ALM : Récemment la journée mondiale de l’arganier a été célébrée au Japon où il existe une association d’huile d’argan. Comment peut-on expliquer l’existence d’une association au Japon pour un produit de terroir typiquement marocain ?

Daitaro Kitajima : L’histoire remonte à 1995. Notre compagnie, Japan Green Tea Co.Ltd, qui était déjà à l’époque leader pour les thés de différentes variétés, participait à une exposition de produits alimentaires qui s’appelle Foodex, la plus grande exposition de ce genre au Japon. Nous avions eu l’honneur de recevoir la visite de Monsieur l’Ambassadeur du Maroc au Japon et c’est là le début de notre belle aventure pour promouvoir l’huile d’argan. A l’époque nous étions surtout connus comme importateurs de tisanes que les consommateurs japonais ne connaissaient pas vraiment encore. Nous étions des pionniers en quelque sorte. Pour l’huile d’argan, nous avons été aussi les premiers à faire découvrir ce produit aux Japonais. Il fallait expliquer et faire connaître ce produit au consommateur japonais.

Et comment l’idée de créer l’association est-elle venue ?

A l’époque, nous avions déjà un réseau de magasins haut de gamme et d’épiceries fines à qui nous avons commencé à vendre de l’huile d’argan à usage alimentaire importée du Maroc, mais c’est en 2009 que nous avons décidé de créer l’association japonaise de l’huile d’argan avec comme président d’honneur Monsieur l’Ambassadeur du Maroc à Tokyo. L’association ne comptait pas uniquement des entreprises spécialisées dans les produits alimentaires mais il y avait aussi les produits cosmétiques, des magasins d’import de produits marocains et des opérateurs de divers horizons. Notre credo est qu’une entreprise ne peut pas à elle seule aller à la conquête d’un marché et que nous devions unir nos efforts pour le développer.
Notre association compte aujourd’hui une quarantaine de membres dont 10 entreprises et une trentaine de membres individuels.

13 ans plus tard, quel est le positionnement de l’huile d’argan auprès du consommateur japonais ?

Elle est appréciée pour ses vertus alimentaires et cosmétiques. Elle est utilisée dans les domaines de l’esthétique et des produits de beauté. Le marché japonais de l’huile d’argan s’est beaucoup développé. Mais il reste encore un potentiel important à explorer. Notre association organise des événements qui sont des occasions pour ses membres de communiquer sur le produit, chacun à sa façon. Le marché de l’huile d’argan à usage cosmétique, que nous importons depuis 2009, commence lui aussi à se développer. Pour celle à usage alimentaire, il y a certainement encore beaucoup à faire. Aujourd’hui il n’y a que très peu d’entreprises qui en importent. Au Japon, par exemple, il n’y a pas encore beaucoup de restaurants marocains contrairement à des cuisines d’autres nationalités. Une autre variante existe aussi sur le marché et mérite d’être promue, à savoir l’huile d’argan torréfiée dont la saveur et l’odeur sont plus prononcées et qui peut être utilisée dans les sauces et les salades. La cuisine japonaise utilise beaucoup de sauce de soja et de sel, et nous pensons qu’un bon usage de l’huile d’argan peut y remédier. Dans les préparations de sashimis, de grillades, de viandes et d’œufs l’huile d’argan peut remplacer en même temps les graisses et le sel en donnant en plus une meilleure saveur aux plats. D’ailleurs, l’association compte parmi ses membres un grand chef cuisinier japonais avec qui nous organisons des manifestations et des concours pour promouvoir la cuisine à base d’huile d’argan.

Est-ce qu’il y a d’autres initiatives ou opérations pour promouvoir l’huile d’argan au Japon ?

L’association a déjà organisé des séances de présentation des produits de l’esthétique et de beauté ainsi que des séances de cuisine et de dégustation des plats à base de l’huile d’argan. Nous n’avons pas pu les programmer ces deux dernières années en raison de la pandémie, mais nous espérons pouvoir reprendre ces activités cette année. Nous collaborons de plus en plus avec d’autres organisations, surtout avec les fabricants de produits alimentaires qui pourraient être préparés avec de l’huile d’argan. Nous avons aussi participé à un grand événement nommé «La Soirée du Maroc», où nous avons exposé nos produits avec des démonstrations culinaires. Nous pensons également intéresser les jeunes consommateurs japonais à l’huile d’argan. Les 20 à 30 ans sont habitués aux réseaux sociaux et aux smartphones. Nous pensons à communiquer avec eux à travers ces canaux.

Avez-vous déjà organisé des voyages de découverte au Maroc au profit d’opérateurs japonais ?
Nous n’avons encore jamais organisé de voyages d’opérateurs au Maroc mais nous pensons qu’après la crise Covid, cela pourrait été une excellente initiative à étudier. Je crois savoir par ailleurs qu’il y a de plus en plus de Japonais qui s’intéressent au Maroc et l’huile d’argan pourrait contribuer à une activité touristique culinaire, naturelle…

Est-ce que vous importez l’huile d’argan d’autres pays que le Maroc ?
Non. Nous l’importons exclusivement du Maroc et nous l’acheminons directement par voie aérienne. Nous importons aussi des volumes importants d’huile d’olive du Maroc.

Quelles perspectives d’avenir pour l’huile d’argan ?

C’est une huile qui a de grandes vertus nutritionnelles et cosmétiques et nous sommes optimistes sur ses perspectives d’avenir. D’autant plus que les Japonais sont de plus en plus attentifs à leur santé et à l’état de leur peau. Par ailleurs, les jeunes Japonais, qui sont de moins en moins attirés par les produits de luxe et les marques célèbres, préfèrent bien s’informer sur les produits et leurs vertus avant de faire leurs achats. Nous pourrons aussi faire valoir que l’huile d’argan sert à protéger l’environnement et réaliser les ODD.

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