Culture

«Nous formons les entreprises à mieux comprendre le marché de la musique au Maroc»

© D.R

Questions à Louise Lantagne, présidente et cheffe de la direction de la Société de développement des entreprises culturelles (Sodec) du Québec

[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]En prélude à la participation d’une éminente délégation québécoise au festival Visa For Music, prévu du 16 au 19 novembre à Rabat, Louise Lantagne s’exprime sur les tenants et les aboutissants de cette forte présence. L’occasion de l’interroger sur l’évolution du secteur de la musique en Afrique et l’apport de la société qu’elle chapeaute aux entreprises culturelles. [/box]

ALM : Une délégation québécoise prendra part pour la première fois à Visa For Music. Comment la Sodec envisage-t-elle de marquer cette participation sans précédent ? 
Louise Lantagne : En plus de soutenir le déplacement d’une quinzaine d’entreprises québécoises, constituant une délégation de près de 30 personnes, pour découvrir Visa For Music, la Sodec a mis en place deux grands événements dans le but de créer un tremplin pour amplifier la dynamique créative et collaborative qui existe déjà entre le Québec et le Maroc, notamment grâce à des événements tels que Visa For Music qui programment des artistes du Québec depuis leur début.
À cet effet, la Sodec mène une première activité de rencontres pour près de cinquante professionnels du Québec et du Maroc, jumelant différents profils avec des intérêts complémentaires, dans l’objectif de favoriser des échanges approfondis
Elle organise en outre une soirée de réseautage qui permettra de regrouper et d’accueillir un plus grand nombre de professionnels marocains et venant d’autres pays.
Nous avons la volonté de faire rayonner de manière un peu plus large nos valeurs fondamentales de coopération par rapport au développement de projets maroco-québécois et nous avons collaboré avec le Bureau du Québec à Rabat pour mener une campagne de RP sur le pays entier.

VFM est aussi l’occasion pour des professionnels canadiens et marocains de se rencontrer, voire de nouer éventuellement des partenariats. Qu’en est-il de la pérennité de ce partenariat après l’événement ?
La Sodec s’investit dans une approche de réciprocité. L’un des buts premiers de cette présence est de mettre en valeur les types d’aides qui existent pour accueillir les artistes et professionnels en musique au Québec dans une optique de codéveloppement.
Les membres de notre délégation ne sont pas seulement des gérants d’artistes et des travailleurs indépendants, mais aussi des labels et des diffuseurs de salles de spectacles et de festivals qui souhaitent connaître et faire rayonner les artistes du Maroc au Québec pour ravir le public québécois et la grande diaspora marocaine du pays qui habite principalement la grande région de Montréal.
Cette pérennité est assurée en partie par la présence permanente de Bureaux du Québec à Rabat, mais aussi à Dakar et Abidjan. Cette présence démontre la volonté claire du gouvernement du Québec de se rapprocher de la francophonie subsaharienne.
Par ailleurs, il est à noter que nous formons les entreprises à mieux comprendre le marché de la musique au Maroc depuis longtemps. Nous avons investi dans des webinaires avec des professionnels du Maroc, des guides de marchés et le Bureau du Québec a, quant à lui, publié une étude sur les ICC du Maroc que nous avons promue ici au Québec.
Ce sont certaines actions concrètes qui ont été posées pour encourager nos entreprises à «entretenir la flamme» et développer des contacts d’affaires, mais de manière plus importante, des relations d’amitié, de confiance et d’affinité avec les professionnels du Maroc, puisque ce sont ces relations qui perdurent.

En Afrique, il y a une progression de 8,4 % du revenu de la musique enregistrée. Pourriez-vous nous faire un commentaire sur ce chiffre ?
Il y a un consensus mondial autour du fait que, de manière générale, le continent africain est la région qui enregistrera le plus grand taux de croissance au monde sur les cinq prochaines années. Alors que nous entrons dans une récession internationale qui crée des difficultés indéniables dans l’industrie de la musique occidentale, la firme de recherche Dataxis prévoit que les revenus en musique pour le continent tripleront d’ici 2026, atteignant plus de 314 M$ USD (étant en grande partie menée par les pays de l’Afrique du Nord). C’est d’autant plus excitant que le IFPI (Ndlr : Fédération internationale de l’industrie phonographique) a annoncé cette année le lancement d’une équipe qui analysera désormais les données de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, ce qui nous donnera dorénavant plus de données chiffrées sur la région.
Cette croissance n’est pas seulement due à la forte pénétration de l’Internet sur le continent, mais surtout grâce à une grande jeunesse curieuse, avertie et branchée sur le monde, venant de sociétés diversifiées et riches en culture, qui leur donne une ouverture d’esprit exceptionnelle.

Votre société soutient le développement des entreprises culturelles au Québec, au Canada et à l’étranger. Comptez-vous faire pareil au Maroc avant la fin de votre mission en tant que présidente de la Sodec en 2023 ?
La Sodec est une société d’État relevant du ministère de la culture et des communications du Québec. À ce titre, ses fonds sont publics et son mandat est de soutenir les entreprises culturelles québécoises par des programmes qui appuient leurs activités de développement au Québec, au Canada et à l’international, et des activités pour soutenir leurs activités au Québec et à l’export.
En ce sens, cette mission a pour but de créer des synergies entre les entreprises du Québec et les professionnels du Maroc stimulant ainsi les collaborations et la volonté, autant du côté marocain que du côté québécois, de travailler ensemble. Notre modèle est donc de laisser la voix aux créateurs et aux professionnels en soutenant des projets qui feront rayonner le meilleur de nos cultures de part et d’autre au Maroc et au Québec.On est là pour mettre nos entreprises en lien avec celles du Maroc, mieux se connaître, stimuler les collaborations, volonté de travailler ensemble. Faire rayonner le meilleur de nos cultures de part et d’autre – au Maroc comme au Québec. On souhaite que les entreprises au Maroc et du Québec travaillent ensemble.

[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Nous avons la volonté de faire rayonner de manière un peu plus large nos valeurs fondamentales de coopération par rapport au développement de projets maroco-québécois et nous avons collaboré avec le Bureau du Québec à Rabat pour mener une campagne de RP sur le pays entier. [/box]

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