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Rapport annuel de BAM : Les actions prioritaires listées par Abdellatif Jouahri

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Réformes, financement, fiscalité, gouvernance, climat…

Le rapport annuel de Bank Al-Maghrib a été présenté au Souverain, samedi 30 juillet à Rabat. En exposant les grandes lignes de ce rapport, Abdellatif Jouahri a mis l’accent sur les actions prioritaires à engager pour faire face aux tensions et incertitudes auxquelles est confrontée l’économie nationale. Le wali de Bank Al-Maghrib exhorte dans ce sens les autorités publiques de continuer à assurer un rôle économique et social central ainsi que de donner la visibilité nécessaire pour redynamiser l’investissement et l’initiative privée. L’ambition étant de renforcer l’adhésion à l’action publique dans un contexte économique perturbé. Pour M. Jouahri, cet objectif requiert une transparence dans le processus de décision, une communication claire sur les fondements des choix opérés et des évaluations régulières et objectives de leur mise en œuvre.

«Aujourd’hui, pour de nombreux chantiers en cours, ces prérequis ne paraissent pas suffisamment pris en compte, alors que leur réalisation a besoin d’être accélérée», indique le wali de la Banque centrale citant en exemple la réforme de l’éducation. Selon M. Jouahri, cette réforme se poursuit aujourd’hui «sous forme d’actions qui, nonobstant leur pertinence, ne paraissent pas toujours facilement identifiables et son suivi ne se fait pas clairement à l’aune des objectifs et des délais qui y sont fixés».

S’agissant du chantier de la généralisation de la protection sociale, Abdellatif Jouahri a fait part d’une certaine incertitude quant à la nature et à la qualité des services qui seront effectivement accessibles. «A trois ans de l’échéance de l’élargissement de la couverture à l’ensemble de la population, cette dernière demeure partielle et incomplète depuis l’ajustement paramétrique opéré en 2016 pour la CMR alors que les équilibres financiers de certains régimes connaissent une détérioration rapide et inquiétante», peut-on relever de M. Jouahri. Et de préciser que «face à cette insuffisance des ressources, le Trésor recourt depuis 2019 à de nouveaux modes de financement dits innovants dont les implications et les conséquences restent encore à déterminer». A cet égard, Abdellatif jouahri souligne que contrairement aux privatisations «qui ont un fondement légal et une rationalité économique, les opérations de cession des biens de l’État au profit d’établissements publics ne répondent pas encore de façon claire à ces exigences». Et d’ajouter : «Nous pensons ainsi qu’une évaluation rigoureuse de ce mode de financement est impérative pour décider de l’opportunité de le poursuivre».

Le wali de Bank Al-Maghrib note également dans sa présentation des avancées «lentes et difficiles» de l’élargissement de l’assiette fiscale, une orientation visant à renforcer les ressources budgétaires de l’État et la soutenabilité des finances publiques. Le manque à gagner pour l’État ressort à près de 2,5% du PIB annuellement. «Leur maintien devrait être conditionné par une analyse coût/bénéfice économique et social, un exercice devenu aujourd’hui obligatoire avec l’entrée en vigueur de la loi-cadre sur la fiscalité», explique-t-il. Et d’ajouter que «la mise en œuvre effective de cette loi permettrait, par ailleurs, d’atténuer le problème de concentration de la pression fiscale sur un nombre réduit d’entreprises et de catégories de contribuables». S’agissant de la réforme du secteur public, M. Jouahri appelle à une accélération de sa mise en œuvre, notamment la refonte du secteur des entreprises et établissements publics. «L’aboutissement de cette réforme, parallèlement à l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement et l’adoption du projet de la nouvelle charte d’investissement, permettent d’espérer un nouveau souffle pour le tissu productif marocain», affirme M. Jouahri.

Abdellatif Jouahri a également mis l’accent sur le retard observé dans la lutte contre la corruption. Selon le responsable, la contre-performance du Maroc dans les classements internationaux «laisse même indiquer une certaine régression ces dernières années, ce qui appelle à une remise en question des approches adoptées jusqu’à présent et surtout à une action plus forte et plus déterminée». Pour Abdellatif Jouahri, la qualité de la gouvernance s’expliquerait par ailleurs par «la situation paradoxale dans laquelle se retrouve le Maroc depuis plusieurs années, un pays consentant un effort considérable en matière de réformes mais avec des performances économiques et sociales bien en deçà des attentes». Et de poursuivre qu’«elle contribuerait également à la faiblesse du rendement de l’investissement qui caractérise l’économie nationale». Une situation qui impacte directement le marché du travail. «Le contenu en emploi de la croissance a sensiblement diminué ces dernières années et l’amélioration de la qualification et de la qualité reste lente. En effet, plus de 10% des actifs occupés sont des occasionnels ou saisonniers et plus de la moitié n’ont aucun diplôme», fait savoir Abdellatif Jouahri. Et de proposer : «Au regard de ces constats, un changement de paradigme en matière d’intervention de l’État s’impose. Les solutions qui visent à créer ou à préserver des emplois sans véritable valeur ajoutée dans le seul but d’assurer une source de subsistance à leurs bénéficiaires ne font que perpétuer la précarité de l’emploi qui constitue, au même titre que le chômage, une forme d’exclusion sociale».

M. Jouahri préconise dans ce sens de réorienter les efforts vers l’accompagnement des actifs pour favoriser leur réallocation vers des activités productives. Parmi les recommandations faites par Abdellatif Jouahri, on note la mise en place d’une politique de sécurisation de son approvisionnement en produits essentiels. A cela s’ajoute l’adoption d’une approche «holistique et surtout ferme» pour renforcer la prise en compte des exigences climatiques comme une constante fondamentale de toute action publique ou privée. Une orientation qui contribuerait par ailleurs à préserver la compétitivité de l’économie nationale face à la multiplication des restrictions liées au climat au niveau des échanges commerciaux, à l’instar du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières que l’Union européenne mettra en place dès le début de l’année prochaine. Face aux défis qui se présentent, le wali de Bank Al-Maghrib plaide pour une mobilisation de toutes les parties prenantes et forces vives du pays. Une synergie qui contribuerait à mettre l’économie nationale sur un sentier de croissance forte, inclusive et durable et concrétiserait l’émergence économique et sociale.

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