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Les inégalités des chances scolaires ont la peau dure au Maroc

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Le statut socio-économique des parents est un déterminant essentiel

Préscolarisation : Le Haut-Commissariat au Plan ( HCP) vient de publier le dernier numéro de sa revue «les Cahiers au Plan» dans laquelle figure une étude sur les inégalités des chances scolaires au Maroc. Le milieu de résidence, les inégalités scolaires des parents et les inégalités de revenu constituent les principaux facteurs.

 

Garantir un accès équitable et non discriminatoire à un enseignement de qualité, au bénéfice de tous les enfants en âge de scolarité constitue un enjeu majeur pour le gouvernement. Dans son dernier numéro des Cahiers au Plan qui vient d’être publié, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) s’est intéressé aux inégalités des chances scolaires au Maroc. L’analyse menée dans le cadre de cette étude s’est basée sur l’indice de l’équité des chances au Maroc durant la période allant de 2004 à 2014. Selon les données du Recensement général de la population et de l’habitat au Maroc (2014), un peu plus de la moitié des enfants (51,9 %) âgés de 4 à 6 ans n’avaient pas fréquenté un établissement d’enseignement préscolaire. Sur le plan spatial, la couverture territoriale de la préscolarisation reste très disparate. Elle est plus marquée en milieu urbain (69,9 %) qu’en milieu rural (20%). Il s’avère ainsi que les enfants issus du milieu urbain ont 3,5 fois plus de chances d’être préscolarisés que les enfants issus du milieu rural. De même, les enfants ayant une fratrie nombreuse sont plus exposés aux risques de privation de la préscolarisation. L’étude relève que les chances d’accès à la préscolarisation augmentent avec le niveau scolaire du chef de ménage.

Ainsi, lorsque le chef de ménage a un niveau d’étude supérieur, le taux de préscolarisation des enfants est près de 2,9 fois supérieur à celui des enfants dont le chef de ménage n’est jamais allé à l’école, et plus de 2 fois supérieur à celui des enfants dont le chef de ménage a atteint le niveau scolaire primaire. L’analyse par la catégorie socioprofessionnelle du chef de ménage montre que les parents ayant un haut niveau d’emploi sont plus attentifs à la préscolarisation : plus de 70 % de leurs enfants âgés de 4 à 6 ans sont préscolarisés. Inversement, plus des trois quarts des enfants des exploitants agricoles et des ouvriers et mainœuvres agricoles ne sont pas préscolarisés. Il faut aussi noter que plus le niveau de vie du ménage est meilleur, plus l’accès des enfants à la préscolarisation est élevé.

Le taux de préscolarisation des enfants relevant des 20% les plus aisés en termes de dépenses par ménage (79,9%) est 3,6 fois plus grand que celui des 20 % les moins aisés (22%). L’analyse des inégalités des chances dans l’enseignement préscolaire à travers l’indice de l’équité des chances montre que malgré la persistance des inégalités scolaires au Maroc, l’accès à l’enseignement préscolaire enregistre une nette amélioration en termes d’équité. En effet, l’IEC a presque triplé entre les deux périodes 2004 et 2014, passant de 12,1% en 2004 à 35,8 % en 2014.

Les enfants des cadres supérieurs ont 5 fois plus de chances d’accéder au secondaire que les ouvriers agricoles

Contrairement à l’enseignement préscolaire, l’élargissement des chances d’accès à l’enseignement primaire est faiblement affecté par le statut socioéconomique des parents. Ceci s’explique essentiellement par les efforts entamés ces dernières années. En termes d’accès à l’enseignement primaire, l’indice de l’équité des chances a connu une amélioration dans la mesure où il est passé de 76,9 à 92,5 % entre 2004 et 2014. Les écarts de revenu sont la principale source (67 %) de l’inégalité des chances en termes d’accès à l’enseignement primaire. L’accès à ce niveau d’enseignement s’avère le corollaire du statut socio-économique de l’élève. Un enfant dont les parents ont un niveau d’éducation élevé à 1,8 fois plus de chances d’accéder au collège et 3,5 fois plus de chances d’accéder au lycée que celui dont les parents n’ont aucun niveau scolaire. L’analyse par la catégorie socioprofessionnelle du chef du ménage révèle que les enfants des cadres supérieurs ont 5 fois plus de chances d’accéder au secondaire que les enfants d’exploitants et ouvriers agricoles

Secondaire collégial : De fortes disparités entre l’urbain et le rural

Au niveau du secondaire collégial, l’indice IEC a presque doublé, passant ainsi de 27,3 à 51,7 % sur la période. Plus des deux tiers (68,4 %) de cette amélioration sont dus à l’expansion du taux d’accès à l’enseignement collégial (effet d’investissement). Quant au reste (31,6%), il s’explique par la réduction des inégalités des chances (effet d’égalisation) due à la réduction de l’inégalité des chances (28 % en 2004 à 15,4 % en 2014). Les principaux facteurs explicatifs de l’inégalité de chances dans l’enseignement secondaire collégial sont les disparités entre l’urbain et le rural (36%), les inégalités scolaires des parents (35%) et les inégalités de revenu (21%). Ces trois facteurs expliquent la quasi-totalité des inégalités des chances scolaires (92%). Ce constat est quasiment le même au niveau du secondaire qualifiant, dans la mesure où l’indice IEC a connu une nette amélioration, passant de 11,4 % en 2004 à 25,5 % en 2014. Cela dit, l’équité des chances en termes d’accès aux cycles secondaires reste remarquablement faible. Ce résultat est dû principalement à la résistance à la baisse des inégalités des chances, qui restent encore élevées (27,5 % en 2014 contre 37,2 % en 2004).

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Les chances d’accéder à l’enseignement supérieur augmentent avec le niveau scolaire des parents
Niveau scolaire  La population des étudiants universitaires marocains est en nette amélioration. Cela dit, l’analyse par milieu de résidence montre la prépondérance de fortes disparités en faveur du milieu urbain. Les chances d’accéder à l’enseignement supérieur augmentent avec le niveau scolaire des parents. A titre d’exemple, les jeunes dont le père a un niveau d’études supérieures 5,4 fois plus de chances d’accéder à un enseignement supérieur que ceux dont le père n’a jamais été à l’école et 3,7 fois plus que ceux dont le père a juste le niveau du primaire. Les jeunes dont le père est cadre supérieur ou membre des professions libérales, responsable hiérarchique (ou technicien ou cadre moyen sont plus favorisés en termes d’accès à l’enseignement supérieur.

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